Pourquoi la BBC agit comme un média de propagande pour Israël : le point de vue d’un initié
Gilad Atzmon 15/07/2019 |
« Institutionnellement, la BBC est prosioniste et invertébrée », déclare un ancien rédacteur en chef de la BBC.
L’”enquête” de la chaîne Panorama de la BBC, sur l'”antisémitisme” du Parti travailliste, a été si ouvertement unilatérale que sa diffusion comme ” informations ” a exigé une explication. Afin de comprendre pourquoi le radiodiffuseur national britannique ne remplit pas sa mission fondamentale qui consiste à présenter les nouvelles de la manière la plus impartiale possible, j’ai interviewé un ancien rédacteur en chef de la BBC. Le rédacteur en chef, un vétéran de 35 ans à la BBC, révèle la culture qui a conduit la BBC à sa position actuelle de porte-parole sioniste.
En agissant comme lanceur d’alerte, l’ancien rédacteur en chef risque de graves conséquences. En Grande-Bretagne, des journalistes de premier plan ont été enfermés derrière les barreaux et menacés d’extradition pour avoir publié des informations dont la véracité n’a même pas été contestée.
Malheureusement, ce danger s’accentue dans le climat politique toxique qui règne actuellement en Grande-Bretagne, comme en témoignent les purges au sein d’un grand parti politique et la tolérance envers les abus de son système judiciaire pour dissuader et punir quiconque ose remettre en question le discours sioniste.
Q : Quand la BBC est-elle devenue ouvertement partiale ?
R : La BBC a toujours été biaisée en faveur d’Israël, et sa partialité a toujours été bien documentée. Les raisons de ce biais ont longtemps fait l’objet d’études universitaires sérieuses, dont les plus connues sont More Bad News from Israel de Greg Philo et Mike Berry. De fait, en 2006, un rapport indépendant commandé par l’organe directeur de la BBC a conclu que la couverture du conflit israélo-palestinien par la BBC « ne constitue pas toujours un compte-rendu complet et équitable du conflit mais, à des égards importants, présente plutôt un tableau incomplet et donc trompeur ».
Q : Qui et qu’est-ce qui a motivé cette orientation culturelle et politique au sein de l’entreprise ?
R : Cette culture biaisée de la BBC s’explique par un certain nombre de facteurs. Le plus important est le fait qu’un petit nombre de sionistes purs et durs occupent des postes clés aux niveaux supérieur et intermédiaire de l’entreprise, ainsi qu’au niveau des studios de production, c’est-à-dire les personnes qui choisissent ce qui doit être publié ou diffusé quotidiennement et qui dirigent les journalistes. Cela a fait l’objet d’une large publicité et est du domaine public depuis un certain temps.
Q : Qu’en est-il de l’impartialité politique, censée être une valeur fondamentale de la BBC ?
R : Malheureusement, il existe de nombreux exemples d’un tel battage publicitaire en faveur d’Israël, certains flagrants et d’autres qui tordent les infos en recourant à l’emphase et/ou à l’omission. Par exemple, il y a eu l’interview de Sarah Montague avec le ministre israélien de la Défense, Moshe Ya’alon, en mars 2015, la réflexion d’Anthony Reuben, responsable des statistiques, sur les morts à Gaza et l’utilisation de Gil Hoffman, réserviste de l’armée israélienne et principal correspondant politique du Jerusalem Post pour écrire pour le site ouèbe de la BBC, pour n’en citer que quelques-uns.
Q : Le radiodiffuseur a-t-il les moyens ou l’envie de corriger cela ?
R : À mon avis, les chances que la BBC se s’amende d’ elle-même sont à peu près nulles. En dehors de ce que j’ai dit plus haut, il s’agit d’une organisation lâche et invertébrée. Non seulement elle emprunte toujours la voie de la moindre résistance en choisissant de diffuser ce qui est le moins susceptible de déranger le lobby sioniste, mais elle a aussi une peur mortelle de ce que le Daily Mail pourrait dire de sa production. Très souvent, et je veux dire par là presque tous les jours, on entendait les cadres supérieurs demander, lors des réunions matinales de rédaction : « Que dirait de ça le Daily Mail ? » Invariablement, ils choisissaient ce qui était le moins susceptible d’être épinglé par le Daily Mail. N’oubliez pas qu’il s’agit d’un radiodiffuseur public financé par les contribuables (oui, la redevance est un impôt) et qu’il est censé “éduquer, informer et divertir”, et non faire de la propagande pour le compte d’Israël.
Q : Certains des soi-disant « lanceurs d’alerte » travaillistes ont été dénoncés par Al Jazeera comme des agents du lobby israélien. Est-il possible que la BBC ait eu l’audace d’interviewer ces personnages en espérant que personne ne s’en apercevrait ou s’agissait-il simplement d’une prise de décision maladroite ? La BBC peut-elle égaler le dévouement journalistique d’organisations telles que RT ou Al Jazeera ?
R : Il n’y a aucune chance que la BBC fasse quoi que ce soit qui se rapproche du programme d’Al Jazeera TV sur l’infiltration israélienne du Parti travailliste (http://tinyurl.com/yad6fslm). La BBC est institutionnellement prosioniste et invertébrée.
Q : Vous avez travaillé dans l’entreprise pendant 35 ans, avez-vous remarqué une détérioration de la qualité des personnes embauchées ? Y a-t-il eu un changement dans les attitudes des employés et leur volonté de s’exprimer librement et de façon critique ?
R : J’ai travaillé pendant 35 ans comme rédacteur en chef pour les médias anglophones de la BBC. Depuis le début des années 1990, on a observé une intolérance croissante à l’égard des critiques de décisions de gestion rédactionnelle, même dans les forums internes dont la propagande interne de la BBC prétend qu’ils sont destinés à permettre au personnel de parler librement. Cela s’applique à tous les secteurs. Mais en ce qui concerne Israël et le sionisme, toute remise en question de l’impartialité de la BBC susciterait des accusations d’antisémitisme et marquerait certainement la fin d’une carrière, quelle que soit la confidentialité et le caractère privé des critiques faites.