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Le Soudan ordonne la fermeture du bureau d’Al-Jazira, la contestation se poursuit

Le Monde avec AFP 31/05/2019
Des milliers de Soudanais ont à nouveau manifesté jeudi soir devant le siège de l’armée à Khartoum, pour réclamer une transition du pouvoir vers un gouvernement civil.

Le Soudan a ordonné la « fermeture » du bureau de la chaîne d’information qatarie Al-Jazira à Khartoum, a annoncé le groupe audiovisuel jeudi 30 mai, alors que des milliers de personnes ont protesté dans la capitale soudanaise contre l’absence d’avancée dans les négociations avec les militaires, qui refusent de céder le pouvoir aux civils. « Les services de sécurité soudanais ont informé le directeur du bureau d’Al-Jazira de la décision du Conseil militaire de transition de fermer (son) bureau à Khartoum », a déclaré la chaîne sur son site.
« La décision inclut également le retrait des permis de travail pour les correspondants et le personnel du réseau d’Al-Jazira à compter de maintenant », jeudi soir, a ajouté la chaîne qui diffuse régulièrement des images des manifestations contre l’armée qui secouent le Soudan. Selon Al-Jazira, aucune « décision écrite » n’a été remise au directeur du bureau. Dans un communiqué, Al-Jazira dénonce une « totale violation de la liberté de la presse » et assure « continuer la couverture au Soudan en dépit de l’ingérence politique des autorités soudanaises ».
Faire plier l’armée
Jeudi soir, des milliers de Soudanais ont à nouveau manifesté devant le siège de l’armée à Khartoum, à l’appel du mouvement de la contestation. Brandissant des drapeaux et chantant à l’unisson leur détermination à obtenir un gouvernement civil, les protestataires, surtout des jeunes, ont voulu maintenir la pression pour faire plier l’armée.
« Nous sommes ici pour affirmer notre revendication fondamentale d’un pouvoir civil pendant la période de transition afin de garantir une véritable transition démocratique », insiste Mohamed Hassan, un jeune manifestant, alors qu’un chef de la contestation harangue la foule. « Les objectifs de notre révolution seront atteints par notre pacifisme et non par la violence », lance sur scène, micro en main, Wajdi Saleh, membre de l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance du soulèvement populaire.
Depuis le 6 avril, des milliers de manifestants campent devant le siège de l’armée à Khartoum. Après avoir demandé le soutien des militaires contre le président Omar Al-Bachir, ils réclament désormais le départ des généraux qui ont pris le pouvoir après avoir évincé le chef de l’Etat le 11 avril.
Négociations dans l’impasse
Dans un communiqué publié jeudi tard dans la soirée, à la suite d’informations faisant état d’incidents en marge de ce sit-in, le Conseil militaire de transition a adressé un message de fermeté aux manifestants. « Face à des développements qui menacent la sécurité publique », les forces de l’ordre vont « agir selon la loi pour garantir la sécurité des citoyens et pour maîtriser les actes d’anarchie », met en garde le Conseil.
La manifestation de jeudi intervient au lendemain de deux journées de « grève générale », observée dans divers secteurs d’activité à travers le pays. L’ALC avait appelé mercredi soir à un grand rassemblement, nommé « la marche d’un million », pour faire pression sur l’armée. Les négociations entre le Conseil militaire de transition et l’ALC ont été suspendues le 21 mai faute d’accord. Les deux camps exigent de prendre la direction et d’obtenir la majorité des sièges au sein d’un futur Conseil souverain censé assurer la transition politique pour trois ans.
Le chef du Conseil militaire au pouvoir, Abdel Fattah Al-Burhane, s’est rendu jeudi en Arabie saoudite, où il doit assister à plusieurs sommets. « De nombreuses rencontres bilatérales avec des dirigeants de pays arabes et musulmans sont prévues », est-il indiqué dans un communiqué du Conseil.