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Donald Trump jette le trouble sur les relations avec le Mexique

Gilles Paris 31/05/2019
Confronté à des arrivées massives de clandestins qui transitent par ce pays, le président des Etats-Unis a décidé d’imposer des taxes punitives sur tous les produits importés.

Après avoir menacé le Mexique des mois durant, Donald Trump a tranché, jeudi 30 mai. Confronté depuis le début de l’année à de nouvelles arrivées massives de sans-papiers qui transitent par ce pays et que ses services sont incapables de juguler, le président des Etats-Unis a décidé d’imposer des taxes punitives sur tous les produits importés du Mexique.
L’objectif est de contraindre les autorités mexicaines à se montrer plus actives contre les migrants qui fuient les pays d’Amérique centrale pour demander l’asile aux Etats-Unis. Donald Trump a ajouté que le montant de ces taxes, fixé initialement à 5 % à partir du 10 juin, pourrait grimper jusqu’à 25 % d’ici octobre en cas de réponse insatisfaisante de Mexico.
Le président des Etats-Unis qui avait fait de la lutte contre l’immigration illégale le sujet principal de sa campagne présidentielle, en 2016, n’a cessé d’accumuler les déconvenues. Il s’est ainsi montré incapable d’obtenir le financement du « mur » qu’il souhaite ériger sur la frontière avec le Mexique. Le conflit sur ce point avec le Congrès est à l’origine du plus long gel partiel du gouvernement fédéral, de décembre 2018 à janvier 2019, qui n’a produit aucun résultat. Donald Trump a tenté de contourner ensuite le Congrès en déclarant un état d’urgence national contesté devant les tribunaux.
Après avoir supprimé l’aide américaine aux principaux pays de départ – Salvador, Guatemala, Honduras –, il a également limogé, en avril, une demi-douzaine des responsables de l’immigration, dont la secrétaire à la sécurité intérieure, Kirstjen Nielsen.
« Méconnaissance de l’administration »
Il y a quelques semaines, le président des Etats-Unis avait menacé de fermer la frontière avec le Mexique, un projet qui avait alarmé y compris dans son propre camp, compte tenu de l’étroite imbrication des économies américaine et mexicaine. La décision prise jeudi risque de pénaliser les deux pays en fragilisant l’économie mexicaine tout en pénalisant les consommateurs américains qui feront les frais du renchérissement des produits importés.
Elle constitue en outre une menace imprévue pour l’accord de libre-échange conclu en 2018 entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada. Ce texte, qui actualise un premier traité conclu en 1994, doit désormais être ratifié par les trois pays signataires.
La Maison Blanche a d’ailleurs lancé le même jour le processus lui permettant de le soumettre au Congrès, au vif déplaisir de la présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi. Cette dernière a regretté une forme de précipitation qui « dénote la méconnaissance de l’administration Trump de la manière de faire ratifier un traité commercial ».
La nouvelle pression imposée par Donald Trump a été accueillie avec inquiétude à Mexico. Jesus Seade le négociateur pour le commerce du président Andrés Manuel López Obrador, a averti que si la menace américaine venait à se concrétiser, son pays serait contraint de réagir « énergiquement ».
Citant des experts de l’immigration, le Washington Post a enfin estimé, jeudi, qu’un éventuel affaiblissement de l’économie du Mexique pourrait conduire à une reprise de l’immigration en provenance de ce pays vers les Etats-Unis alors que cette dernière est au plus bas depuis deux décennies.