La violence est depuis toujours constitutive de la « démocratie » d’Israël
french.palinfo 9/Mars/2019 |
Les soldats israéliens, coupables de violation des droits de l’homme internationaux et du droit humanitaire à Gaza, selon un rapport de la Commission des droits de l’homme des Nations Unies.
Des soldats israéliens cachés derrière des bunkers et utilisant des fusils de précision à longue portée ont intentionnellement assassiné 35 enfants, des personnels paramédicaux, des journalistes et des personnes handicapées lors de son assaut continu contre des manifestants civils palestiniens le long de la clôture de Gaza, selon un rapport publié cette semaine par les Nations unies. La Commission des droits de l’homme des Nations Unies (CDHNU) a déclaré que les soldats israéliens ont violé les droits de l’homme internationaux et le droit humanitaire en tuant 189 Palestiniens et en blessant plus de 6100 autres lors des manifestations hebdomadaires du vendredi depuis leur début, le 30 mars 2018. Selon des sources palestiniennes à Gaza, ce sont des chiffres sans doute en dessous des réalités.
Dans le rapport de 25 pages, les responsables de l’ONU ont déclaré que les meurtres « peuvent constituer des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité » et ont demandé instamment que les preuves soient officiellement soumises à la Cour pénale internationale (CPI) à des fins de poursuites.
Plutôt que d’aborder le contenu du rapport, les responsables israéliens, y compris le Premier ministre Benjamin Netanyahou, ont réagi comme ils le font d’habitude lorsqu’ils sont confrontés aux preuves accablantes du massacre de femmes, d’enfants et de civils innocents : ils ont accusé l’ONU d’ »antisémitisme », de partialité et d’hypocrisie. Ce n’est pas nouveau. Depuis le nettoyage ethnique et la destruction d’au moins 400 villes et villages palestiniens pendant la « guerre d’indépendance » entre 1946 et 1949, les Israéliens occultent et nient les allégations de massacre.
L’histoire d’Israël s’est construite sur le terrorisme et le meurtre pas seulement en raison de la race ou de l’ethnicité, mais en raison aussi de la religion, ce que nous pourrions appeler un » religicide « . Sa violence meurtrière s’est poursuivie tout au long de ses sept décennies d’existence. Le meurtre de chrétiens et de musulmans par des soldats israéliens a toujours été justifié par l’affirmation que les soldats juifs ne faisaient que « riposter » aux attaques des Arabes. De plus, les reportages sont censurés et les journalistes israéliens n’ont pas le droit de rendre compte de ces incidents.
Ironiquement, plutôt que d’être punis pour leurs crimes, les auteurs ont été idolâtrés par les Juifs israéliens. Des hommes et des femmes qualifiés de « terroristes » dans les années 1940 ont ensuite occupé la fonction de premier ministre et de haut fonctionnaire israélien.
Le 9 avril, 1948, des terroristes sionistes ont massacré des civils palestiniens dans le village de Deir Yassin à la périphérie de Jérusalem. Les premiers rapports du Comité international de la Croix Rouge ont estimé à 250 le total de personnes tuées mais Israël a empêché qu’une enquête officielle n’ait lieu une fois qu’il eut pris le contrôle de la région un mois plus tard. Le site du massacre a été ultérieurement effacé de la carte, et sans la moindre ironie, a été intégré au Mémorial de l’Holocauste qui y a été construit en 1953 et qui abrite des millions de documents sur le génocide des juifs européens par les Nazis. Hypocritement, Israël interdit les enquêtes sur l’assassinat des non-juifs, comme il essaie de le faire en réponse au rapport sur Gaza du CDHNU. Le massacre de Deir Yassin a été ordonné par le chef du groupe terroriste Irgoun, Menahem Begin, élu premier ministre d’Israël en 1977.
Le 12 juillet 1948, les forces israéliennes ont attaqué la ville arabe de Lydda, près de Tel Aviv, tuant des centaines de résidents. Les massacres étaient utilisés comme une menace et les soldats israéliens ont forcé plus de 35 000 des résidents chrétiens et musulmans à fuir. La ville a plus tard été rebaptisée Lod, nom hébreu d’une cité biblique. Le massacre et le nettoyage ethnique de Lydda furent orchestrés par Yitzhak Rabin, élu premier ministre pour la première fois en 1974.
En octobre 1953, les forces israéliennes, irritées par des escarmouches le long de la frontière jordanienne, ont lancé une « attaque de représailles » ciblant un petit village de Cisjordanie appelé Qibya. Soixante neuf civils non armés, dont deux-tiers de femmes et d’enfants furent massacrés. Les forces israéliennes ont détruit 45 habitations, une école et une mosquée.
Leur commandant était Ariel Sharon, qui devint premier ministre d’Israël en 2001 et a déclaré dans ses mémoires que la plupart des victimes furent tuées lorsque les maisons dans lesquelles elles se cachaient furent détruites. Sharon a ensuite cautionné le massacre de centaines de Palestiniens dans les camps de réfugiés de Sabra et Shatilla à Beyrouth en septembre 1982 par des milices d’extrême droite libanaises. L’ancien président états-unien George W Bush a ignoblement qualifié Sharon d’ « homme de paix ».
Le 29 octobre 1956, les forces israéliennes ont massacré 48 civils arabes, dont 23 enfants, dans le village arabe de Kafr Qassim, situé en Israël le long de la frontière avec la Jordanie. Les non-juifs d’Israël étaient désignés comme « populations hostiles » entre 1948 et 1966 et soumis au droit militaire. L’armée israélienne a émis l’ordre de tirer pour tuer tout Arabe trouvé dans la rue après le couvre-feu. Les travailleurs palestiniens du village n’avaient pas connaissance du couvre-feu et ont été abarttus en rentrant chez eux. Le commandant de l’armée a témoigné que cela faisait partie du plan de nettoyage ethnique des Palestiniens d’Israël, confession qui a très probablement empêché qu’il soit élu premier ministre.
Ces massacres majeurs ont contribué à créer un état d’esprit de violence chez de nombreux Israéliens, notamment lorsque servant dans l’armée et la police ; ils sont persuadés que les Arabes, aussi bien de l’intérieur d’Israël que de l’extérieur, n’accordent aucune valeur à la vie humaine. Il y a des dizaines d’incidents dans lesquels la police israélienne a non seulement attaqué et tué des Palestiniens vivant dans les territoires occupés, mais également des citoyens arabes d’Israël même.
Le 30 mars 1976, par exemple, la police israélienne a abattu six citoyens arabes d’Israël et en a blessé 100 autres qui manifestaient contre les efforts du gouvernement pour confisquer des terres appartenant à des Palestiniens. Depuis lors le massacre est commémoré chaque année par les Palestiniens comme « jour de la terre ». Le 30 mars l’an dernier, les Palestiniens de la Bande de Gaza ont commencé des manifestations hebdomadaires, appelées « Grande Marche du Retour » de leur côté de la frontière nominale. Ils continuent de revendiquer la fin du blocus opprimant de Gaza et l’exercice de leur droit légitime de retourner sur leur terre en Israël.
Le 28 septembre 2000, Ariel Sharon a pénétré dans le noble sanctuaire d’Al-Aqsa accompagné de centaines de policiers israéliens, et a déclaré que le site était israélien et a ainsi provoqué des protestations. Pendant la semaine qui a suivi, des agents de police ont tué 13 Palestiniens ; tous sauf un étaient citoyens israéliens.
En un peu plus de dix ans, Israël a lancé trois grandes offensives contre les civils à Gaza : 1400 Palestiniens ont été tués en 2008-09 ; 177 ont été tués en 2012 ; et en 2014 plus de 2200 hommes, femmes et enfants palestiniens ont été tués par les Israéliens.
Si de tels assassinats de civils palestiniens par des soldats israéliens ne sont pas un phénomène nouveau, une position ferme de la part de l’ONU contre les atrocités israéliennes, elle l’est. Les platitudes sont la norme, mais il semble que cette fois l’organisation internationale réclame justice.
Il faut que les Palestiniens rappellent au monde entier les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité d’Israël, et contrecarrent la forte partialité anti-palestinienne des médias israéliens et de leurs homologues occidentaux. Cette impartialité des médias permet à Israël d’écarter d’un revers de la main ses responsabilités en invoquant « autodéfense » et « riposte » contre les infractions des Palestiniens. Le discours israélien selon lequel la résistance légitime des Palestiniens à son occupation est du « terrorisme » a été avalé en bloc par les médias occidentaux.
Il n’existe pas de « délai de prescription » pour le meurtre de civils innocents par aucun gouvernement, il ne devrait donc y avoir d’obstacle à la poursuite en justice des coupables. Le rapport du CDHNU décrit en détails le comportement extrêmement scandaleux d’un gouvernement se livrant à des actes exclusivement punitifs et tuant des civils ce faisant. Les responsables israéliens n’ont jamais tué de Palestiniens à des fins de justice ou dans le cadre du droit international ; ils le font presque toujours purement par vengeance ou pour apaiser leur colère.
Ce n’est pas là le comportement d’un état démocratique respectueux de la loi. La violence, semble-t-il, est constitutive de la « démocratie » d’Israël, et l’a toujours été.
1 mars 2019 – MiddleEastMonitor – Traduction: Chronique de Palestine – MJB