Après une agression homophobe à Paris devant un théâtre, ce comédien publie une photo de son visage tuméfié
19/09/2018 |
“Je savais qu’un jour ça m’arriverait”. Arnaud Gagnoud a choisi de partager ce mercredi 19 septembre une photo de son visage tuméfié pour témoigner de la violence d’un moment qu’il redoutait depuis longtemps: se faire agresser parce qu’il est gay.
“Une agression homophobe violente en pleine rue. Je savais qu’un jour je devrais faire ce choix: prendre une photo et la publier ou ne pas la publier. Avec les conséquences que cela aura dans les deux cas. Je ne savais juste pas quand cela aurait lieu. C’est donc aujourd’hui”, écrit ce jeune comédien sur Instagram avant de raconter cette épreuve.
L’attaque a eu lieu mardi dans la soirée, dans le 20e arrondissement de la capitale. “Avec mon copain, nous sommes allés voir jouer une amie et collègue comédienne dans un petit théâtre (…). Alors que nous sortions prendre l’air [pour l’attendre], nous avons eu le malheur, en discutant, de nous serrer dans les bras”, détaille-t-il. “Un câlin. Juste un câlin. Il était 22h00”.
Six agresseurs
“Un groupe de trois jeunes, postés à une vingtaine de mètres, nous a vus. Ils nous ont interpellés. Comme nous les avons ignorés, ils se sont rapprochés. Un flot d’insultes homophobes sortait de leurs bouches. Ils exigeaient que nous quittions ‘leur quartier’ où ‘y a pas de PD ici'”, continue le jeune homme.
Devant le refus du couple de quitter les lieux, “les insultes sont devenues plus graves, plus haineuses”. “Puis un quatrième (jeune) les a rejoints. Un gamin qui paraît avoir douze ans. Et c’est lui qui a appelé des renforts. Un scooter avec notre cinquième et sixième agresseurs.”
Ne cédant pas aux “insultes, bousculades et menaces”, Arnaud Gagnoud est alors frappé deux fois au visage par le chauffeur du scooter, armé de son casque. “Tout va très vite. Les spectateurs du théâtre voient la scène, arrivent en courant, les font partir et nous mettent à l’abri. Mon copain n’a rien, fort heureusement.”
Le comédien rapporte avoir, lui, écopé “d’un traumatisme facial, avec ecchymose et œdème périorbitaire”, sans compter les “sept points de sutures et plusieurs jours d’interruption totale de travail”. “Voilà. Nous avons fait le choix de partager cette photo et notre histoire. Nous avons fait le choix de porter plainte. Pour que ces violences cessent enfin, même si nous ne nous faisons pas d’illusions…”
Alors que la ville de Paris a récemment fait face à une vague de dégradations homophobes, un dernier sondage rapporte qu’en France une personne LGBT sur deux a déjà fait l’objet d’insultes, de moqueries ou d’agressions physiques.