General

Jean-Luc Mélenchon : « L’écologie est une géopolitique en faveur de la paix »

9 Janvier 2017


Jean-Luc Mélenchon a surpris en plaçant ses voeux pour 2017 sous le signe de la paix et de la politique étrangère. Il définit une géopolitique découlant de l’autonomie énergétique, qui permettrait de ne plus mener de guerres lointaines pour le pétrole, le gaz et l’uranium.
Lors de la présentation de ses voeux à la presse et à une centaine de militants, à Paris, le 5 janvier, Jean-Luc Mélenchon a surpris en axant son discours sur la politique étrangère. « Je veux dédier ce que j’ai à dire ce soir à la cause la plus large, la plus urgente, la plus aiguë : la paix ». Car dans l’ambiance internationale tendue qui s’instaure, « on parle de la guerre, mais pas la paix ».
Le premier fautif en serait, selon le candidat de « La France insoumise », l’atlantisme, dont il dénonce « le camp si puissant en France, qui trouve la guerre toujours bonne si elle convient aux Etats-Unis d’Amérique ». M. Mélenchon a ensuite souligné qu’à la suite du démembrement de l’Union soviétique en 1991, les pays occidentaux n’avaient tenu aucune de leurs promesses aux derniers dirigeants de l’empire soviétique, avaient maintenu l’organisation militaire OTAN – créée à la fin des années 1940 pour faire face à l’URSS – et ont installé depuis 2012 des batteries de missiles menaçant directement la Russie : « On peut comprendre que dans de telles conditions, ce partenaire ait fini par penser que seule la force lui apporterait les garanties que la parole des autres lui refusait tout le temps. »
Par ailleurs, a-t-il poursuivi, la Chine est « devenue l’atelier du monde », et mécaniquement, elle a aspiré à ce que sa monnaie s’impose dans les échanges internationaux. De la sorte, les Etats-Unis ont été menacés dans le coeur de leur puissance, le dollar.
Menace contre la Russie et réaction à montée en puissance de la Chine, « voilà les causes fondamentales de l’instabilité du monde », a-t-il résumé.
L’anthropocène entre en géopolitique

Il a ensuite insisté sur « les risques nouveaux », ceux qui résultent de « l’anthropocène, le moment où les êtres humains changent la planète elle-même », à commencer par le changement climatique, déjà responsable de 20 millions des 75 millions de réfugiés sur la planète. « Vous aurez donc, en plus des gens qui se battent pour des raisons de puissance, d’autres qui passant par là pour des raisons climatiques, achèveront de tout disloquer et de rendre encore plus déséquilibré ce qui était déséquilibré auparavant. »

Une famille du Bangladesh face aux inondations

« Cela nous conduit à dire que si l’écologie, ou plus exactement la connaissance que nous avons des conditions de la destruction de l’écosystème, est un problème, l’écologie est aussi une réponse géopolitique en faveur de la paix. » Sortir des énergies carbonées, explique-t-il, contribue à la paix, « parce que les causes de la guerre au Levant et au Moyen-Orient n’ont rien à avoir avec les religions, c’est une guerre qui a à voir avec l’appropriation de la richesse centrale de notre temps, le pétrole et le gaz, matières premières sur la base desquelles fonctionnent toutes les économies du monde. » Sortir des énergies carbonées et engager la transition écologique permettrait ainsi à la France de ne plus entrer dans des combats où elle est entraînée par sa dépendance aux énergies fossiles et à l’uranium.
M. Mélenchon s’est ensuite livré à un plaidoyer pour l’indépendance de la France, « qui n’est pas une nation occidentale : elle est universaliste et n’a rien à faire dans l’OTAN ». Il a ensuite affirmé que « la Russie n’est pas une menace pour la paix du monde », alors qu’en revanche, les pays membres de l’OTAN concentrent 65 % des budgets militaires du monde, et que celui de la seule Arabie saoudite est supérieur à celui de la Russie.
Enfin, à propos de la Syrie, sur laquelle ses positions sont fréquemment critiquées (par exemple par l’universitaire Jean-Pierre Filiu), il s’est félicité du récent cessez-le-feu et s’est référé à la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies du 31 décembre dernier, souhaitant que le conflit soit in fine réglé par des élections sous contrôle international.
Pour l’avenir, a conclu Jean-Luc Mélenchon, les Etats-Unis de Donald Trump vont considérer que la Chine est leur principal adversaire. « Pour nous Français, nous ne serons pas plus anti-Chinois que nous ne sommes anti-Russes. » Défendant un point de vue « strictement français », il a dit que « l’atmosphère belliqueuse actuelle irrespirable est extrêmement dangereuse ». Et a refusé les perspectives de l’Europe de la défense, qui serait une Europe de la guerre.
VOIR LA VIDEO DU DISCOURS DE JEAN-LUC MÉLENCHON