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Comprendre la situation du Proche-Orient aujourd’hui. De 1945 à 1990, un enjeu de la Guerre froide (2/3)

20 Janvier 2017


Principaux oléoducs (en vert) et gazoducs (en rouge) au Proche-Orient. Crédits images : Wikimedia CC
Pour comprendre la situation du Proche-Orient d’aujourd’hui, il est nécessaire de revenir sur un siècle d’histoire. Il faut en effet remonter aux lendemains de la première guerre mondiale pour voir se mettre en place une grande partie des données géopolitiques qui expliquent la multiplicité et l’enchevêtrement des conflits actuels. Une chose est sûre, si les grandes puissances ont longtemps influé de façon décisive sur le cours des événements, les acteurs régionaux et locaux sont allés en s’affirmant de façon grandissante tout au long du siècle. Après la domination de la Grande Bretagne et de la France durant l’entre-deux-guerres, les deux superpuissances de la guerre froide prennent le relais. Après la chute du Mur de Berlin s’ouvre la phase de l’omnipotence étasunienne remise en cause après le 11 septembre 2001. L’ère de la globalisation voit les puissances régionales élargir de façon croissante leur autonomie voire leur indépendance d’action, leur influence, et s’exacerber les rivalités entre elles. Tentons d’y voir un peu plus clair.

A la traditionnelle rivalité franco-britannique dont le Moyen-Orient était le théâtre durant l’entre-deux-guerres, la fin de la Seconde Guerre Mondiale substitue la rivalité Américano-soviétique. Elle va marquer la région pendant prés d’un demi-siècle.

1945 voit la fameuse rencontre entre Roosevelt et Ibn Saoud le souverain saoudien. C’est l’accord du Quincy : la protection américaine est assurée au régime en contrepartie du monopole sur le pétrole saoudien. Les Américains prennent progressivement partout le relais des Britanniques. Les Français doivent abandonner Syrie et Liban, en partie sous la pression des nationalistes arabes et en partie sous la pression de leurs alliés anglo-saxons. La Turquie adhère à L’OTAN en 1952. Mossadegh, le premier ministre du Shah, tente de nationaliser le pétrole iranien. Il est renversé par un coup d’état orchestré par la CIA. Le Shah doit maintenant son pouvoir aux Américains. Le pacte de Bagdad, sorte d’OTAN proche-orientale, est créé. C’est l’époque de la doctrine Eisenhower, le « containment », qui prétend endiguer l’influence de l’URSS. Il est évident que le Moyen-Orient qui renferme les plus importantes réserves d’hydrocarbures connues représente un enjeu majeur de la guerre froide. Pour les économies occidentales (EU, Europe, Japon), faut-il le rappeler, c’est l’ère du « Tout-pétrole ». Les bas prix stimulent la consommation, un des piliers de la croissance économique des années d’après-guerre.

Le cas d’Israël, dont l’indépendance est proclamé en 1948, est un cas à part puisque cet état est issu du partage de la Palestine en novembre 1947, voté par l’Assemblée Générale des Nations Unies composée alors majoritairement de pays occidentaux. La majorité des pays d’Asie et d’Afrique étaient encore en effet sous tutelle coloniale. Le refus du partage par la partie arabe de la Palestine, soutenue par les états voisins, déclenche la première guerre israélo-arabe (1948-49) qui se solde par une victoire israélienne. Trois autres guerres (1956, 1967, 1973) se termineront par de nouvelles victoires de l’état hébreux. En 1959 a été fondée l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine), organisation de libération de la Palestine. Celle-ci engage la lutte armée contre l’état juif, marquée par des actions de guérillas sur les frontières. Au lendemain de la guerre de 1967, dite « guerre des six jours », Israël occupe la Cisjordanie et la bande de Gaza, c’est-à-dire les territoires palestiniens qui étaient restés arabes après la guerre de 1948-1949. C’est le commencement de ce que l’on appelle les « Territoires Occupés » selon la terminologie onusienne. En 1982 l’armée israélienne envahit le sud-Liban pour en chasser les forces de l’OLP qui y ont installé une base arrière à partir de laquelle mener la guérilla contre l’état hébreu. L’OLP est expulsée, l’occupation israélienne dure 3 ans. Dans les Territoires Occupés de Cisjordanie et de Gaza, une première révolte palestinienne, l’Intifada, commencée en décembre 1987, est brisée par l’occupant après plusieurs années d’affrontement.

Plus globalement, l’affrontement entre le camp occidental et le camp soviétique impacte directement toute la région. Des états arabes nationalistes rejetant l’ingérence occidentale se rapproche de Moscou. Ce sont la Syrie, l’Égypte, enfin l’Irak. Nassériens et Baathistes d’idéologie panarabes, laïques et socialistes s’opposent aux régimes monarchiques pro-occidentaux : ceux du Golfe mais aussi celui d’Egypte renversé en 1952,celui  d’Irak renversé en 1958, celui de Jordanie, qui résiste à plusieurs tentatives de coup d’état. Le mouvement national palestinien, incarné par l’OLP dont Arafat a pris le contrôle en 1965, se rapproche aussi des pays de l’Est. Le Proche-Orient est ainsi de plein pied dans la Guerre Froide. Partout triomphent des régimes autoritaires qu’ils soient alignés sur l’Ouest ou sur l’Est. Les peuples du Proche-Orient sont confrontés à la censure, à l’état policier, à la répression partout.