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SYRIE : la prétendue bavure US

23 Septembre 2016

Au moins soixante-deux soldats syriens sont morts et 100 ont été blessés samedi lorsque l’aviation américaine a bombardé une base sur la montagne Al-Tharda, près de Deir ez-Zor. Fait remarquable, le Commandement central américain n’a toujours pas présenté d’excuses, bien que ce bombardement ait permis à la milice Etat islamique (EI) d’attaquer la base et de la capturer peu après.

Ce massacre est un acte flagrant de guerre qui menace de faire dégénérer le conflit syrien en une guerre totale opposant l’OTAN à la Syrie et ses alliés, dont la Russie. Tout porte à croire que l’attaque, commise quelques jours après le début d’un cessez-le-feu américano-russe en Syrie ouvertement critiqué la semaine dernière par les généraux américains, a été délibérément commise par des factions du gouvernement américain hostiles à la trêve. Comment les États-Unis ont pu confondre une base militaire, occupée par l’armée syrienne depuis des années, avec un campement de l’Etat islamique (EI) ; ou, encore, pourquoi les satellites militaires sophistiqués et les drones du Pentagone n’ont pas fourni d’images précises de leur cible.

Le refus du Pentagone de présenter des excuses officielles est téméraire. Les troupes syriennes combattant l’opposition islamiste luttent à côté d’unités iraniennes, chinoises, et russes. Le Pentagone signale à ces pays, qui non seulement ont des forces puissantes en Syrie, mais, dans le cas de la Chine et de la Russie, possèdent leurs propres armes nucléaires, que leurs troupes peuvent à tout moment devenir des cibles des USA, car elles opèrent aux côtés des forces syriennes.

Les responsables syriens et russes ont dénoncé le bombardement, le qualifiant d’aide à l’EI ; Moscou a convoqué une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU pour exiger des explications. Les affirmations américaines selon lesquelles les chasseurs américains ne savaient pas qui ils bombardaient ne sont pas crédibles, elles et sont carrément contredites par d’autres rapports.

Un responsable anonyme de Centcom a dit au New York Times que leurs avions de surveillance avaient suivi les unités syriennes « « pendant plusieurs jours » avant le bombardement. « L’attaque a duré environ 20 minutes, pendant lesquelles les avions ont détruit des véhicules et abattu des dizaines de personnes en plein désert », a-t-il dit. « Peu après, un appel urgent est arrivé au centre de commandement militaire américain au Qatar … C’était un responsable russe qui a dit que les avions américains bombardaient les troupes syriennes et qu’il fallait cesser d’attaquer immédiatement ».

Toutefois, l’aviation américaine a continué à bombarder la base pendant plusieurs minutes avant de mettre fin à l’attaque, selon le responsable de Centcom. Cette attaque montre que Washington et ses alliés ne cherchent pas un cessez-le-feu, et la paix encore moins. Ils poursuivent la même stratégie en Syrie depuis 2011 : le changement de régime, mené par des milices islamistes comme l’EI ou Al Nosra contre le régime du président syrien Bachar al-Assad. La dernière attaque montre que, même après que l’EI a monté des attaques terroristes en Europe et aux États-Unis, une collaboration existe encore entre les Etats-Unis et les forces de l’EI.

Plus largement, les couches dominantes de la hiérarchie militaire américaine s’opposent à toute collaboration avec Moscou, de peur de compromettre leurs préparatifs pour une confrontation militaire avec la Russie, la deuxième puissance nucléaire mondiale.

En outre, les frappes correspondent à une intention clairement articulée par l’élite politique. Au mois d’août, l’ex-directeur de la CIA Michael Morell a proposé de bombarder la Syrie pour « effrayer Assad » et « faire payer un prix aux Russes ». Morell est un fervent partisan de la candidature présidentielle de la démocrate Hillary Clinton.

Ce bombardement, auquel des avions australiens, britanniques et danois ont participé à côté de l’US Air Force, a sapé le cessez-le-feu négocié à Genève par le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov.

Autant cette « bavure » est passée relativement discrète dans nos médias, autant le bombardement peu de temps après d’un convoi humanitaire fait la une de toute les chaine de télé, radio et journaux, qui accusent les russes de ce massacre … comme ils avaient accusés les même russes lors de la destruction du vol MH17 au dessus de l’Ukraine … Suite à cette attaque, John Kerry a exhorté la Russie à suspendre ses vols militaires au nord de la Syrie. Or, il est évident que cette mesure ne peut que bénéficier aux groupes terroristes qui sévissent dans la région.

Transmis par Bill.J.C
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« Puisque le commerce ignore les frontières nationales, et que le fabricant insiste pour avoir le monde comme marché, le drapeau de son pays doit le suivre, et les portes des nations qui lui sont fermées doivent être enfoncées. Les concessions obtenues par les financiers doivent être protégées par les ministres de l’Etat, même si la souveraineté des nations réticentes est violée dans le processus. Les colonies doivent être obtenues ou plantées afin que pas un coin du monde n’en réchappe ou reste inutilisé  » …Woodrow Wilson, Président des Etats-Unis de 1913 à 1921