Julian Assange reste en prison Perfide Albion
par Kai Littman, Tlaxcala, 6 Janvier 2021, La Grande-Bretagne a refusé la libération sous caution de Julian Assange. Malgré le verdict de lundi qui rejetait l’extradition du lanceur d’alerte australien vers les États-Unis, la Grande-Bretagne le garde en prison. Un scandale de plus.
Croquis d’audience de Julian Assange le 4 janvier à l’Old Bailey de Londres-ELIZABETH COOK / PA VIA AP
La Grande-Bretagne finira par se rendre infréquentable. Après un « Brexit » hallucinant par son amateurisme et une attitude pitoyable des responsables britanniques, Londres ajoute un élément sur la longue liste des raisons qui feront qu’on ne regrettera plus que la Grande-Bretagne ait quitté l’Union Européenne. Après avoir refusé l’extradition de Julian Assange vers les États-Unis pour raison « d’état psychologique fragile », une cour londonienne a rejeté mercredi matin la requête de la défense d’Assange pour une libération sous caution qui aurait pu intervenir immédiatement. La torture qu’inflige le Royaume Uni à celui qui a porté des crimes de guerre américains à la connaissance du monde, continue.
Depuis lundi, l’espoir s’était installé dans le camp de Julian Assange et de ses défenseurs. Après le refus d’expulser Julian Assange vers les États-Unis où 175 ans de prison l’attendent, beaucoup d’observateurs s’attendaient à ce qu’Assange soit libéré sous caution ce mercredi et que son chemin de croix pour la liberté de la presse puisse enfin se terminer. Mais c’était sans compter sur le « perfide Albion » qui visiblement, prend plaisir à torturer le lanceur d’alerte.
Que reste-t-il donc des allégations contre Julian Assange ? Pendant huit ans, il a du se réfugier à l’ambassade de l’Équateur à Londres à cause d’une fausse allégation d’un double viol en Suède. La Suède, elle, est sortie sur la pointe des pieds de ce dossier, classant l’affaire sans suite (après tant d’années !) et aujourd’hui, Julian Assange se trouve dans une prison de haute sécurité à Belmarsh pour une simple affaire d’infraction contre le droit de séjour britannique. En effet, emprisonné à l’ambassade d’Équateur, Assange n’avait pas pu se rendre dans les bureaux pour demander et prolonger son titre de séjour en Grande-Bretagne. Est-ce qu’une infraction contre le droit de séjour justifie un emprisonnement dans une prison de haute sécurité, comme si Assange était un terroriste ? Ce n’est pas Assange qui devrait se trouver en prison, mais les criminels en uniforme et costume-cravate au Pentagone à Washington qui avaient commandé, d’un trait de stylo, le meurtre de nombreuses personnes en Iraq, au Pakistan et en Afghanistan.
Mais la Grande-Bretagne ne veut pas laisser partir Julian Assange. Déjà dans son verdict prononcé lundi, la juge Vanessa Baraitser avait indiqué qu’elle donnait en principe raison à la requête américaine et que l’extradition était seulement refusée à cause de l’état psychologique de Julian Assange, la conséquence d’années de torture (comme disait Nils Melzer, le rapporteur sur la torture de l’ONU) infligé à Assange par la Grande-Bretagne. En refusant sa libération sous caution, Londres veut garder Assange sous la main, une belle « monnaie d’échange » pour négocier un nouveau traité de libre-échange entre Londres et Washington.
Il n’y a plus de temps à perdre et surtout, il ne faut plus faire confiance aux institutions britanniques. L’Union Européenne doit s’adresser, dans les meilleurs délais, au nouveau président américain Joe Biden (qui a malheureusement toujours affiché une attitude hostile vis-à-vis d’Assange…) et elle doit immédiatement sanctionner la Grande-Bretagne. Tant qu’Assange n’est pas libre, il faudrait fermer les ports, interdire l’atterrissage d’avions en provenance de Grande-Bretagne, suspendre toute circulation de biens et de personnes entre la Grande-Bretagne et l’Europe. L’Europe a le pouvoir d’imposer un acte humaniste à la Grande-Bretagne, mais il est fort à craindre qu’au fond, les responsables européens partagent la perfidie britannique.
Ceux qui pensaient que le dossier Assange pouvait être solutionné aujourd’hui, ont été, une fois de plus, trompés. Julian Assange est toujours derrière les barreaux à Belmarsh, dans une prison mal chauffée (selon ses avocats) et où le SARS-CoV-2 circule (toujours selon les avocats). Est-ce que la Grande-Bretagne veut vraiment attendre qu’Assange meure en prison ? Est-ce que Londres veut le torturer à mort ? L’Europe doit maintenant prendre ce dossier à bras le corps. Ne serait-ce que pour sauver le dernier bout de crédibilité dont disposent encore les institutions européennes. Julian Assange doit immédiatement être remis en liberté. Point barre.