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Des parlementaires espagnols demandent des éclaircissements sur la mort du leader sahraoui Bassiri, fait disparaître par des fonctionnaires espagnols il y a 50 ans

Mundo Obrero 01/07/2020
Les autorités espagnoles avaient ordonné à l’armée de tirer sur une foule d’hommes, de femmes et d’enfants qui se sont rassemblés à El Ayoun, pour demander la fin de la politique coloniale espagnole.

Tradotto da Fausto Giudice
Cela fait 50 ans que le leader sahraoui Mohammed Sidi Brahim “Bassiri” a disparu. Il a été arrêté le 17 juin 1970 lors d’une manifestation massive contre l’administration coloniale dans le quartier Zemla d’El Ayoun, capitale du Sahara occidental. Les signataires du Manifeste 50 ans après le massacre de Zemla rappellent que les autorités espagnoles ont ordonné à l’armée de tirer sur une foule d’hommes, de femmes et d’enfants sahraouis qui s’étaient rassemblés dans la capitale de ce qui était alors le Sahara espagnol pour demander la fin de la politique coloniale espagnole. Les policiers espagnols et les membres du Tercio Juan de Austria de la Légion se sont livrés à une répression féroce. On ne sait pas encore combien de personnes ont été tuées, blessées et emprisonnées ce jour-là. On ne sait pas non plus ce qui est arrivé à Bassiri, qui était le leader du Mouvement de libération du Sahara qui aavait appelé à la protestation. Certains rapports suggèrent qu’il a été arrêté, torturé puis transféré dans la banlieue d’El Ayoun, où il pourrait avoir été tué et enterré.
Depuis 50 ans, les gouvernements espagnols, tant ceux de Franco que ceux de la démocratie, refusent d’éclaircir les faits, de désigner et de punir les responsables et d’indemniser les victimes. C’est pourquoi, ce lundi, un groupe de parlementaires, dont Unidas Podemos, a présenté au Congrès des députés une proposition de loi demandant la clarification des faits concernant le dirigeant sahraoui qui a disparu entre les mains des policiers espagnols et de rendre public tous les dossiers le concernant. Ils demandent également d’engager un processus de vérité, de justice et de réparation à la mémoire de Bassiri et de toutes les victimes de cette répression.
Les groupes parlementaires signataires, dont EH-Bildu, ER, Compromis, BNG, PSOE, ainsi que Unidas Podemoss, avec d’autres, demandent que la question soit débattue au sein de la commission des Affaires étrangères.
50 ans après le massacre de Zemla
MANIFESTE
Le 17 juin 1970, les autorités espagnoles ont ordonné à l’armée de tirer sur une foule d’hommes, de femmes et d’enfants sahraouis qui s’étaient rassemblés dans le quartier de Zemla à El Ayoun, capitale du Sahara occidental (alors Sahara espagnol) pour demander la fin de la politique coloniale espagnole. Le rassemblement, de caractère totalement pacifique, avait été appelé par le Mouvement de libération du Sahara (OALS). Cette organisation avait réussi à rassembler une grande partie de la population sahraouie lors de la première grande tentative de structuration de l’opposition à l’occupation espagnole du Sahara occidental. Elle constitue le précédent immédiat du Front Polisario et son leader, Mohamed Sidi Brahim Basir “Bassiri”, a été arrêté par les autorités espagnoles comme des centaines d’autres Sahraouis. Un nombre indéterminé de Sahraouis sont morts ou ont disparu dans la répression déclenchée par les autorités espagnoles autour de ces événements.
Depuis 50 ans, les gouvernements espagnols, tant ceux de Franco que ceux de la démocratie, refusent d’éclaircir les faits, de désigner et de punir les responsables, et d’accorder des réparations aux victimes. Le nombre réel de morts et de blessés, le nom et le nombre de personnes arrêtées en relation avec les événements, les circonstances de leur détention et le traitement qu’elles ont reçu ne sont pas connus. Aucune enquête officielle n’a permis d’élucider le sort final de Bassiri, qui est resté entre les mains des autorités espagnoles pendant près d’un mois et qui, selon toutes les indications, a été fait disparaître par ces mêmes autorités.
Ni le temps écoulé, ni les changements intervenus dans l’administration et la législation espagnoles ne peuvent servir à dissimuler les faits, et encore moins justifier l’absence d’action pour établir la vérité, rendre justice et accorder réparation aux victimes. L’État espagnol est tenu par les conventions internationales qu’il a signées, par dignité et respect des droits humains, de clore cette page noire de son histoire.
Bien que ce crime et d’autres, commis pendant plus de 100 ans d’administration coloniale du Sahara occidental, ne puissent être indemnisés tant que l’État espagnol ne facilitera pas l’exercice libre et démocratique du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, nous voudrions profiter de ce triste anniversaire pour demander
Que le gouvernement espagnol, conformément à ses obligations et à son devoir de mémoire historique, reconnaisse et assume la responsabilité de l’État dans les événements de Zemla, en favorisant les enquêtes nécessaires à la clarification totale des faits.
Que, par conséquent, il prenne les mesures nécessaires pour identifier et, le cas échéant, sanctionner les coupables.
Que le gouvernement espagnol prenne les mesures nécessaires pour assurer une réparation complète et effective aux victimes, sous forme de réhabilitation, d’indemnisation, de satisfaction et de garanties de non-répétition.
Que le gouvernement espagnol propose aux institutions internationales – en particulier l’Union européenne et l’Union africaine – la réhabilitation de Mohamed Sidi Brahim Basir “Bassiri” en tant que figure pertinente dans la lutte contre la domination coloniale et pour la liberté des peuples.
Que le gouvernement espagnol, étant donné que l’État espagnol continue d’être le pouvoir administratif au Sahara occidental, conformément au droit international, s’engage clairement à travailler pour l’exercice immédiat et effectif du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.
A l’Union européenne, à l’Union africaine et à l’ONU d’exiger et de contrôler le respect par l’Espagne de ses obligations en tant que puissance administrative du Sahara occidental.