Le coronavirus donne aux Israéliens un petit avant-goût de ce qu’est la vie des Palestiniens
Gideon Levy 31/03/2020 |
Les Israéliens ressortiront-ils de cette expérience avec une compassion nouvelle pour la souffrance des Palestiniens ? C’est peu probable.
Tradotto da VECTranslation
Les Israéliens sont confinés à cause du coronavirus.
Comme partout ailleurs sur la planète maintenant, leur confinement est à la fois physique et psychologique.
L’atmosphère est lourde de malaise et d’anxiété face à la pandémie et, surtout, de la peur de l’inconnu. Les aspects physiques sont connus dans le monde entier : sorties restreintes et pénuries temporaires dans les supermarchés. Les grands aéroports sont quasiment déserts, les arrivées et départs sont presque nuls.
Les rassemblements sociaux, artistiques, culturels et religieux sont annulés. Les taux de chômage grimpent en flèche. L’armée est prête à diriger des hôtels transformés en hôpitaux pour les personnes infectées les moins gravement malades. Et bientôt, peut-être, un confinement total, avec des patrouilles de l’armée et de police dans les rues.
On parle déjà de la menace d’anarchie. De dystopie.
Confinement sous occupation
Tout cela aurait dû rappeler quelque chose aux Israéliens. Mais non. Ils sont trop occupés à s’inquiéter de leur survie, ce qui est compréhensible, et bien naturel. Toutefois, il est difficile d’ignorer le fait que les réalités graves, voire extrêmes, de la vie en Israël ces derniers temps ressemblent au quotidien normal depuis des décennies dans les territoires palestiniens occupés.
Ce qui est jugé dystopique par les Israéliens ressemble presque à une utopie pour les Palestiniens. Le confinement temporaire – ainsi que les pénuries imposées aux Israéliens – ressemblerait presque à un rêve pour les Palestiniens, dont la situation à Gaza, et parfois aussi en Cisjordanie, est bien pire depuis longtemps.
C’est le temps du retour de karma, le destin rit, l’ironie amère abonde. Un ministre de l’Histoire glousse quelque part face à la nouvelle réalité imposée aux Israéliens.
Pour la première fois de leur vie, les Israéliens reçoivent un avant-goût de ce qu’ils servent aux Palestiniens depuis des générations. Pour la première fois de leur vie, les Israéliens goûtent au confinement et à la pénurie d’une manière inédite pour eux.
Et pourtant, le siège des Israéliens ressemble fort à un luxe pour tout enfant palestinien né dans la réalité beaucoup plus dure qui est leur sort.
Les Israéliens n’ont qu’un petit avant-goût des restrictions qu’ils imposent aux Palestiniens. On leur offre l’opportunité de découvrir un aperçu de ce qu’est la vie palestinienne, bien que dans de meilleures conditions.
Cela changera-t-il un jour leur avis ? En ressortiront-ils plus sensibles et plus compréhensifs face aux souffrances palestiniennes après la pandémie ? J’en doute fort.
La routine quotidienne
Premier point, le confinement lui-même. Les portes internationales d’Israël, comme dans la plupart des autres pays aujourd’hui, sont bel et bien fermées et verrouillées. Presque qu’aucun vol n’atterrit ni ne décolle : la claustrophobie règne, temporairement, ici.
Or, Gaza vit ainsi depuis quatorze ans. Dans la plus grande prison en plein air du monde, la cage de Gaza, les gens ne peuvent que rire devant la détresse à court terme des Israéliens.