General

Italie : les travailleurs invisibles reprennent la scène

Norma Rangeri 16/03/2020
Les entreprises de fabrication de soutiens-gorge vont maintenant fabriquer des masques. Ce n’est pas le nouveau modèle de développement souhaité, mais c’est certainement un choix socialement utile. 

Cette information a été donnée hier par le secrétaire de la Cgil Landini lors d’une conférence de presse inhabituelle et inédite via Facebook, suite à l’accord conclu avec le gouvernement et certaines grandes associations patronales.

Tradotto da Fausto Giudice
Après 18 heures de négociations, le syndicat a obtenu 4 milliards pour les amortisseurs sociaux et toutes les mesures sanitaires pour les personnes contraintes de travailler. Des centaines de délégués sont maintenant appelés à faire respecter le protocole et, là où les syndicats ne sont pas présents, cela sera plus difficile.
Les invisibles du capitalisme intelligent, démystifiant la légende selon laquelle nous serions tous des entrepreneurs de nous-mêmes, ces travailleurs laissés sans protection en l’an 2020 de la pandémie, à l’intérieur et à l’extérieur de l’usine, se sont fait entendre, ont menacé de faire grève, ont réclamé le droit à la santé. Les travailleurs de tous les secteurs productifs, manufacturiers et logistiques sont revenus sur le devant de la scène et ne veulent pas être appelés « héros ». Tout comme les médecins et les infirmières qui dénoncent l’effondrement des hôpitaux, résultat des 30 milliards d’euros volés à la santé publique au fil des ans, s’en moquent.
Au lieu de cela, ils sont qualifiés de héros même par les dirigeants du PD qui les ont contraints à se plier à la loi modifiant le code du travail [jobs act du gouvernement Renzi, de “flexibilisation” du marché du travail, NdT], fidèles à l’idéologie qui consiste à supprimer le conflit entre ceux qui possèdent tout et ceux qui n’ont à échanger que leur vie de salariés. À y regarder de plus près, ce virus maudit déchire de nombreux voiles, met à nu, parmi les nombreux foyers d’inégalités sociales, la dévalorisation de la santé comme marchandise à la disposition de la chaîne du profit (ce qu’enseigne l’affaire de l’ILVA, l’usine sidérurgique de Tarente).
Dans les tristement célèbres années 70 du siècle dernier, dans les expériences des conseils ‘usine et de zone, la santé a représenté un pilier des luttes ouvrières et syndicales, avec le développement de la nouvelle branche de la médecine du travail, dirigée par des personnalités comme Giulio Maccacaro (Codogno, 1924), avec la naissance de Médecine démocratique, structure d’intervention mais aussi école de politique et de participation, pour la défense des travailleurs, pour la défense de tous.
Les mesures nécessaires de l’accord laborieusement conclu ne sont que des pièces utiles pour combler les abîmes d’un système de production et de vie mis à nu au niveau planétaire. Le défi consiste maintenant à l’intégrer dans un cycle de cette préhistoire moderne.