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Des militaires US qui manipulent des virus et brevettent des antiviraux sont installés à Sigonella en Sicile

Antonio Mazzeo 16/03/2020
Loin de moi l’idée de soutenir une quelconque thèse conspirationniste, surtout en ces semaines dramatiques où chacun de nous est appelé à exercer ses fonctions avec le plus grand sens des responsabilités. 

Tradotto da Fausto Giudice
Mais juste pour dissiper les doutes et les perplexités, le gouvernement Conte doit immédiatement expliquer qui, comment, quand, pourquoi et en échange de quoi a autorisé ces derniers mois le transfert à Sigonella du département sanitaire d’élite des forces armées usaméricaines qui effectue des recherches et des tests sur les virus et les bactéries et contribue à la production de vaccins et de médicaments « antiviraux ».
Lancé en février 2019, le projet de « relocalisation » du siège historique de l’Unité de recherche médicale de la marine (NAMRU) 3 du Caire, en Égypte, à la grande base aéronavale sicilienne, s’est achevé le 12 décembre dernier avec la cérémonie d’installation au commandement de l’unité du capitaine Marshall Monteville. « NAMRU-3 se réjouit de poursuivre son important travail en dehors de Sigonella », a déclaré Monteville. « Quel que soit l’endroit où se trouve notre quartier général, nous continuerons à mener à bien notre mission de soutien aux capacités sanitaires et opérationnelles de nos forces en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient ».
Selon les hauts responsables des forces armées usaméricaines, la décision de « relocaliser » le commandement de la NAMRU-3 en Sicile a été prise en raison des « besoins (non spécifiés) de renforcement de la sécurité requis pour les installations » de l’unité spécialisée. « La Base aéronavale de Sigonella a été identifiée comme le meilleur emplacement pour le quartier général opérationnel car elle est géographiquement au centre des trois commandements de combat qu’elle soutient : U.S. Central Command, U.S. European Command et U.S. Africa Command », explique le Pentagone. « La NAMRU-3 a eu une présence importante au Ghana, à Djibouti et en Égypte depuis de nombreuses années et a déployé son personnel dans d’autres régions. Avec la relocalisation du quartier général à la base de Sigonella, le commandement maintient une présence dans chacun de ces lieux. Actuellement, les chercheurs et collaborateurs de la NAMRU-3 sont engagés dans plusieurs domaines de recherche fondamentale sur les maladies virales, tropicales et subtropicales, également au Cameroun, au Liberia, au Nigeria et en Jordanie ». En outre, ceux-ci suivent l’évolution des éventuels problèmes épidémiologiques qui pourraient affecter le personnel militaire et civil du Département de la Défense déployé en Turquie, en Afghanistan et en Irak.
L’équipe de commandement de la NAMRU-3 est composée d’une dizaine d’officiers de la marine US, soutenus par des chercheurs du Département de la défense et de quelques entreprises privées « soucieuses d’optimiser les capacités de combat » des forces armées des USA et des pays partenaires. L’unité dispose également d’un pool d’ « experts » en entomologie, microbiologie et infectiologie. Outre l’unité stationnée à Sigonella, il existe quatre autres unités de recherche médicale de la marine dans le monde : NAMRU-San Antonio au Texas ; NAMRU-Dayton dans l’Ohio ; NAMRU-2 à Singapour et NAMRU-6 à Lima, au Pérou.
« La mission de la NAMRU-3 est d’étudier, de surveiller et d’identifier les menaces de maladies émergentes et réémergentes affectant les militaires et la santé publique, ainsi que de développer des stratégies d’atténuation contre ces menaces », rapporte le Pentagone. « Cela se fait en partenariat avec les pays hôtes et des agences américaines telles que les Centres US de contrôle des maladies (CDC). La recherche fondamentale, épidémiologique et clinique de la NAMRU-3 se concentre sur les maladies entériques (intestinales), les infections respiratoires aiguës, l’hépatite, la tuberculose, la méningite, le VIH et diverses infections parasitaires, bactériennes et virales qui sont endémiques et représentent un problème public majeur dans les régions d’intervention. » L’unité médico-militaire s’est spécialisée dans la recherche et les essais d’« agents prophylactiques tels que les vaccins et les médicaments contre les infirmités et les infections tropicales qui causent une mortalité ou une morbidité grave au personnel militaire usaméricain opérant dans ces environnements ». « En général, les études sont réalisées sur fonds propres ou avec de petits investissements des principales entreprises pharmaceutiques et visent les infections parasitaires telles que la malaria, la leishmaniose, la dengue et d’autres maladies virales, les maladies bactériennes telles que la « diarrhée du voyageur » (ETEC, campylobacter, shigella), etc. ». La recherche dans le domaine des vaccins et des médicaments résistants à la malaria du falciparum ou aux « infections bactériennes nosocomiales » est importante.
La NAMRU-3 contribue également à aider les départements et les infrastructures médicales des forces armées des pays partenaires « dans la surveillance des épidémies et pendant les pandémies », dans la formation scientifique et épidémiologique et technique et dans la gestion des laboratoires de biologie moléculaire les plus modernes. « Grâce à ces collaborations, la NAMRU-3 peut mener des recherches sur les infirmités qui menacent les troupes qui y sont déployées et qui ne sont pas communément connues aux USA, en obtenant des informations préalables sur les pandémies imminentes telles que la grippe aviaire qui pourraient affecter l’état de préparation militaire opérationnelle », admet encore le Pentagone. La NAMRU-3 réalise également des expériences en direct sur des insectes (moustiques, mouches, etc.) et des animaux plus évolués, tels que les petits mammifères. « Dans les laboratoires de l’unité médico-militaire, des microbes de différentes sources peuvent également être cultivés et examinés », ajoutent les hauts responsables des forces armées US.
Créée en 1942 pendant la campagne d’Afrique sous le nom de « Commission américaine contre le typhus », l’unité d’excellence s’est installée dans la capitale égyptienne immédiatement après la fin de la Seconde Guerre mondiale et y est restée sans interruption jusqu’à il y a quelques mois. Au fil des ans, elle a mené des études et des interventions sur les principales maladies endémiques, soit de manière indépendante, soit en collaboration avec les autorités égyptiennes. Plus récemment, elle a fourni un soutien technico-scientifique à certaines enquêtes épidémiologiques en Afrique et au Moyen-Orient, comme la violente gastro-entérite aiguë qui a frappé les militaires US stationnés à la base aérienne d’Incirlik, en Turquie, en 1999 ; le nombre impressionnant de décès survenus la même année dans le département de Gharbia, en Égypte, vraisemblablement causés par une intoxication au méthanol ; les graves lésions cutanées qui ont touché de nombreux citoyens en Égypte en 2000, vraisemblablement à la suite d’une exposition accidentelle aux radiations ; la fièvre épidémique qui a fait d’innombrables victimes dans la vallée du Rift au Yémen, toujours en 2000. Depuis 1987, la NAMRU-3 a également conclu un partenariat très discutable avec l’OMS (Organisation mondiale de la santé) sur le VIH/SIDA. En 2001, l’unité médico-militaire a été reconnue par l’OMS comme « Centre collaborateur pour les maladies infectieuses émergentes et/ou réémergentes », puis comme « laboratoire de référence » pour la grippe et la méningite dans la région de la Méditerranée orientale, tandis que le processus de reconnaissance comme laboratoire pour la grippe aviaire est en cours.
Rien qu’au cours des vingt dernières années, la NAMRU-3 a mené quelque soixante-dix enquêtes épidémiologiques dans 25 pays différents, dont le Yémen, l’Arabie saoudite, Oman, la Syrie, le Soudan, l’Ukraine, l’Ouzbékistan, le Kirghizistan, le Kazakhstan et l’Azerbaïdjan. Des « tests de diagnostic affinés » ont également été effectués sur le virus à l’origine de la fièvre hémorragique dite « de Lassa » chez l’homme et d’autres primates, tandis que depuis 2008, les forces armées jordaniennes ont accepté l’invitation de la NAMRU-3 à coopérer aux tests de dépistage de la grippe aviaire et d’autres « syndromes respiratoires aigus sévères (SRAS) ». Le partenariat avec le pays du Moyen-Orient a également pris forme en 2014-2015 avec des recherches et des interventions contre la maladie respiratoire d’origine virale “MERS” (autre souche de coronavirus) qui avait touché la région du Moyen-Orient. Toujours en Égypte, la NAMRU-3 a travaillé en 2015 avec les autorités sanitaires nationales pendant l’épidémie de dengue dans le district de Dayrout, en testant le virus de type I, et pour « identifier les mutations dans les glyco-protéines de la souche du virus de la grippe H5M1 », celle qui est à l’origine de certaines graves épidémies récentes. En 2018, l’unité usaméricaine a également coopéré avec les autorités égyptiennes sur des programmes de recherche contre l’expansion du virus de l’hépatite C.
Des projets de recherche ont été menés avec les autorités militaires ghanéennes pour « améliorer les compétences et les infrastructures pour tester de nouveaux vaccins contre la malaria » ; les laboratoires de l’unité, en collaboration avec l’USAID (Agence américaine pour le développement international), ont également été activés lors de l’épidémie d’Ebola qui a touché le Ghana, le Liberia, la Sierra-Leone et la Guinée depuis 2006. Récemment, la NAMRU-3, le Commandement US pour les opérations en Afrique (USAfricom) et la Division de la recherche médicale de l’armée US – Kenya (une unité de l’armée ayant des fonctions similaires à celle qui est aujourd’hui stationnée à Sigonella) ont promu le groupe de travail sur la malaria en Afrique de l’Est et de l’Ouest « pour aider les partenaires militaires de onze États africains dans leurs programmes d’expansion de la lutte contre la malaria ». La Task Force est basée à Accra, la capitale du Ghana, où la NAMRU-3 a également entamé une étroite collaboration avec le Noguchi Memorial Institute for Medical Research et l’hôpital militaire n° 37. L’Institut Noguchi a créé un détachement NAMRU-3 avec des laboratoires et des espaces administratifs connexes, qui a déjà effectué des recherches et des tests sur certaines maladies infectieuses (syndromes de grippe ou pandémies, infirmité avec transmission sexuelle, etc.. En juillet 2018, un laboratoire moléculaire a été inauguré à l’intérieur de l’hôpital militaire n° 37 pour « la détection des agents pathogènes d’Ebola, de la fièvre jaune et de la fièvre de Lassa » avec le personnel de la NAMRU-3 et les fonds du Département de la Défense des USA. Le laboratoire teste des échantillons du Bénin et du Cameroun pour isoler le virus Chikungunya, une maladie fébrile aiguë transmise par les piqûres de moustiques infectés.
Le 1er mars 2020, le ministre de la santé du Ghana a annoncé que dans le cadre des mesures prises pour lutter contre la propagation du coronavirus (COVID-19), des tests par écouvillonnage sur les cas suspects seront effectués au Noguchi Memorial Institute for Medical Research « avec le soutien de l’OMS et de l’unité de recherche médicale de la marine américaine 3 ». L’unité médico-militaire, en collaboration avec d’autres agences usaméricaines, « a également assuré la fourniture d’équipements, de fonds et de réactifs pour les tests » et « soutiendra la production et la publication de matériel d’information à distribuer à la population et la formation nécessaire du personnel de santé ».
La pertinence de l’engagement plus que controversé de la NAMRU-3 en faveur de la recherche antivirale est attestée par des références dans d’importantes études scientifiques publiées dans le Journal of Virology de la Société américaine de microbiologie. En particulier, en 2013, il a été rapporté que les laboratoires de l’unité militaire ont analysé des écouvillons avec des échantillons de tissu rectal et de selles de certains enfants de communautés rurales égyptiennes, victimes de diarrhées d’origine bactérienne, dans le cadre d’une recherche de certaines universités usaméricaines sur le colibacille (ETEC). En 2016, les virus grippaux pandémiques H7N9 isolés par la NAMRU-3 ont fait l’objet d’une étude internationale sur le « rôle des cellules endothéliales pulmonaires dans l’orchestration de la production de cytokines et le recrutement des leucocytes pendant l’infection par le virus de la grippe ». Toujours en 2016, des tests de laboratoire ont été effectués au Caire sur le coronavirus Mers-CoV qui avait violemment touché la région du Moyen-Orient quatre ans plus tôt : on a notamment évalué la réponse immunitaire de souris à la souche virale isolée en Jordanie. Enfin, en 2017, The Journal of Virology a publié les résultats d’une recherche sur la propagation du virus aviaire H10N8 de Chine vers l’Europe du Nord, qui a vu les laboratoires de la NAMRU-3 coopérer à l’isolement du virus et à la production d’un vaccin spécial, grâce à ses tests in vitro et in vivo sur des furets.
On peut supposer que maintenant, en pleine urgence coronavirus (Covid-19), les officiers et les chercheurs usaméricains travaillent à pleine capacité dans les laboratoires ouverts dans la grande base de Sigonella. Bien sûr, à cheval donné, on ne regarde pas les dents. Mais si nous étions plutôt devant les mâchoires du cheval de Troie ?