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Haïti, miroir de l’humanité dans une crise systémique

Cristóbal León Campos 18/11/2019
C’est une urgence: il faut connaître et faire connaître la situation extrême en Haïti, qui a connu des mois de protestations et de répression, des années de manifestations cycliques, des siècles d’oubli et de déni.

Tradotto da Fausto Giudice
Haïti, c’est en Amérique la crise totale du système capitaliste et de l’hégémonie impérialiste des USA, c’est aussi la crise de l’humanité mise en scène, c’est un cri dont nous n’avons pas pu entendre et comprendre l’écho à cause de l’occupation sur d’autres fronts de lutte et aussi du poids pris par d’autres pays comme s’ils étaient plus pertinents. Mais en Haïti, le véritable caractère du capitalisme ne se manifeste pas seulement par les conditions d’exploitation extrême, de marginalisation, le racisme et la répression :il y a aussi là l’urgence aiguë de donner forme à une alternative de gauche qui parvienne à agglutiner l’espoir d’une seule issue à cette situation.


Les alliances temporaires qui tendent à se présenter dans les conjonctures particulières, se diluent comme elles sont apparues dans de nombreuses occasions, laissant le mouvement ou l’application des revendications affaiblies. L’insurrection en cours voit les quartiers populaires s’organiser,, prendre la rue, ériger des barricades, organiser des marches et même des milices, le peuple discute de stratégies possibles pour défier le régime de Jovenel Moïse, un président répudié dont le départ est la première des revendications.

Les ouvriers, paysans, étudiants et autres secteurs n’ont pas cessé la résistance, la profondeur des blessures équivaut au désir de changement et à l’émergence d’une conscience prolétarienne qui peu à peu prend forme dans ce pays de la Caraïbe.
Le cycle actuel de protestations a commencé en juillet 2018, lorsque le président, Jovenel Moïse, a augmenté le coût des produits pétroliers selon les indications du Fonds monétaire international (FMI) ; le mécontentement a augmenté lorsque le président a été lié à des actes de corruption : le détournement de plus de deux milliards de dollars du programme Petrocaribe et la pénurie de carburant qui en a découlé causée par la crise entraînée.
Les prix élevés, les sous-exécutions budgétaires, les contrats juxtaposés, les travaux fantômes, la liquidation anticipée des fonds, l’évasion fiscale, le népotisme et d’autres accusations pleuvent sur le gouvernement, des questions que des pays comme le Mexique connaissent bien.
Haïti présente des mobilisations récurrentes, la dure réalité montre la montée de la pauvreté ainsi que la violence de l’État : plus de quarante personnes ont été tuées par le terrorisme du pouvoir, des centaines ont été emprisonnées et torturées. Ajoutée à cela, l’occupation impérialiste et néocoloniale dure depuis des années, empêche le peuple de trouver des voies démocratiques alternatives. Le voile de silence qui couvre Haïti est la cerise sur le gâteau d’une agression permanente multiforme. L’inflation, le chômage et la précarité s’accroissent avec une terrible rapidité, les forces productives en lutte résistent pour surmonter la plus grande des crises à ce jour et renverser le gouvernement « néolibéral, antipopulaire, illégitime et antidémocratique », comme le définissent les Haïtiens.
Les secteurs sociaux en résistance ont signé un accord politique pour jeter les bases d’un gouvernement de transition après la démission du président Jovenel Moise. Le 9 novembre dernier, ils se sont réunis avec l’objectif commun de sortir une fois pour toutes du lourd fardeau qui consiste à faire peser sur le dos des travailleurs la plus longue crise économique de l’histoire de l’Amérique latine, mais le président, comme de coutume, s’accroche au pouvoir et renforce la répression, une attitude partagée, par exemple, avec Sebastián Piñera, président du Chili.
L’accord est en soi une feuille de route possible, qui, en réalité, devra chercher les différentes voies à suivre, sans perdre le cap convenu : dans ce processus long et complexe, les temps de transition, les structures et les formes du futur gouvernement doivent encore être fixées. Tout cela sans baisser la garde dans la lutte, sans donner au gouvernement actuel, aux puissances qui maintiennent l’occupation et aux intérêts économiques, la possibilité de déformer le caractère émancipateur des accords. L’indépendance de la résistance comme de la société à construire est indispensable pour garantir que ce seront les Haïtiens qui recevront les bénéfices de chacun des acquis gagnés. Comme on peut le déduire, la méfiance de la population à l’égard des organisations traditionnelles est élevée ; par conséquent, l’indépendance prolétarienne est indispensable pour vraiment parler d’un nouveau gouvernement et de l’établissement des bases pour reconstruire la nation.
La solidarité internationale doit s’exprimer en faveur du peuple haïtien, pour le départ du gouvernement corrompu et oppressif, pour l’unité latinoaméricaine, dans un contexte aussi particulier que celui d’aujourd’hui. Les luttes actuelles ne peuvent pas être comprises dans un contexte uniquement local ou régional, la vision globale nous permet de comprendre que ce qui se vit dans Notre Amérique et dans toutes les zones de résistance au niveau mondial, est sans aucun doute, la crise finale du capitalisme et de l’impérialisme yankee. La résistance haïtienne est un symptôme et un reflet du nouveau monde que nous devrons créer ; le projet socialiste doit être considéré comme un drapeau ; les peuples intégrés d’Amérique latine doivent contribuer à la reconfiguration de l’humanité entière.