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Chili : “Ils nous ont tout enlevé, même notre peur”

Jérôme Duval 26/10/2019
L’important soulèvement populaire initié contre l’augmentation du coût de la vie et les inégalités sociales ne faiblit pas, malgré une répression sans précédent depuis la dictature.

Alors qu’en Équateur une insurrection populaire menée par le mouvement indigène a mis fin à une mesure économique imposée par le FMI impliquant une hausse spectaculaire du prix du carburant, et par conséquent des prix des aliments, le président du Chili, parfois surnommé le « Berlusconi Chilien », se voit contraint de renoncer à une hausse du prix des transports face à la contestation. Pour la première fois depuis la fin de la dictature, le gouvernement recourt à l’état d’urgence et l’armée se déploie dans tout le pays, déterminée à mater la révolte en cours contre le modèle néolibéral des Chicago boys.
Le Chili entre dans une période insurrectionnelle dès le 18 octobre. Ce jour, des actions d’« évasion massive » [acte de protestation des étudiants qui consiste à passer en masse au-dessus des portiques afin de ne pas payer le métro] [1] se multiplient et imposent l’interruption de l’ensemble du service. La colère de la population estudiantine s’intensifie alors contre une hausse, de 800 à 830 pesos, du prix des tickets de métro à Santiago, suite à une première augmentation de 20 pesos en janvier dernier. Dotée du réseau le plus étendu (140 km) d’Amérique du Sud, le métro de la capitale chilienne transporte quotidiennement environ trois millions de passagers sur les sept millions d’habitants que compte la ville.