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C’est la fin, c’est le commencement Le dernier commentaire d’Immanuel Wallerstein

Immanuel Wallerstein 06/09/2019
Le Professeur Immanuel Wallerstein nous a quittés le 31 août 2019, à l’âge de 88 ans. Voici son dernier commentaire, publié le 1er juillet 2019

Tradotto da Fausto Giudice
Mon premier commentaire est paru le 1er octobre 1998. Il a été publié par le Centre Fernand Braudel (FBC) de l’Université de Binghamton. J’ai produit des commentaires le premier et le quinzième jour de chaque mois depuis lors, sans exception. Ceci est le 500e commentaire de ce genre. Ce sera le dernier commentaire de l’histoire.
Je me suis consacré à la rédaction de ces commentaires en toute régularité. Mais personne ne vit éternellement, et je ne peux pas continuer à faire ces commentaires plus longtemps.
Donc, il y a quelque temps, je me suis dit que j’essaierai d’atteindre le numéro 500 et d’arrêter. J’ai atteint les 500 et je dis que c’est fini.
Mes commentaires ont un format spécial. Ce ne sont pas des blogs, qui sont des écrits que l’avant-dernier auteur change à sa guise. Au contraire, mes commentaires se veulent permanents et ne doivent jamais changer.
Les commentaires ont un format clair. Parfois, comme dans le commentaire numéro un, le titre est le thème. Mais le plus souvent, le titre est le thème de la manière particulière suivante.
Le commentaire s’ouvre sur quelques mots qui attirent l’attention du lecteur, suivis soit d’un point d’interrogation, soit d’un deux-points. Puis suit ce que l’on pourrait considérer comme un sous-titre dans lequel j’indique les références concrètes auxquelles ce commentaire fait allusion. C’est généralement cinq ou six mots de plus.
Tous les commentaires peuvent être traduits, et je cherche à en faire traduire le plus grand nombre possible. Les traductions ont un format strict. Nous accordons gratuitement les droits pour les 1 000 premiers exemplaires de la traduction initiale. Ceci pour payer les frais de traduction.
Mais après cela, les commentaires doivent suivre certaines règles. Rien ne peut être ajouté, rien ne peut être soustrait du commentaire, qui doit être reproduit en toute fidélité. Pour s’en assurer, il est répondu de la manière suivante à l’auteur d’une nouvelle traduction.
Tout d’abord, nous vérifions si un commentaire a déjà été traduit. Dans l’affirmative, nous remercions l’auteur de la proposition pour son intérêt et indiquons que la traduction a déjà été faite. Nous indiquons au proposant l’emplacement de la traduction réalisée. Il ne peut y avoir qu’une seule traduction, comme il ne peut y avoir qu’une seule version en anglais.
Il n’y a qu’une seule langue dans laquelle les 500 commentaires ont été traduits. Cette langue est le chinois mandarin. De plus, la traductrice a toujours été la même personne. C’est une ancienne élève à moi et elle connaît très bien ma pensée. Dans d’autres langues de multiples textes ont été traduits, mais seul le chinois mandarin a tout.
Depuis longtemps déjà, les commentaires sont disponibles à la vente dans des publications à but lucratif. Celles-ci peuvent conclure un accord avec mon agent – Agence Global. Je profite de l’occasion pour remercier tous ceux qui ont participé à la réalisation de cet accord.
C’est moi, et personne d’autre, qui choisis le thème du commentaire et qui garantis le caractère unique de la traduction. Tous les commentaires et toutes les traductions en archive sont accessibles à tous, qu’il s’agisse d’une personne qui nous écrit régulièrement ou simplement d’une personne qui se connecte occasionnellement. Ces commentaires sont des membres permanents d’une communauté de commentaires.
C’est dans ce sens que le présent commentaire est une fin.
C’est l’avenir qui est plus important et plus intéressant, mais aussi intrinsèquement inconnu. En raison de la crise structurelle du système-monde moderne, il est possible, possible mais pas absolument certain, qu’une utilisation transformatrice d’un complexe de 1968 soit réalisée par quelqu’un ou un par quelque groupe. Cela prendra probablement beaucoup de temps et se poursuivra au-delà de la fin des commentaires. Il est difficile de prévoir la forme que prendra cette nouvelle activité.
Ainsi, le monde pourrait descendre encore plus bas par des chemins détournés. Ou peut-être pas. J’ai indiqué dans le passé que je pensais que la lutte cruciale était une lutte de classe, en utilisant classe dans un sens très large. Ce que ceux qui seront en vie à l’avenir peuvent faire, c’est de lutter avec eux-mêmes pour que ce changement soit réel. Je le pense toujours et je pense donc qu’il y a une chance sur deux que nous parviendrons à un changement transformateur, mais seulement 50-50.