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Palestine : Gideon Levy nous lance un appel

Lionel R 2 mai 2019
“Le seul et dernier espoir tangible réside au-delà de nos frontières, dans le reste du monde. A ce jour, je ne vois pas d’autre option”, écrit Gideon Levy après les élections israéliennes. Cet opposant courageux, qui s’est clairement prononcé pour le boycott d’Israël, nous lance un appel.

Que peuvent bien faire d’efficace, les quelques Israéliens se comptant sur les doigts de la main, contre l’occupation ? Que vont-ils bien pouvoir faire, ces gens qui refusent de vivre dans un Etat régi par l’apartheid ?
Les résultats électoraux ne laissent planer aucun doute sur ces questions.
Il n’existe nulle part en Israël, une quelconque opposition qui, par son nombre, serait à même de faire vaciller un tant soit peu l’occupation militaire de la Palestine. 
Après le camp des tenants d’une occupation sans fin, voici venus les supporters de l’annexion.
Voilà pour ce qui est de l’histoire, une vraie coquille vide. Il n’y a personne à qui parler, ni aucun sujet de débat digne d’intérêt en Israël.
Certes, il subsiste quelques personnes qui résistent, courageusement et bien minoritaires.
On peut toujours attendre un miracle – ou un désastre – ou bien tourner son regard là où réside le seul et dernier espoir tangible : au-delà de nos frontières, dans le reste du monde.
C’est en effet de l’extérieur que les coups les plus durs furent portés au régime raciste sud africain, le plus efficacement, jusqu’à ce qu’il finisse par rendre gorge.
La solution pour venir à bout de l’apartheid qui règne en Israël-Palestine, ne peut, elle aussi, venir que de l’extérieur. A ce jour, je ne vois pas d’autre option.
Ils ne manquent pas de toupet, ceux qui avancent l’argument selon lequel, cela revient à bafouer la volonté du peuple.
Cela est du même acabit que du temps de l’apartheid, où l’on entendait certains affirmer qu’imposer des sanctions à l’Afrique du Sud revenait à interférer dans sa politique intérieure.
Ah oui, il y avait des élections démocratiques, uniquement pour les Blancs, et alors on voyait une majorité de Blancs choisir très démocratiquement de soutenir le régime de l’apartheid.
C’est cela la démocratie ?
La Communauté Internationale devrait donc se satisfaire de cette si belle situation, et rester assise les bras croisés ?
L’occupation, militaire et économique de la Palestine, ne se limite pas à une affaire strictement interne à Israël, et elle ne relève en rien de la démocratie.
Les Juifs israéliens, qui soumettent les Palestiniens par la brutalité de leur armée, créent un problème qui regarde la Communauté Internationale.
C’est pour des situations analogues, qu’ont vu le jour les institutions internationales et que siègent, à la Haye, des magistrats.
Durant 52 ans, les Palestiniens n’ont pas eu voix au chapitre, et à lui seul, ce problème devrait faire réagir la Communauté Internationale. 
Cela dépasse les limites de la seule sphère de ce qui est bon ou pas, cela relève du droit, de ce qu’il est obligatoire de respecter, y compris pour les Israéliens.
Des voix contradictoires se font entendre ici ou là, des signes de fatigue, au sujet d’un conflit qui n’en finit pas. 
L’ultra-nationalisme, la xénophobie, l’islamophobie renforcent les supporters du colonialisme israélien.
Mais dans le même temps, on voit poindre un regain de vigueur, avec de nouvelles formes d’expression révolutionnaire, qui refusent toute forme de résignation.
Ainsi, il est très encourageant de voir la naissance de changements extraordinaires au sein même du parti démocrate (USA) et du Labour (Angleterre).
La montée en puissance de ces nouveaux courants pourrait changer la donne, au niveau international, concernant Israël.
Il y a des pays où les gens n’attendent que le signal propice pour rejoindre le mouvement. 
L’occupation peut en ce sens s’apparenter à un château de cartes qui, s’il semble au faîte de sa puissance peut, par sa nature même, en un seul instant, s’écrouler totalement.
Exactement comme on l’a vu pour l’Afrique du Sud.
Le problème est simple : venir à bout de l’équation si bien rodée, en vertu de laquelle l’occupation de la Palestine bénéficie à Israël et aux Israéliens. Tant que cela perdure, aucun changement ne peut survenir.
Le jour où une seule des cartes du château sera abattue, alors on verra les Israéliens se demander, pour la première fois dans leur histoire, si vraiment tout cela vaut le coup, et s’ils sont d’accord pour en payer le prix. 
La réponse est simple, il y a peu d’Israéliens, qui sont prêts à sacrifier leur confort pour la colonie d’Ofrah, où ils n’ont du reste jamais mis les pieds et où ils n’iront jamais.
Il est donc indispensable d’agir au niveau international, sans l’once d’un quelconque sentiment de culpabilité, parce-que là seul réside le seul espoir.
Car en Israël, tout le monde se moque comme de l’an quarante de l’occupation de la Palestine. Lorsque le sujet vient sur la table, on entend souvent le mot “trahison”. Si trahison il y a, alors elle est le fait de toutes ces personnes qui ont choisi le silence. En Israël, et sans doute bien plus encore, dans tout le reste du monde. “