General

Nouveau record de pauvreté en Argentine

Gabriel Bulgach 02/04/2019
Selon l’Institut national de statistiques et de recensement (INDEC), le taux de pauvreté en Argentine a atteint 32% au second semestre 2018. 

Cela représente une augmentation d’un peu plus de 6 % par rapport à la même période de 2017, soit près de 2 millions de nouveaux pauvres. Pour sa part, l’extrême pauvreté touche près de 7 % de la population.

Les régions les plus pénalisées sont le nord-est et le nord-ouest de l’Argentine, avec des niveaux de pauvreté supérieurs à la moyenne : 40,4 et 34,5% respectivement. La ville de Corrientes a enregistré le niveau le plus élevé avec un taux de pauvreté de 49,3%.
“La pauvreté zéro, c’est un travail digne” : Manifestation contre la pauvreté, pour un travail véritable et une augmentation des programmes de création d’emplois, Corrientes, avril 2016
Tous les signaux sont au rouge, car, selon l’INDEC, 46,8% des enfants de moins de 14 ans vivent en dessous du seuil de pauvreté.
Les Argentins pourraient-ils s’attendre à ce que la tendance s’inverse et à ce que la promesse de campagne d’une “pauvreté zéro” faite par l’actuel président Macri lors de sa campagne électorale se réalise ?
La plupart des indicateurs semblent prédire le contraire : selon les données du même organisme officiel, l’économie s’est contractée de 2,5% en 2018, l’inflation a atteint 47,6% et le chômage a atteint 9,1%. En termes relatifs par rapport au dollar, le niveau des salaires a baissé de 50% au cours des trois dernières années.
Pour 2019, on prévoit une inflation proche ou supérieure à 40%, un chômage en hausse marquée, et une poursuite de la contraction de l’économie, comme l’indiquent déjà le nombre record de fermetures de commerces, de grandes entreprises qui demandent quotidiennement des mesures préventives pour lutter contre la crise, et le flot de mises à pied de travailleurs. Tout cela étant le corollaire du ralentissement économique et de la sous-utilisation toujours croissante de la capacité de production industrielle.
Il n’y a pas de grandes surprises dans ces indicateurs qui montrent la fracture sociale consécutive à la mise en œuvre de politiques publiques d’orientation néolibérale.
Quoi qu’il en soit, en contradiction avec sa propre idéologie et dans le contexte d’une nouvelle année électorale, le gouvernement devra élargir son action s’il a la moindre intention d’être reconduit. Et il a déjà commencé à le faire, en versant d’avance et en une seule fois le montant de l’augmentation de l’AUH (allocation universelle par enfant) qui devait être étalée sur toute l’année, en reportant l’augmentation du prix du gaz à l’été prochain, etc.
Dans un système social où l’accès aux biens et aux services est marchandisé, nous continuons à affirmer la nécessité d’ouvrir le débat sur la mise en place d’un revenu ou d’une allocation de base universels pour tous les citoyens.