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Facebook donne son accord à une campagne secrète pro-Israël

Ali Abunimah 25/Février/2019
Facebook donne son accord à des pages secrètes et trompeuses créées par un groupe de pression qui collabore avec le gouvernement israélien. (Stephen Lam – Reuters)

Facebook a interdit plusieurs pages appartenant à de médias à diffusion virale tels que In the Now parce qu’elles sont affiliées au réseau RT financé par la Russie, bien que ces organes de presse ne violent aucunes des règles du réseau social. 
Pourtant The Electronic Intifada révèle en exclusivité que Facebook a donné son accord à un réseau de pages secrètes et trompeuses gérées par The Israel Project, un groupe de pression qui collabore avec le gouvernement israélien et avec l’establishment militaire israélien afin d’influencer l’opinion publique contre les Palestiniens.
La semaine dernière, Facebook a supprimé plusieurs pages gérées par Maffick Media. Cela intervient après que CNN ait publié un article expliquant que l’actionnaire majoritaire de l’entreprise “est Ruptly, une filiale de RT, financée par le gouvernement russe.”
La journaliste Rania Khalek intervient régulièrement sur l’un de ces organes de presse, In The Now, et fait le buzz avec des vidéos d’actualité, y compris une vidéo récente qui réfute l’argumentaire surlequel s’appuie l’administration Trump pour justifier ses tentatives faire changer le régime au Venezuela :
C’est dans des moments comme ceux-là que vous devriez vraiment vous demander pourquoi la CNN, pourquoi le gouvernement états-unien et les groupes de réflexion qui sont à son service ont tellement peur de ce que des personnes comme moi et @AnissaNow avons à dire. Ces entités veulent vraiment nous faire taire. Pourquoi ? Parce que nous disons ce genre de choses : pic.twitter.com/xMabspwZcP
— Rania Khalek (@RaniaKhalek) 16 Février 2019
Auparavant, Rania Khalek écrivait pour The Electronic Intifada.
Censure gouvernementale
Comme Kevin Gosztola l’a rapporté sur Shadowproof, l’article choc de CNN ne révèle aucune infraction des règles de Facebook sur les pages de Maffick Media.
Sérieusement, je vous encourage à regarder les vidéos que j’ai postées sur ce fil d’actualité et allez voir les autres vidéos de @IntheNow_tweet, sur le changement climatique, la politique et l’histoire. Regardez et demandez-vous pourquoi CNN trouve ces contenus choquants au point de pousser @Facebook à les censurer
— Rania Khalek (@RaniaKhalek) 18 Février 2019
Cela fait trois 3 jours que @facebook a suspendu la page @IntheNow_tweet à la demande de @CNN et des groupes de réflexion financés par le gouvernement états-unien. Nous avions près de 4 millions d’abonnés, nous n’avons enfreint aucune règle de Facebook, nous n’avons pas été prévenus et Facebook ne nous répond pas. 
— Rania Khalek (@RaniaKhalek) 18 Février 2019
Cependant CNN s’appuie sur Ben Nimmo, prétendu expert de l’Atlantic Council’s Digital Forensic Research Lab, pour affirmer que les journalistes de In The Now “favorisent régulièrement le discours du Kremlin, particulièrement lorsqu’il s’agit de dénigrer l’occident.”
Groupe de réflexion pro-guerre, The Atlantic Council se vante d’être financé par l’OTAN, les gouvernements des États-Unis, du Royaume-Uni et des Émirats Arabes Unis, ainsi que par une ribambelle de sociétés d’armement.
Son soi-disant fin limier numérique Nimmo a déjà de grosses erreurs à son actif ; il a notamment présenté à tort des personnes, dont un pianiste ukrainien et un citoyen britannique d’un certain âge, d’être des “bots Russes” (comptes automatisés servant à gonfler le nombre de messages).
CNN a également reconnu qu’elle a eu connaissance de la relation entre Maffick Media et RT par l’Alliance for Securing Democracy, une émanationdu German Marshall Fund, financé par les Etats-Unis et l’OTAN.
Le “conseil consultatif” de l’Alliance for Securing Democracy n’est autre que le bottin mondain des personnalités et des idéologues d’extrême droite du gouvernement états-unien. Parmi eux figurent l’ancien secrétaire à la sécurité intérieure Michael Chertoff, le faucon de guerre néoconservateur Bill Kristol, l’ancien directeur par intérim de la CIA Michael Morell, John Podesta, le directeur de campagne présidentielle d’Hillary Clinton et l’ancien commandant en chef allié de l’OTAN, l’Amiral James Stavridis.
Les journalistes de CNN affirment que leur “enquête” sur le réseau a permis de mettre à jour le fait que “la Russie finance la production de vidéos virales destinées aux Américains”, bien que le fait que In The Now reçoive des financements russes n’était pas un secret et que cela se savait largement.
CNN a même déformé les propos du chef d’exploitation de Maffick Media, J. Ray Sparks, afin de laisser entendre qu’il reconnaissait une attitude sournoise de la part de son entreprise afin de dissimuler ses financements russes, alors qu’il faisait simplement remarquer que cela est une “pratique courante du secteur” au sein des organes de presse de ne pas divulguer en détail leurs propriétaires.
CNN a été forcée de publier une correction après que Gosztola ait révélé cette supercherie.
Voici une conversation que j’ai enregistré avec @RaniaKhalek au sujet de CNN, qui a créé une histoire autour de son travail et de celui de In The Now. Ils n’avaient pour ainsi dire rien jusqu’à ce que Facebook censure des journalistes critiques du gouvernement états-unien. A ce moment là, la CNN a publié leur article. https://t.co/da2B4XoGgl
— Kevin Gosztola (@kgosztola) 19 Février 2019
Le journaliste Glenn Greenwald, un militant anti-censure, a accusé CNN d’être “obsédée et résolument dévouée à faire pression sur les entreprises de réseaux sociaux afin de censurer les contenus politiques sur internet qui critiquent le gouvernement états-unien.”
CNN est obsédée et résolument dévouée à faire pression sur les entreprises de réseaux sociaux afin qu’ils censurent les contenus politiques sur internet qui critiquent le gouvernement états-unien. Pour ce faire, elle travaille main dans la main avec des groupes financés par le gouvernement. Quel comportement étrange pour un organe de presse : cela ressemble plus à une émanation du Département d’État. https://t.co/9fKht31I7o
— Glenn Greenwald (@ggreenwald) 19 Février 2019
Greenwald a également montré que le propriétaire de la CNN, “AT&T, entretient des relations très privilégiées avec la sécurité de l’État, particulièrement l’espionnage.”
Le propriétaire de CNN, AT&T, entretien des relations très privilégiées avec la sécurité de l’État, particulièrement l’espionnage. CNN n’a jamais révélé cela. CNN emploie de nombreux anciens agents. Elle ne dévoile jamais les intérêts de ce qui font la promotion d’armement dans les guerres qu’ils encouragent. Mais elle demande à FB de censurer les autres. 
— Glenn Greenwald (@ggreenwald) 19 Février 2019
En outre, la chaîne “emploie de nombreux anciens agents” et “ne dévoile jamais les intérêts de ce qui font le promotions d’armement dans les guerres qu’ils encouragent,” ajoute Greenwald. “Mais elle demande à Fb de censurer les autres.”
Secrète propagande israélienne
Le retrait précipité par Facebook de pages appartenant à des organes de presse critiquant la politique du gouvernement états-unien contraste vivement avec le fait que le réseau social n’a pris aucune mesure au sujet de la secrète campagne d’influence menée par The Israel Project, un important groupe de pression.
Sa volonté de manipuler les utilisateurs crédules de Facebook a été mis à jour dans The Lobby – USA, un documentaire d’Al Jazeera filmé en caméra cachée qui n’a jamais été diffusé par la chaîne car censuré par le Qatar à la suite de pressions exercées par des organisations pro-israéliennes. 
Mais, grâce à une fuite, The Electronic Intifada a obtenu une copie du film et l’a publié dans son intégralité in Novembre dernier.
The Israel Project a créé un réseau de pages, anodines en apparence, parmi elles Cup of Jane, qui compte plus d’un demi million d’abonnés, Soul Mama, History Bites, We Have Only One Earth et This Explains That.
Ces pages parlent presque uniquement de sujets amusants ou légers, souvent avec une touche progressiste ou féministe, ne faisant presque pas allusion à Israël. 
Mais The Israel Project injecte régulièrement du contenu pro-israélien dans le fil d’actualité, alors qu’il cache complètement ou ne reconnaît pas explicitement que ces pages sont gérées par un groupe qui a pour objet la promotion d’Israël ainsi que celle de la politique de son gouvernement. 
Dans le film censuré, Jordan Schachtel, qui travaillait alors pour The Israel Project, explique au journaliste infiltré d’Al Jazeera la logique et l’étendue de l’opération secrète sur Facebook.
“Nous diffusons plein de contenu pro-israélien dans les canaux des réseaux sociaux qui ne sont pas les canaux de The Israel Project,” explique Schachtel au journaliste infiltré. “Donc on a beaucoup d’autres pages qu’on utilise pour influencer le débat public.”
“C’est pour ça que c’est secret,” ajoute Schachtel. “Parce qu’on ne veut pas que les gens sachent que ces autres pages sont liées à The Israel Project.”
Le journaliste demande si l’idée de “publier plein de choses qui ne concernent pas Israël est pour permettre aux choses sur Israël de passer plus facilement.”
“On veut juste se fondre partout,” explique Schachtel.
On entend aussi David Hazony, le directeur général de The Israel Project, dire au journaliste infiltré d’Al Jazeera : “Il y aussi plein de choses que nous faisons qui sont complètement cachées. Nous travaillons avec beaucoup d’autres organisations.”
“Nous produisons du contenu qu’elles publient ensuite sous leur propre nom,” ajoute Hazony.
En Septembre, peu après avoir révélé l’existence des pages gérées par The Israel Project, The Electronic Intifada a demandé à Facebook si cette secrète campagne d’influence enfreignait les règles de Facebook. Cela faisant particulièrement écho au scandale des accusations, bien qu’infondées ou fausses, contre la Russie d’utiliser le réseau social pour influencer l’élection présidentielle états-unienne de 2016. 
Jusqu’à présent, The Electronic Intifada n’avait pas publié la réponse de Facebook : un porte-parole de l’entreprise nous a écrit que l’entreprise avait regardé les pages secrètement gérées par The Israel Project et en avait conclut qu’elles “n’enfreignent aucune règle de Facebook.”
Ce n’est pas vraiment étonnant, étant donné que l’on savait déjà que Facebook collabore avec les gouvernements israéliens et états-uniens pour supprimer les comptes que ces gouvernements n’apprécient pas. 
Mais c’est une preuve encore plus claire que Facebook ne s’inquiète pas de protéger ses utilisateurs des propagandes gouvernementales intempestives. 
Au contraire, Facebook s’entend avec les États-Unis et ses alliés, ainsi qu’avec les médias à la solde de gouvernement, comme la CNN, afin de supprimer des reportages et des opinions qui critiquent les États-Unis ainsi que ses régimes amis comme Israël.
Nouvelle politique
Mercredi, Anissa Naoaui, la PDG de Maffick Media, a tweeté que Facebook était en contact avec son entreprise.
Nous sommes en contact avec @facebook. Les pages de Maffick seront remises en ligne si nous mettons à jour notre section à propos. Nouvelle politique. J’aurais juste aimé qu’ils nous contactent plutôt qu’ils nous bloquent. Espérons que cela s’applique à TOUTES les pages, pas seulement à celles qui donnent leur avis et se démarquent! 
— Anissa Naouai (@AnissaNow) 20 Février 2019
“Les pages de Maffick seront remises en ligne si nous mettons à jour notre section à propos,” écrit Naoaui, évoquant la nouvelle politique de Facebook. Elle explique qu’elle aurait aimé que l’entreprise les “contacte plutôt qu’elle [les] bloque.”
“Espérons que cela s’applique à TOUTES les pages, pas seulement à celles qui donnent leur avis et se démarquent,” ajoute Naoaui.
Traduction : LG pour l’Agence Média Palestine
Source : The Electronic Intifada