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Une activiste israélienne qui a giflé le procureur d’Ahed Tamimi veut un procès politique

french.palinfo 19/Janvier/2019
Yifat Doron dit qu’elle a giflé le procureur de l’IDF pour défendre son amie. “Nous ne sommes pas punis de la même manière que les Palestiniens pour les mêmes actions.”

Quelques minutes avant qu’un tribunal militaire israélien a condamné l’adolescente Ahed Tamimi à huit mois de prison, une activiste israélienne, Yifat Doron s’est adressé au procureur militaire, lui a crié « qui êtes-vous pour la juger ? » et elle a giflé le lieutenant-colonel.
Doron a été libérée après sa reconnaissance des faits deux jours à peine après avoir été arrêtée pour avoir giflé le procureur en mars de l’année dernière. Tamimi s’était vu refuser la libération sous caution pendant quatre mois en attendant son procès, pour avoir également giflé un soldat israélien quelques mois auparavant.
Ahed est palestinienne. Yifat est israélienne. Ahed a été placé devant le tribunal militaire israélien. Yifat – bien qu’elle a giflé un officier militaire en Cisjordanie occupée, tout comme Ahed – a été inculpé par un tribunal civil à l’intérieur d’Israël.
Quand Israël occupa la Cisjordanie en 1967, il appliqua le droit militaire au territoire. Techniquement, le droit militaire et le système judiciaire militaire ont juridiction sur les Palestiniens et les Israéliens dans le territoire occupé. En pratique, un Palestinien et un Israélien qui commettent exactement le même crime sur le même territoire sont soumis à des lois et procédures juridiques différentes, ils sont jugés par des tribunaux différents et bénéficient de droits et de protections différents. Contrairement à la gifle d’Ahed, qui faisait les gros titres dans le monde entier et qui semblait gêner l’armée militaire israélienne et la fierté nationale, il n’y a aucune documentation vidéo de l’acte de Doron.
Son procès, pour avoir agressé un fonctionnaire dans des circonstances aggravantes, a débuté mardi dernier à la Cour de magistrature de Jérusalem. L’accusation demande un temps de prison. Devant la salle d’audience à Jérusalem la semaine dernière, Doron a déclaré qu’elle n’essayait pas de faire de déclaration politique lorsqu’elle avait giflé l’officier israélien l’année dernière : « À mon sens, c’était une réaction devant la détresse de mon amie.” a-t-elle ajouté, ce qui a suivi était un exemple de l’apartheid. “Nous ne sommes pas punis de la même façon que les Palestiniens sont punis pour les mêmes actes”, a-t-elle expliqué.
Doron se représente elle-même au procès. « Étant donné que l’arrestation s’est produite dans un contexte politique, je n’ai aucun intérêt à engager toutes sortes d’arguments juridiques » a-t-elle déclaré à propos de sa décision de décliner un avocat. “Je vais me représenter politiquement, je comprends la politique. “Le système juridique est l’un des principaux outils qu’Israël utilise pour opprimer les Palestiniens, a ajouté Doron, et elle espère en faire le procès. Elle espère en particulier souligner les différentes manières dont les Palestiniens et les Israéliens sont traités dans le double système juridique.
Doron ne s’opposera pas à la demande de l’accusation de l’emprisonner, a-t-elle déclaré. « Il y a des gens qui acceptent l’emprisonnement de manière pacifique, comme beaucoup de mes amis palestiniens, qui vivent quotidiennement l’emprisonnement, que ce soit personnellement ou par l’intermédiaire de leurs proches. » La prison fait simplement partie de leur vie, explique-t-elle.
Au cours des dernières années, Doron a visité le village palestinien de Nabi Saleh presque chaque semaine. Elle a participé aux manifestations régulières du village contre l’occupation et a assisté aux funérailles des résidents palestiniens tués par les forces israéliennes pour protester contre les expansions des colonies illégales. Des dizaines de personnes de Nabi Saleh, y compris des mineurs, ont été arrêtées et envoyées en prison pour leur implication dans les manifestations hebdomadaires du village au cours de la dernière décennie.
« Au bout du compte, le but est essentiellement de défendre mes amis », conclut Doron.
La prochaine audience de son procès aura lieu en septembre, dans huit mois. Contrairement à Ahed, qui était en prison en attendant son procès, Doron restera libre jusque-là
Traduit de l’anglais par le Comité Solidarité Palestine de la Région nazairienne
17 janvier | Oren Ziv pour +972