Quelque chose de vraiment grave est en préparation contre les Palestiniens à Gaza
Motasem A Dalloul 13/Janvier/2019 |
Un haut responsable du Bureau politique du Hamas a déclaré lundi que « le pire est à venir » pour la bande de Gaza.
Les remarques de Mousa Abu Marzook ont fait suite à l’annonce par l’Autorité palestinienne du retrait de ses officiers de sécurité du poste-frontière de Rafah, la seule voie entre Gaza et le monde extérieur via l’Egypte.
Il a tweeté les mêmes remarques après que le ministre des Affaires civiles de l’AP, Hussein Al-Sheikh, eut promis que des mesures plus punitives visant à renforcer le siège contre les Palestiniens dans l’enclave côtière étaient en cours.
L’annonce a été faite à l’issue d’une réunion entre le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sisi, au Caire.
Abbas était là pour participer à l’inauguration d’une mosquée et d’une église dans le nouveau quartier administratif de la capitale, mais on ignore ce qui s’est exactement passé entre les deux hommes.
Dalal Salama, membre du Comité central du Fatah, a déclaré que son mouvement tiendrait des réunions avec Abbas à son retour du Caire pour discuter de mesures « plus strictes et plus précises » contre les Palestiniens à Gaza.
La semaine dernière, lorsque l’Autorité palestinienne a payé ses employés dans le territoire assiégé, des milliers de personnes n’ont pas reçu leur salaire. On a révélé plus tard que c’était soit des membres du Fatah fidèles à l’ancien responsable du Fatah Mohammed Dahlan – un rival politique d’Abbas -, soit des personnes qui désobéissaient toujours au diktat d’Abbas de refuser de travailler dans la fonction publique sous le gouvernement dirigé par le Hamas. Abbas a donné son ordre en 2007 lorsque le Hamas a chassé le Fatah de la bande de Gaza, mettant fin à dix-huit mois du chaos sécuritaire qui a suivi la nette victoire du Mouvement de la résistance islamique aux élections générales de 2006. Depuis 12 ans, le chef de l’Autorité palestinienne rémunère les fonctionnaires pour qu’ils restent chez eux afin de contrer le vote populaire.
Selon Maariv, Abbas est susceptible de prendre des mesures punitives supplémentaires à l’encontre du peuple palestinien à Gaza dans son acharnement à marquer un point politique contre le Hamas. Le journal a rapporté les conclusions de responsables israéliens de la sécurité, qui estiment que des mesures punitives plus strictes à l’encontre de Gaza risquent d’affecter la situation sécuritaire en Israël parce que la résistance palestinienne accusera l’Etat d’occupation d’être derrière toutes ces actions et qu’elle réagira en attaquant des cibles israéliennes.
Tout cela suggère que quelque chose de très grave est en préparation contre Gaza. De Norvège, Lo’ay Deeb, directeur du Réseau mondial pour les droits de la personne et le développement, a rapporté que « une escalade sans précédent contre Gaza est imminente ». Il a ajouté qu’un accord signé par les principaux pays arabes incluait l’annonce que Gaza est un « Territoire insurgé ». Les États arabes ne sont pas les seuls à avoir signé ; Israël aussi.
En outre, la chaîne israélienne de télévision Channel 20 a récemment annoncé que les autorités d’occupation ont décidé de suspendre l’aide financière du Qatar pour Gaza, qui transite par Israël. La chaîne a déclaré que le gouvernement israélien a imputé la suspension au fait qu’une roquette aurait été tirée de Gaza à Ashkelon pendant la nuit. Le gouvernement a demandé à l’ambassadeur du Qatar en Palestine, Mohammad Al-Emadi, de reporter sa visite à Gaza prévue dimanche prochain, lorsqu’il devait remettre les fonds qatari pour payer les employés du gouvernement dans l’enclave.
L’Égypte a également signé l’accord. Lorsque l’Autorité palestinienne et le Fatah prennent des mesures contre Gaza ou le Hamas, l’Égypte leur demande généralement de réfléchir à deux fois avant de prendre leurs décisions ou de les annuler. Mais cette fois-ci, lorsque l’Autorité palestinienne a annoncé le retrait de ses officiers de Rafah, l’Égypte a annoncé qu’elle fermerait la frontière à compter d’aujourd’hui mardi ; cela permettra seulement aux Palestiniens qui sont à l’étranger et qui prévoie de retourner à Gaza de rentrer chez eux.
L’Autorité palestinienne a imposé davantage de mesures punitives à la population de Gaza ; les autorités israéliennes d’occupation ont interdit les gros volumes de transferts de fonds vers le territoire ; l’Égypte a fermé le poste frontière de Rafah et une escalade israélienne semble se profiler à l’horizon. Quelque chose de grave est en préparation pour la bande de Gaza et il semble que Abu Marzook ait raison : le pire reste à venir. Si cela se produit, la communauté internationale continuera-t-elle à rester silencieuse, comme lors des précédentes offensives de l’armée israélienne, même si la punition collective constitue une grave violation du droit international ? Le monde a la possibilité de faire quelque chose maintenant ; si l’on veut que les droits de l’homme et la primauté du droit aient une signification quelconque, la communauté internationale doit s’opposer à l’oppression actuelle de plus de 2 millions de personnes emprisonnées à Gaza avant qu’il ne soit trop tard.
Source : Middle East Monitor
Traduction : MR pour ISM