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UE contre Tanzanie : le paradoxe culturel

30.11.2018 – Leopoldo Salmaso
Les déclarations officielles de Federica Mogherini, chef de la diplomatie européenne, sont bien connues. Les faits qui sous-tendent ces déclarations sont moins clairs.

L’interprétation probablement la plus proche de la vérité est proposée par Ansbert Ngurumo dans Sauti Kubwa, 2 novembre 2018 :
« Le président tanzanien a ordonné au chef de la délégation de l’UE Roeland Van De Geer de quitter le pays dans les 24 heures… Van De Geer a été un critique ferme et constant des tendances répressives de la Tanzanie… dénonçant de graves violations des droits humains et des engagements internationaux… L’ambassadeur a été un allié fiable des nombreux dissidents démocratiques. C’est un secret de polichinelle qu’il a organisé d’innombrables réunions avec des politiciens, des militants, des journalistes, des chefs religieux et même des responsables gouvernementaux frustrés. »
Paradoxalement, la goutte qui a fait déborder le vase, selon Ngurumo, était « la position de la mission européenne sur la récente campagne homophobe orchestrée par un commissaire régional démagogique de Dar es Salaam », de laquelle le gouvernement s’était immédiatement dissocié par une note officielle.
Après cela, même l’exubérant commissaire régional, s’adressant aux défenseurs des droits humains et aux citoyens des pays où l’homosexualité est légale, a demandé de « comprendre que la Tanzanie a ses propres lois, sa propre Constitution et ses propres normes de comportement. A Dar es Salaam, être gay n’est pas un droit. C’est un crime ».
Paradoxalement, l’homophobie est le seul sujet sur lequel toutes les populations africaines sont d’accord et sur lequel, en tout cas, la Tanzanie a jusqu’à présent gardé un profil bas, alors que dans d’autres pays comme l’Ouganda voisin, il existe même la peine de mort.
Paradoxalement, l’Occident n’a pas le droit de forcer des populations entières et leurs dirigeants à des « sauts culturels » soudains.
Paradoxalement, aux États-Unis et dans l’Union Européenne, des avocats s’engagent chaque jour à faire valoir les droits civils des personnes dont l’orientation sexuelle est différente de celle qui, dans la courbe de distribution gaussienne, est définie comme « normale ».
Paradoxalement, l’OMS n’a cessé de classer l’homosexualité comme une maladie que dans la dernière (11e) édition de sa CIM (Classification Internationale des Maladies) du 18 juin 2018.