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Suède: la gauche devance la droite, l’extrême droite progresse moins qu’elle espérait

AFP 09/09/2018
Les sociaux-démocrates du Premier ministre suédois Stefan Löfven ont limité la casse ce dimanche 9 septembre à l’issue des législatives en Suède, devançant largement les conservateurs et l’extrême droite qui n’ont pas réussi à passer la barre symbolique des 20%.

Le Parti social-démocrate a remporté 28,4% des suffrages, et perd près de 3 points par rapport aux législatives de 2014. Il enregistre ainsi le plus mauvais score de son histoire, sanctionné pour sa politique migratoire qui a vu l’arrivée en 2015 de 160.000 demandeurs d’asile, un record en Europe rapporté au nombre d’habitants. Le parti conservateur a lui récolté 19,8% des voix (-3,5 points par rapport à 2014).
Alors qu’elle espérait renverser la table, l’extrême droite a réalisé une poussée mais pas la percée annoncée par son président, Jimmie Åkesson, qui disait encore dimanche miser sur entre “20 et 30%” des voix.
Avec 17,6% des votes, les Démocrates de Suède (SD), formation anti-immigration, nationaliste et europhobe n’ont pas réussi à s’imposer comme le deuxième plus grand parti du pays. “Il est temps (que les autres partis) prennent leurs responsabilités et se mettent à discuter avec SD”, a cependant lancé dimanche soir Mattias Karlsson, président du groupe des “Sverigedemokraterna” au parlement.
Le résultat définitif de ces élections reste cependant suspendu aux 200.000 Suédois de l’étranger, dont le vote ne sera dépouillé que mercredi.
“Responsabilité morale”
Aucun camp ne pourra donc obtenir plus de 50% des 349 mandats en jeu au Riksdag, le parlement suédois, annonçant de longues tractations dans les semaines à venir.
“Une chose est sûre, personne n’a obtenu de majorité. Il est donc naturel de lancer une collaboration entre les blocs”, a déclaré devant ses partisans le Premier ministre Stefan Löfven. Cette élection a signé “l’enterrement de la politique de blocs”, a-t-il ajouté, rappelant les partis de la coalition de centre-droit à leur “responsabilité morale”.
Ce dernier est déterminé à rester à la tête du gouvernement et à faire barrage à la formation anti-immigration qui se voit faiseur de rois. Le chef du gouvernement est traditionnellement le dirigeant du parti ayant obtenu le plus grand nombre de voix. Mais le nouveau paysage politique fragmenté de la Suède rend toute conjecture particulièrement hasardeuse.
Le Parti social-démocrate perd près de trois points par rapport aux législatives de 2014, tombant à 28,4% des suffrages, selon des résultats portant sur 99,8% des circonscriptions. Critiqué tout azimuts sur son bilan migratoire et social, le chef de gouvernement apparaît personnellement fragilisé par quatre années d’un mandat tumultueux.
L’extrême droite triomphante
Si les Démocrates de Suède progressent moins qu’entre 2010 et 2014, ce parti anti-système s’est durablement imposé dans le débat politique et se pose en arbitre entre les deux blocs. “Nous sommes les grands gagnants de cette élection (…). Nous allons exercer une véritable influence sur la politique suédoise”, a lancé un Jimmie Åkesson triomphant à ses partisans réunis dans un restaurant de la capitale.
“Je suis prêt à parler, à coopérer, à négocier avec tous les partis, mais je veux surtout inviter Ulf Kristersson à négocier”, a-t-il ajouté. L’opposition est déterminée à déloger les sociaux-démocrates. Mais pour construire une majorité, il lui faudrait dynamiter le cordon sanitaire qui, jusqu’ici, tenait les Démocrates de Suède à distance d’une influence politique directe.
Ce ne sera pas facile, tant centristes et libéraux ont dit et redit leur refus d’un “pacte avec le diable”. Et sept sympathisants conservateurs sur dix ne veulent pas entendre parler d’une main tendue à l’extrême droite.
Si pourtant la droite veut jouer l’alternance, “son gouvernement sera dépendant des Démocrates de Suède et ce ne sera pas gratuit”, analyse pour l’AFP Lisa Pelling, du centre d’études Arena Ide.
La gauche affaiblie
Alors que Stefan Löfven présentait ces législatives comme un “référendum pour l’Etat-providence”, l’extrême droite en avait fait un plébiscite contre sa politique migratoire. En septembre 2015, il justifiait l’ouverture aux réfugiés de Syrie, d’Irak ou d’Afghanistan au nom d'”une Europe qui n’édifie pas de murs”. Deux mois plus tard, il annonçait un tour de vis migratoire et le rétablissement des contrôles aux frontières.
Ancien métallo de 61 ans, le Premier ministre a perdu des électeurs sur sa gauche et sur sa droite. Les uns lui ont reproché d’avoir laissé grand ouvertes les portes du pays aux demandeurs d’asile, les autres de les avoir aussitôt refermées.
Il pourrait parvenir à former un nouveau gouvernement de gauche, de toute façon minoritaire, grâce à la poussée du Parti de gauche. Mais son camp est affaibli par le recul des écologistes, arrivés juste au-dessus seuil des 4% requis pour envoyer des députés sur les bancs du Riksdag.