General

Rejet grandissant des migrants vénézuéliens en Amérique latine

Par 19-08-2018
Plus de 2 millions de Vénézuéliens ont fui leur pays, dont un million sont installés en Colombie. 

Face à l’afflux de réfugiés, d’autres pays latino-américains ont pris des mesures et également durci les conditions d’entrée sur leur sol. Au Costa Rica aussi, des manifestations d’hostilité aux migrants nicaraguayens ont eu lieu ce week-end.

Tout commence samedi matin dans la petite ville frontalière de Pacaraima. Un commerçant est agressé et volé par un homme que la famille de la victime accuse d’être un migrant vénézuélien. Une foule d’habitants en colère s’en prend alors aux deux principaux camps de fortunes où s’entassent un millier de Vénézuéliens.
Avec une très grande violence, la population locale en chasse les migrants, incendie leurs biens, des coups de feu retentissent. Certains migrants répliquent mais la plupart se réfugient du côté vénézuélien de la frontière. Des dizaines de familles sont chassées et renvoyées au Venezuela. La frontière a été fermée.
Brasilia ne se manifeste pas sur les incidents
Officiellement, Brasilia ne s’est pas manifesté sur ces incidents. Et a simplement publié un communiqué pour annoncer l’envoi de 160 membres de la Force nationale sur le terrain, et de 36 volontaires pour soigner les réfugiés, rapporte notre correspondant à Sao Paulo, Martin Bernard.
Auparavant, le gouvernement de Nicolas Maduro lui avait demandé d’agir plus fermement pour assurer la sécurité des ressortissants vénézuéliens, qui traversent la frontière en raison de la crise humanitaire et politique dans leur pays. Au besoin, Brasilia se dit prêt à envoyer l’armée pour ramener le calme.
Etat d’urgence humanitaire
Ce n’est pas la première fois que de telles violences éclatent entre des Brésiliens et des réfugiés vénézuéliens. En février dernier, le gouvernement avait déclaré l’état d’urgence humanitaire dans la région de Roraima, qui manque cruellement de moyens pour prendre en charge les migrants.
Ces Vénézuéliens représentent désormais près de 10% de la population locale.
Après les derniers incidents, le gouverneur de Roraima a demandé à Brasilia de fermer temporairement la frontière avec le pays voisin.
L’ONU estime que plus de 2 millions de Vénézuéliens ont fui leurs pays. Face à l’afflux de réfugiés vénézuéliens, d’autres pays de la région ont également durci les conditions d’entrée sur leur sol. L’Equateur et le Pérou exigent désormais des passeports, que la plupart des Vénézuéliens ne possèdent pas, au lieu de simples cartes d’identité.
Un million de Vénézuéliens en Colombie
Quant à la Colombie, elle redoute que ces migrants restent bloqués dans le pays. Plus d’un million de Vénézuéliens se sont déjà installés en Colombie depuis deux ans, selon le chiffre des autorités migratoires colombiennes, probablement sous-estimé. La plupart de ces Vénézuéliens restent à la frontière, soit parce qu’ils pensent rentrer chez eux très vite, soit parce qu’ils n’ont pas les moyens d’aller plus loin. D’autres arrivent dans des grandes villes.
A Bogota, il est désormais courant de voir des jeunes qui font la manche dans le bus. c’est une image encore très nouvelle, ici, et très forte, quand on sait que le Venezuela est immensément riche en pétrole et qu’il a longtemps été terre d’accueil pour les Colombiens. Il y a aussi des milliers de Vénézuéliens qui ne font que passer par la Colombie pour rejoindre l‘Equateur, le Pérou ou l’Argentine, rapporte notre correspondante dans la capitale colombienne, Marie-Eve Detoeuf.
■ Au Costa Rica, des manifestations contre les Nicaraguayens
Des centaines de personnes, dont certaines arboraient des symboles nazis, ont manifesté ce week-end au Costa Rica pour rejeter les migrants nicaraguayens auxquels ils ont tenté de s’attaquer. Selon le gouvernement, environ 23 000 Nicaraguayens ont trouvé refuge au Costa Rica.
Le Costa Rica a sollicité l’assistance de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), deux instances de l’ONU, pour faire face à l’afflux des Nicaraguayens, qui fuient la crise politique et économique dans leur pays.
Roland de Wilde, de l’Organisation internationale des migrations (OIM), appelle au dialogue général : « Cela pourrait aider les gens à calmer leurs inquiétudes et à comprendre comment ils veulent procéder pour continuer dans la ligne historique et présente du Costa Rica d’hospitalité, de protection internationale. »
Roland de Wilde rappelle aussi l’importance des Nicaraguayens dans l’économie du Costa Rica. « Il y a, bien sûr, ce nombre important de migrants nicaraguayens au Costa Rica qui forment la base de plusieurs secteurs hautement productifs : le tourisme, l’agro-exportation. Beaucoup des Nicaraguayens qui ont demandé l’asile, la protection internationale au Costa Rica, étaient déjà au Costa Rica. »