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A la frontière équato-colombienne, le dur exil des migrants vénézuéliens

Marie-Eve Detoeuf 22-08-2018
Les mesures économiques drastiques annoncées par Nicolas Maduro vont-elles tirer le Venezuela de la crise ? Les Vénézueliens en doutent. 

Par milliers, ils continuent de s’exiler pour s’installer en Colombie, en Equateur, au Pérou, au Chili, au Brésil. La crise migratoire vénézuélienne est devenue un problème régional.

A Rumichaca, le bruit des roues de valise sur l’asphalte, c’est le bruit d’un échec. Celui de la révolution bolivarienne. Les Vénézuéliens qui s’exilent en tirant leurs petites valises ne fuient pas la guerre, ils fuient l’hyperinflation et la faim.
A la frontière entre la Colombie et l’Equateur, comme partout ailleurs, les migrants vénézuéliens sont désormais perçus comme un problème. Depuis trois jours, ils doivent avoir passeport pour entrer en Equateur.
« C’est injuste. N’importe qui, qui ne soit pas vénézuélien, passe ici la frontière avec sa carte d’identité. Un Colombien la montre et il passe. Personne ne lui demande de montrer ses papiers, son passeport, rien », remarque une migrante.
« Il n’y a que les Vénézuéliens qui sont traités comme nous le sommes, dénonce encore cette migrante. Et le pire, c’est que le Venezuela a longtemps ouvert ses portes à tout le monde, à tous les pays. »
Le Venezuela, un pays pourtant riche
Grand producteur de pétrole, le Venezuela a été un temps le pays le plus développé d’Amérique du Sud. « Nous sommes combien de millions à être partis, alors que notre pays a tant de richesses ? », interroge cet homme.
« Nous avons du pétrole, de l’or, des diamants, du fer, du bronze, du charbon. Nous avons de tout pour être une puissance. Et regardez où nous sommes maintenant. On nous fait sentir que nous sommes des voleurs. »
Difficile d’être migrant, même dans cette Amérique latine qui, partout sauf au Brésil, parle la même langue, et qui partout pratique la même religion. « On nous traite comme des déchets, comme des riens. Nous sommes devenus des rats vénézuéliens », s’émeut encore ce même migrant.