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Salah Hamouri: la France botte en touche une nouvelle fois

Pierre
Barbancey, L’Humanite, 29 Juin, 2018

Sollicité
par l’Humanité, le ministère français des Affaires étrangères se borne à
« espérer » la libération de ce ressortissant français incarcéré
depuis dix mois dans le cadre de la « détention administrative »,
alors qu’aucune charge ne lui a été signifiée.
Une «
cour de justice » doit statuer, dimanche, sur une nouvelle détention
administrative de trois mois à l’encontre de Salah Hamouri.
Mercredi,
le ministère israélien de la Défense a demandé à nouveau une détention
administrative de trois mois
à l’encontre de Salah Hamouri. Une « cour
de justice » doit statuer, dimanche, sur cette demande. Cet acharnement
d’un gouvernement d’extrême-droite israélien n’est pas étonnant. Ce qui l’est
plus, en revanche, c’est l’attitude des autorités françaises.
Que ce
soit le président de la république, Emmanuel Macron, ou son ministre des
Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, aucun des deux hommes n’a évoqué
publiquement le cas de Salah Hamouri. Le chef de la diplomatie a été forcé d’en
parler dans l’hémicycle, interrogé par les députés du PCF et de la FI. Il a
répondu sans grande conviction. On a évoqué plusieurs interventions d’Emmanuel
Macron lors de rencontres avec Benjamin Netanyahu. Mais on ne sait pas ce qu’a
répondu le Premier ministre israélien. 
En tout cas, une chose est claire: s’il
y’a bien eu intervention de la France, elle n’a eu aucun effet. Pourquoi,
alors, ne pas faire plus de publicité au cas de Salah Hamouri, comme cela a été
le cas pour Loup Bureau, journaliste français qui était emprisonné en Turquie?
Interrogé dès mercredi par l’Humanité, le ministère des Affaires étrangères ne
souhaitaient pas réagir immédiatement, arguant de la « complexité de la
situation de M. Hamouri » (sic) et attendant plus d’informations des
diplomates sur place. La formule est étrange après dix mois d’incarcération de
ce Français.
Demande
de dossier ? Demande de libération ?
Jeudi,
nous avons reçu un communiqué du ministère des Affaires étrangères. « Nous
ne pouvons que regretter cette décision, sur laquelle doit se prononcer la
justice israélienne dans les prochains jours », peut-on lire, soulignant
que « nous n’avons cessé, depuis l’arrestation de M. Hamouri, de
transmettre des demandes précises aux autorités israéliennes, pour qu’il soit
mis fin au régime de sa détention administrative. ». 
On ne ne sait pas quelles
sont ces demandes. Demande de dossier? Demande de libération? Ce mot n’apparait
qu’en fin de communiqué en ces termes: « Dans l’attente de sa libération,
que nous espérons rapide, M. Salah Hamouri continuera de bénéficier de la
protection consulaire prévue par la Convention de Vienne, au titre de laquelle
il a pu recevoir, depuis le début de sa détention, des visites régulières des
autorités consulaires françaises ». Voilà! Le ministère « espère »
la libération de Salah Hamouri en évoquant les interventions du président, dont
la dernière en date du 5 juin, lorsqu’il a reçu en grandes pompes Netanyahu. 
Emmanuel Macron a « renouvelé notre demande qu’il soit mis fin à la
détention administrative de M. Salah Hamouri. Ces demandes faites par le
président de la République et le ministre sont relayées avec constance auprès
des autorités israéliennes en vue de leur mise en œuvre. »