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Les Rwandaises sur le chemin de l’émancipation

Ghalia Kadiri 06.07.2018
Jusqu’en 2005, Diane était une épouse comme les autres au Rwanda. Elle n’avait pas le droit d’hériter, d’ouvrir un compte en banque ni même de travailler sans le consentement de son mari.

Elle élevait ses quatre enfants et s’occupait des tâches ménagères. Aujourd’hui, elle est « l’homme de la maison », comme elle le revendique haut et fort.

Dans la pièce exiguë qui lui sert de bureau, à Cyahinda, un village du sud du Rwanda, Diane fait les comptes. Propriétaire d’une parcelle de terre avec son mari, c’est elle qui gère l’exploitation agricole. Depuis 2005, une loi sur la propriété foncière oblige les hommes à partager équitablement leurs terres avec leur épouse. « C’est à peine croyable, s’étonne encore la Rwandaise de 55 ans. Avant, on n’avait aucune importance. Personne n’avait jamais vu le potentiel business en nous. »Réunir ses forces
Tout a basculé au lendemain du génocide des Tutsi, en 1994, qui a fait au moins 800 000 morts selon l’ONU. Alors que les Rwandaises étaient traditionnellement cantonnées à leur rôle de mère, beaucoup de veuves et de femmes dont les maris étaient emprisonnés se sont vu confier des rôles jusqu’alors réservés aux hommes. Pendant que le pays des « milles collines » se reconstruisait, elles sont entrées petit à petit sur le marché du travail, en particulier dans les campagnes, où vit plus de 70 % de la population. Depuis, encouragées par l’Etat, les femmes d’agriculteurs se rassemblent en coopératives pour réunir leurs forces.
Diane a rejoint il y a trois ans la coopérative agricole de Cyahinda, soutenue par le Programme alimentaire mondial, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, et l’agence ONU Femmes. Sur les 974 membres, 80 % sont des femmes. « L’idée était de passer de l’agriculture de subsistance à la création de profit », explique Alfonsine, la présidente de la coopérative.