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Les Polonaises se mobilisent aujourd’hui contre une nouvelle loi anti-avortement

Glenn
Cloarec, Le Figaro, 02 juillet 2018

Déjà très
réglementée en Pologne, l’IVG deviendrait désormais interdite même en cas de
graves pathologies ou d’un handicap constatés chez le fœtus. En 2016, la
mobilisation avait réussi à obtenir le rejet d’une législation similaire.
Des
manifestantes lors d’un rassemblement anti-gouvernemental et pro-avortement
devant le parlement polonais. (Varsovie, le 23 mars 2018.) Wojtek RADWANSKI /
AFP

Ce lundi
après-midi, des milliers de Polonaises sont attendues dans les rues de Varsovie
afin de manifester contre un projet de loi visant à imposer de nouvelles
restrictions concernant l’avortement.

La
nouvelle législation, poussée par les ultraconservateurs et leur comité «Stop
avortement», sera à nouveau discutée cet après-midi au Parlement. Elle viserait
à interdire l’IVG
en cas de graves pathologies ou d’un handicap constatés chez le fœtus.
Actuellement, la Pologne
qui est déjà l’un des pays européens à disposer des lois les plus restrictives
concernant l’avortement
-, interdit la pratique sauf dans trois cas : en cas de viol, en cas de danger
pour la femme et en cas de malformation grave et irréversible du fœtus.
Des
manifestations contre cette législation ont déjà été
organisées ces derniers mois
et ont rassemblé des milliers de
personnes dans ce pays à forte influence catholique. En mars dernier, pour un
«vendredi noir» organisé à l’appel d’associations féministes, 55.000 personnes
étaient descendues dans les rues de la capitale. D’autres manifestations
avaient été organisées à travers tout le pays.
Dans un
mouvement coordonné, des jeunes femmes vêtues de noir avaient brandi des
grandes paumes rouges en carton portant l’inscription «Stop». Le même jour, le
commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Nils Muiznieks, avait
averti la Pologne que ce projet interdisant l’avortement en cas de malformation
du fœtus était incompatible avec les engagements du pays en matière de droits
de l’homme.
Mobilisation
à Paris
Devant
l’ambassade de Pologne, à Paris, une petite centaine de femmes s’étaient
également réunies afin de défendre les droits des Polonaises. «Solidarité avec
les femmes polonaises» et «Les femmes décident» avaient-elles scandé. «C’est
une loi scélérate qui condamne la santé et la vie des femmes», avait dénoncé
Véronique Séhier, co-présidente du Planning familial, l’une des associations
qui appelaient au rassemblement parisien. Selon elle, interdire l’avortement
«n’a jamais fait diminuer le nombre d’IVG qui sont pratiquées illégalement, ce
qui entraîne de graves conséquences sur la vie des femmes».
Selon les
organisations féministes, les Polonaises subissent entre 80.000 et 130.000
avortements illégaux chaque année, en général dans les pays voisins, en premier
lieu la République tchèque, la Slovaquie et l’Allemagne. En 2016, à la suite
des débats concernant un autre projet de loi similaire, un appel à la «grève
générale des femmes»
avait été lancée par Krystyna Janda, une
actrice populaire en Pologne. À l’époque, les militantes avaient réussi à
obtenir le rejet de cette législation.