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Une lycéenne évoque son agression sexuelle et est censurée en plein discours

Stéphanie O'Brien, Le Figaro, Le 13 juin 2018
Censurée pendant son discours de fin d'année pour avoir voulu parler de son agression sexuelle, une lycéenne américaine a reçu le soutien de l'actrice Mira Sorvino.
Lulabel Seitz, lors de son discours de fin d'année le 2 juin 2018. Photo capture d'écran YouTube
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«Je me souviens de nos premiers jours, ici, en tant qu’élèves de première année.» C’est avec ces mots que Lulabel Seitz débute son discours le 2 juin, sur le campus du Petaluma High School, en Californie.
Comme les autres diplômés de la promo 2018, la jeune fille de 17 ans a soigneusement rédigé ce texte marquant le passage à l'âge adulte. Mais, pour la lycéenne, c'est aussi l'occasion de révéler l’agression sexuelle dont elle a été victime sur le campus de son établissement.
"Nous ne sommes pas trop jeunes pour parler"
«Nous sommes peut-être la nouvelle génération mais nous ne sommes pas trop jeunes pour parler, rêver et créer le changement. C’est pourquoi, même si certaines personnes de ce campus, ces mêmes personnes qui… ». Après 4 minutes d’un fervent discours dans lequel elle rappelle ses origines familiales, ses rêves et les épreuves surmontées, la lycéenne se voit brutalement privée de micro. En effet, la direction du lycée, qui avait été prévenue des intentions de l'élève, n'a pas hésité à l'interrompre.
Comme le montre la vidéo diffusée sur Youtube, Lulabel Seitz se retrouve dans l’incapacité de poursuivre son intervention. Censurée par la direction de l'établissement, la jeune fille trouve alors le soutien de certains élèves qui se mettent à crier : «Laissez-la parler, laissez-la parler». Mais rien n’y fait et la lycéenne décide alors de se rasseoir.
Le soutien de Mira Sorvino
Le lendemain, Lulabel Seitz décide de publier une vidéo de l’événement suivie d’un enregistrement de l’intégralité de son discours dont la partie censurée évoquant l’agression. «Même en apprenant que sur notre campus certaines personnes défendent les auteurs d'agression sexuelle et font taire leurs victimes, nous ne nous sommes pas laissés abattre.»


En pleine tempête #MeToo, l’histoire de Lulabel Seitz n’a pas tardé à attirer l'attention des médias américains et de Mira Sorvino, une des premières actrices à avoir accusé Harvey Weinstein d'agression sexuelle. Sur son compte Twitter, l'héroïne de Trafic d'innocence écrit : «Ça s'est passé au lycée et l'administration n'a rien fait. Elle parlait des difficultés qu'elle et sa classe avaient surmontées. C'était le moment pour ça. Nous ne souhaitons pas ces choses-là, nous devons les gérer pour qu'elles ne se reproduisent plus, pour nous-mêmes et les autres !»
"Ils m’ont demandé de ne pas en parler"
Interviewée par plusieurs médias américains, Lulabel Seitz explique avoir clairement informé l’administration de cette agression mais sa plainte est restée sans suite. «Ils m’ont demandé de ne pas en parler car cela n’arrangerait rien», raconte-t-elle à CNN. «Ils ont particulièrement insisté pour que je ne parle pas de la façon dont ils ont géré mon agression ainsi que d’autres de façon générale», témoigne-t-elle sur le site National Public Radio.
Lulabel Seitz, qui dit avoir été inspirée par le discours de Martin Luther King, termine sa vidéo par cette citation de Malcom X adressée au proviseur de son lycée : «Un homme qui ne défend aucune cause tombera au nom de n’importe quoi.» De son côté, la direction de l'établissement avance son droit de regard sur les discours. «Si le lycée autorise les prises de parole, alors elle a le droit de contrôler les messages», a déclaré Dave Rose, adjoint du proviseur.