Les villes arabes d’Israël souffrent d’une augmentation de la criminalité et des violences faites aux femmes
Ahmad
Melhem, Chronique Palestine , 8 juin 2018
Les
Palestiniens, qui vivent dans leurs villes et leurs villages à l’intérieur de
la Ligne verte (c à d en Israël), endurent de plus en plus de violences. Le 28
mai, Samar al-Khatib de Jaffa a été tuée et son ami blessé par des tirs sur
leur véhicule près de Rishon LeZion. Abdul Salam Azba a été abattu le 26 mai
par des inconnus devant chez
lui, dans la ville de Qalansawe.
Des citoyens palestiniens d'Israël se tiennent sur une voiture lors d'affrontements à Umm al Fahem, en Israël, le 27 octobre 2010 - photo: Oren Ziv / Activestills.org |
Une
semaine plus tôt, deux autres crimes avaient eu lieu. Le 17 mai, un homme de
Jaffa a tué ses deux
sœurs, Noura et Hayat Moulouk, sous prétexte qu’elles déshonoraient
la famille. Le 16 mai, une femme d’une cinquantaine d’années et sa fille ont été poignardées par un
inconnu à Tibériade.
Violences
et assassinats se multiplient dans les communautés palestiniennes en Israël.
Naila Awwad, directrice de l’Association des femmes contre la violence en
Israël, rend les institutions de sécurité israéliennes responsables de ces
crimes. Elle a déclaré à Al-Monitor : « Les Palestiniens qui vivent dans ces
zones représentent une minorité en Israël et ils souffrent de discrimination et
de marginalisation. Nous pensons que les institutions de sécurité israéliennes
ne se donnent pas la peine de contrôler la circulation des armes, ni de
poursuivre et d’arrêter les meurtriers ».
Selon
Awwad, le meurtre des sœurs Moulouk aurait pu être empêché, parce que
l’assassin sortait de prison, avait été accusé de violence et était considéré
comme une menace pour les citoyens. Des sources
locales indiquaient également qu’il souffrait de problèmes
psychologiques, mais la police n’en a pas tenu compte et l’a relâché malgré les
plaintes de la famille sur son comportement violent.
Les
statistiques recueillies par le Centre Aman
recensent 25 meurtres chez les arabes Israéliens depuis le début de 2018, dont
quatre meurtres (trois des victimes étant des femmes) à Jaffa en mai. Outre les
sœurs Moulouk et Khatib, Rami Fatayarji a été abattu dans le quartier al-Ajami
le 13 mai.
Les taux
de criminalité sont en hausse dans les villes et villages arabes d’Israël. En
2015, le Centre Aman a signalé que 58 personnes
avaient été assassinées, dont 14 femmes. Il y a eu 64 personnes
assassinées, dont 10 femmes, en 2016, et 72 dont 10 femmes, en 2017. La plupart
des meurtres ont été commis avec des armes à feu.
Dans les
villes et municipalités palestiniennes situées à l’intérieur de la Ligne verte,
il y a beaucoup de manifestations sociales et politiques pour protester contre
la violence et contre le peu d’empressement des autorités israéliennes à la
combattre. Des dizaines de militants politiques et d’associations de la société
civile ont participé le 17 mai à une manifestation
à Nazareth pour dénoncer les violences contre les femmes. Le 6 mai,
un convoi de
voitures est parti de la ville d’Oum al-Fahm en direction du bureau
du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Jérusalem pour lui demander
de lutter contre le crime et contre la prolifération des armes.
La
présidente de la Commission de la Knesset sur la condition de la femme et
l’égalité des genres, Aida Touma, membre de la Knesset, a déclaré à Al-Monitor
que la criminalité augmentait dans les villages et les villes arabes parce que
la police israélienne refusait d’arrêter les criminels et d’enquêter
sérieusement sur les crimes.
Elle a
déclaré que 70 % des meurtres commis au cours des dernières années dans les
communautés arabes d’Israël n’avaient pas été élucidés et que leurs auteurs
couraient toujours.
Touma a
accusé les forces de sécurité israéliennes de fermer les yeux sur la
prolifération des armes : « Ils ne veulent pas contrôler la circulation d’armes
parce qu’ils savent que ces armes sont utilisées contre les Palestiniens. S’ils
avaient le moindre soupçon que ces armes puissent être dirigées contre des
Juifs, ils auraient retourné nos villages de fond en comble pour les trouver et
les confisquer ».
Selon des
statistiques
sur les arabes de 48 (arabes israéliens) basées sur des données officielles, la
circulation d’armes dans les communautés palestiniennes en Israël est en
augmentation. En Israël, il y a environ 400 000 armes de contrebande, dont 80 %
se trouvent dans les communautés palestiniennes.
Touma a
ajouté que « les gangs de la société palestinienne n’ont aucun mal à recruter
des jeunes en raison de la pauvreté, du chômage et du manque d’opportunités.
Les jeunes sont attirés par la possibilité de se faire rapidement du fric. »
Le
directeur du Centre Aman Reda Jaber a déclaré à Al-Monitor : « Les communautés
palestiniennes en Israël sont en difficulté parce qu’elles sont régies par les
lois israéliennes et qu’elles ont perdu le pouvoir de faire régner l’ordre chez
elles. Les autorités israéliennes n’entrent pas dans les villes palestiniennes
[ni dans les quartiers arabes des villes mixtes juifs-palestiniens] pour
combattre la criminalité et lutter contre la violence. »
Jaber a
ajouté : « Les gangs du crime organisé sont profondément enracinés dans la
société et ils contrôlent une partie de notre vie. Ils interviennent parfois
pour régler des conflits entre des gens qui se disputent pour de l’argent et
des positions. Ils sont devenus puissants et influents. »