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Les femmes au coeur des Journées européennes du développement

Par Benjamin
Fox, EURACTIV, 5 giu 2018

8 000
professionnels des politiques de développement sont réunis à Bruxelles, autour
de thèmes prioritaires : les femmes, l’accord de Cotonou mais aussi la finance.
Riccardo Mayer/Shutterstock

Les
habitués l’appellent le « Davos du développement ». Les Journées
européennes du développement, qui s’ouvrent le 5 juin à Bruxelles, rassemblent
plusieurs commissaires européens, quatre présidents africains, de hauts
fonctionnaires de l’ONU, les ONG de développement et des businessmen

Les chefs
d’État présents seront le président rwandais Paul Kagamé, le Burkinabé Roch
Marc Christian Kaboré, le président nigérien Mahamadou Issoufou et le président
du Libéria récemment élu, George Weah. La délégation de l’ONU sera  quant
à elle dirigée par le Secrétaire général adjoint Amina J. Mohammed.
Le thème
des JED de cette année est «  Les femmes et les filles au premier plan du
développement durable : protéger, autonomiser, investir ».
Beaucoup
d’autres questions seront néanmoins à l’ordre du jour, du prochain budget
septennal de l’UE à la crise migratoire en passant par les négociations à venir
sur la révision de l’accord de Cotonou  entre l’UE et la communauté des
pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique.
L’égalité
des sexes et l’autonomisation des femmes font partie intégrante de l’Agenda
2030 des Nations Unies pour le développement durable adopté par la communauté
internationale et de chacun des 17 objectifs de développement durable (ODD)
adoptés en 2015.
« Il
ne peut y avoir de développement durable si la moitié de la population mondiale
est laissée pour compte. Nous avons besoin d’une participation et d’un
leadership égaux des femmes et des filles dans toutes les sphères de la vie –
tant en Europe que dans le monde », a déclaré Jean-Claude Juncker,
président de la Commission européenne, qui a ouvert les JED le 5 juin.
La
politique de développement à Bruxelles sera dominée par les discussions sur le
prochain cadre financier pluriannuel de l’UE. La plupart des ONG de
développement ont été consternées par l’annonce du prochain cadre financier
pluriannuel (CFP) de la Commission en mai dernier.
Le budget
de 123 milliards d’euros destiné à couvrir l’ensemble des priorités extérieures
de l’UE pour 2020-2027 a été légèrement plus élevé que prévu, mais reste à
savoir quel montant sera alloué aux dépenses de développement. « Nous
disposerons de ressources supplémentaires importantes », a déclaré un haut
responsable de l’UE.
« La
structure actuelle est clairement inadaptée et nous avons besoin de plus de
flexibilité pour que l’UE et les États membres puissent financer des crises à
court terme, mais nous ne pouvons pas voler Pierre pour payer Paul », a
déclaré Emily Wigens, directrice intérimaire de ONE à Bruxelles, avant
d’ajouter : « Nous voulons un instrument pour la sécurité humaine,
les migrations et le développement durable. »
Le projet
de l’exécutif de l’UE de fusionner ses douze instruments de politique
extérieure existants en un seul inquiète aussi beaucoup.
La
Commission prévoit également d’intégrer son Fonds européen de développement
dans le budget de l’UE. Tous ces sujets seront des sujets de discussion brûlants
dans les panels et en marge des JED.
La
question de savoir qui paie pour financer le développement reste un thème
omniprésent. Avec des niveaux d’aide au développement stagnant à un peu plus de
0,4 % du RNB et peu de volonté politique pour atteindre l’objectif de
0,7 % convenu par l’ONU, la communauté internationale des donateurs veut
que le secteur privé comble le déficit de financement.
La
Commission européenne a proposé une extension de son Fonds européen pour
l’investissement durable (EFSI) – qui cherche à utiliser les garanties
budgétaires de l’UE pour mobiliser les investissements du secteur privé dans
les projets de développement du CFP – et doit dévoiler ses propositions
législatives le 14 juin.
Il s’agit
là d’une source d’inquiétude importante pour de nombreuses ONG. Le mois
dernier, un groupe d’ONG de développement a adressé une lettre ouverte aux
eurodéputés exprimant leurs inquiétudes au sujet de l’EFSI.
« Les
organisations de la société civile ont des préoccupations justifiées
», a déclaré un haut fonctionnaire
de la Commission à Euractiv.
La Banque
européenne d’investissement (BEI), qui gère l’EFSI, est devenue ces dernières
années un acteur majeur de la politique de développement de l’UE. Elle a promis
de concevoir ses programmes de manière à garantir l’égalité d’accès des femmes
et des hommes et de cibler l’autonomisation économique des femmes.
Dans le
même temps, l’ancien Premier ministre finlandais Alexander Stubb,
vice-président de la BEI chargé de l’égalité des sexes, a évoqué la possibilité
que la BEI soit chargée de gérer une nouvelle institution de financement du
développement de l’UE.
Le
contrôle des migrations, qui est devenu un thème commun et central de la
politique de développement de l’UE, sera également un sujet à l’ordre du jour,
car il devient de plus en plus évident que l’UE augmentera le budget pour le
contrôle de ses frontières extérieures et le maintien des migrants à
l’extérieur.
La
directrice générale adjointe de l’Organisation internationale pour les migrations,
Laura Thompson, dirigera un panel sur les femmes et la migration le 6 juin, et
l’OIM accueillera un autre débat sur la réintégration des migrants en Afrique
de l’Ouest.