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Immigration aux Etats-Unis: la polémique enfle, Melania Trump appelle à un accord

Courrier International, 18.06.2018

Les élus
démocrates ont fustigé la “diabolique” séparation des enfants de
leurs parents sans papiers, au coeur d’une vive polémique aux Etats-Unis qui a
conduit la Première dame américaine Melania Trump à plaider en faveur d’un
accord rapide au Congrès.
Des
migrants attendent dans un centre d’aide, le 14 juin 2018 à McAllen, au Texas –
AFP

Dans une
rare incursion sur la scène politique, Mme Trump a dit “détester voir des
enfants séparés de leur famille et espère que les deux camps du Congrès
pourront enfin tomber d’accord pour faire aboutir une réforme réussie de
l’immigration”, a affirmé à CNN la directrice de la communication de la
Première dame, Stephanie Grisham.

“Elle
pense que nous devons être un pays qui respecte toutes les lois mais aussi un
pays qui gouverne avec coeur”, a-t-elle ajouté.
L’administration
américaine a révélé vendredi que sa nouvelle politique de tolérance zéro à la
frontière avec le Mexique avait conduit depuis mi-avril 2.000 enfants à être
séparés de leurs parents, arrêtés pour être entrés illégalement aux Etats-Unis.
Face au
tollé, le président Trump a accusé les démocrates d’être responsables de cette
situation et a réclamé, pour y mettre fin, une vaste réforme sur l’immigration
qui patine depuis des mois au Congrès.
“Les
démocrates peuvent apporter une solution à la séparation forcée des familles à
la frontière en travaillant avec les républicains à une nouvelle loi, pour une
fois”, a-t-il encore tweeté samedi.
La Maison
Blanche revendique ouvertement cette politique, sans en nier l’aspect
dérangeant.
“Personne
n’aime voir des bébés arrachés des mains de leur mère”, a dit dimanche une
proche conseillère de Donald Trump, Kellyanne Conway, sur la chaîne NBC.
L’opposition
démocrate s’est révoltée contre ce qu’elle estime être une manipulation et une
politique qui provoque le malaise jusque dans les rangs républicains.
“Ils
appellent cela +tolérance zéro+ mais un meilleur nom est +humanité zéro+ et il
n’y a absolument aucune logique pour cette politique”, a déclaré le
sénateur Jeff Merkley (Oregon), à la tête d’un groupe d’élus démocrates qui a
visité la frontière.
“Il
est totalement inacceptable (…) de blesser des enfants et de les traumatiser
afin d’envoyer un message politique à des adultes d’outre-mer”, a-t-il
ajouté.
Après
avoir visité un supermarché transformé pour l’occasion en centre d’accueil pour
1.500 enfants de migrants, M. Merkley a affirmé que “blesser des enfants
pour s’en servir de levier législatif est inacceptable”. “C’est
diabolique”, a-t-il martelé.
Même ton
chez l’ex-président démocrate Bill Clinton qui a tweeté: “Ces enfants ne
doivent pas être utilisés comme un outil de négociation”.
L’élue
Sheila Jackson-Lee a accusé le président Trump de mentir lorsqu’il affirme
qu’il ne fait que suivre à la lettre les lois en vigueur.
“Le
président ne dit pas la vérité. Il n’y a pas de loi, il n’y a pas de politique
qui permet d’arracher des enfants à leurs familles”, a-t-elle affirmé.
“Je
vous assure que nous allons nous battre jusqu’au bout pour mettre un terme à ce
programme hideux qui malmène des enfants et représente un énorme abus à
l’encontre des enfants”, a-t-elle poursuivi.
L’ex-Première
dame Laura Bush a, elle, ouvertement critiqué l’approche républicaine.
“J’habite un Etat frontalier. Je comprends le besoin de renforcer et
protéger nos frontières internationales, mais cette politique de la tolérance
zéro est cruelle. Et ça me brise le coeur”, a écrit Mme Bush, qui vit au
Texas, dans un éditorial publié par le Washington Post.
Le rythme
des séparations s’est nettement accéléré depuis début mai, lorsque le ministre
de la Justice Jeff Sessions a annoncé que tous les migrants passant
illégalement la frontière seraient arrêtés, qu’ils soient accompagnés de
mineurs ou pas. Or les enfants ne peuvent être envoyés dans la prison où sont
détenus leurs proches, ce qui conduit aux séparations.
Divisés,
les républicains semblent finalement prêts à présenter la semaine prochaine
deux propositions de loi: l’une satisfaisant leur aile dure et l’autre tentant
de réconcilier modérés et conservateurs mais incluant les demandes de Donald
Trump, notamment une enveloppe de 25 milliards de dollars pour construire un
mur à la frontière mexicaine.
Ce texte
comprendra un amendement s’assurant “que les mineurs accompagnés
appréhendés à la frontière ne soient pas séparés de leurs parents”, selon
une source républicaine.