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RDC: 400.000 enfants risquent de mourir de malnutrition sévère

Par Pauline Verge, Le Figaro, 11/05/2018

Des
tensions intercommunautaires dans le Kasaï, au centre de la République
démocratique du Congo, menacent la survie des habitants de cette province parmi
les plus pauvres du pays. L’Unicef appelle la communauté internationale à
financer une aide humanitaire durable.
Parmi les
pratiques nutritionnelles préconisées par l’Unicef, l’allaitement obligatoire
pendant les six premiers mois des nourisson. Thomas Mukoya/REUTERS

Dans la
crise politique et sanitaire qui ravage la région du Kasaï, au centre de la
République démocratique du Congo, les enfants sont en première ligne. Ils sont
770.000 à souffrir de malnutrition aiguë. 10% des enfants de moins de cinq ans
sont concernés. Dans un rapport
publié jeudi, l’Unicef appelle la communauté internationale à financer une aide
humanitaire durable.

«La seule
chose qui nous manque aujourd’hui, ce sont des fonds pour atteindre l’ensemble
des enfants qui ont besoin de notre aide», écrit Gianfranco Rotigliano,
représentant par intérim de l’Unicef en République démocratique du Congo. Si
les interventions humanitaires ne s’intensifient pas, 400.000 enfants risquent
de mourir de malnutrition sévère.
L’organisation
estime les besoins à 88 millions de dollars. Cette somme est composée de 45,5
millions de dollars dédiés la nutrition, 17,2 millions à une intervention
rapide face aux mouvements de population, 9,2 millions à l’accès à une eau
saine et une bonne hygiène, 7 millions à la protection de l’enfance et 5,3
millions à l’éducation.
224
centres de santé pillés
Les
événements qui ont mené à cette crise ont commencé en août 2016, lorsqu’un chef
local, Jean-Pierre Épandit, est tué par les forces de l’ordre après avoir
organisé une révolte contre le président de la RDC, Joseph Kabila. Des tensions
intercommunautaires éclatent alors dans le Kasaï central et des milices se
forment contre l’armée. Rapidement, le conflit s’étend aux quatre autres
provinces de la région: le Kasaï oriental, Lomami, Kasaï, et Sankuru. Alors que
ces cinq provinces comptaient déjà parmi les plus pauvres du pays, la violence
du conflit a empiré la situation et multiplié les effets de la crise sanitaire.
Des
centaines de milliers de personnes ont dû quitter leur village pour échapper
aux milices et se réfugier dans la brousse, rendant leurs conditions de vie
encore plus difficiles, sans accès à l’eau potable, aux soins de santé et à
l’éducation. Ces derniers mois, les déplacés ont profité de l’accalmie récente
pour rentrer chez eux. Problème: après avoir raté la période des semailles en
2017 et perdu trois saisons consécutives de récoltes, ils n’ont plus rien à
manger. L’ONU estime aussi que 224 centres de santé ont été pillés, brûlés ou
détruits, et 500 écoles attaquées, réquisitionnées ou détruites.
Problèmes
d’accès à une eau saine
Au-delà
de la famine, le Kasaï fait face à une réelle crise sanitaire, avec des épidémies de
rougeole
(9.000 personnes touchées depuis janvier 2017) et de
choléra (4.944 cas signalés dans quatre des cinq provinces de la région). Pour
tenter d’y répondre, l’Unicef a vacciné deux millions d’enfants contre la
rougeole. 71.500 souffrant de malnutrition sévère ont été pris en charge depuis
début 2017.
Par
ailleurs, des aliments thérapeutiques contre la malnutrition sont distribués
dans les centres de santé et les hôpitaux. L’Unicef a aussi entrepris de former
les mères et les agents de santé locaux à de meilleures pratiques
nutritionnelles, notamment pour les enfants de moins de cinq ans. Parmi elles,
l’allaitement obligatoire pendant les six premiers mois d’un nourisson. En ce
qui concerne l’accès à une eau saine, l’organisation construit et répare les
différentes sources d’eau et latrines, et distribue des comprimés de
purification de l’eau.