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Éradiquer l’extrême pauvreté est à notre portée

Dorine
Nininahazwe, Euractiv, 25 mag 2018

Les
investissements africains et européens doivent être fait dès aujourd’hui pour
garantir le développement de l’Afrique pour les 50 prochaines années.

AfricaStudents

Dorine
Nininahazwe est représentante auprès de l’Union africaine de l’ONG ONE, une
organisation international de campagne et de plaidoyer qui lutte contre
l’extrême pauvreté et les maladies évitables particulièrement en Afrique. 

En finir
avec l’extrême pauvreté d’ici à 2030, c’est l’objectif ambitieux que la
communauté internationale s’est fixé. L’extrême pauvreté, c’est en définition
vivre avec moins de l’équivalent de 1,90 $ par jour, mais c’est en réalité
bien plus complexe que cela. L’extrême pauvreté prive aussi ceux qui la
subissent d’un accès à l’éducation ou à des infrastructures sanitaires de
qualité, les empêche de subvenir à leurs besoins les plus basiques, et
finalement, leur enlève toute opportunité d’atteindre leur plein potentiel. Aujourd’hui,
767 millions de personnes vivent encore sous le seuil d’extrême pauvreté en
Afrique, et le combat contre ce fléau est loin d’être terminé. Mais en cette
journée mondiale de l’Afrique, nous ne pouvons que reconnaître les progrès
remarquables réalisés par le continent pour l’éliminer.
Lors du
plus grand rassemblement des dirigeants africains au dernier sommet de l’Union
africaine, 44 pays africains sur 55 ont signé le texte d’une nouvelle zone de
libre-échange continentale africaine, un accord historique après des années de
négociations. Cette mesure rendra les économies africaines plus compétitives,
stimulera le commerce intra-africain et diminuera les milliards dépensés pour
acheter des biens en dehors du continent. En outre, les chefs d’État ont approuvé
la vision du président rwandais Paul Kagamé sur la façon dont une Union
africaine réformée pourrait contribuer à la prospérité du continent, et ont
convenu que l’Afrique devrait être en charge de son propre destin.
Avec tout
le potentiel que l’Afrique détient, il est maintenant temps de passer à
l’action. Le continent est à l’aube d’une formidable transformation
démographique, qui fera de l’Afrique le continent le plus jeune du monde d’ici
à 2050. La jeunesse africaine est son plus grand atout : investir dans
cette population grandissante maximiserait ses chances de tirer profit de ce
dividende démographique. Pour cela, le continent devra créer 22,5 millions de
nouveaux emplois tous les ans. Les pays africains ont clairement défini les
domaines nécessitant des investissements accrus, comme l’éducation, la santé,
l’emploi et l’émancipation des jeunes, ainsi que le renforcement de leur
participation citoyenne et leur représentation au sein des gouvernements. De
même, stimuler les investissements stratégiques dans l’agriculture pourrait
créer des millions de nouveaux emplois, accroitre la rentabilité et combattre
la malnutrition.
A cet
instant critique, l’Afrique a besoin du soutien de ses partenaires les plus
proches, en particulier européens. C’est pourquoi les négociations sur le
prochain budget à long terme de l’Union européenne, le cadre financier
pluriannuel (CFP), doivent garantir 40 milliards d’euros supplémentaires d’aide
extérieure de l’UE par rapport au dernier budget. Avec un nouveau budget d’aide
courant de 2020 à 2027 qui cible les régions qui en ont le plus besoin et donne
la priorité aux secteurs essentiels, l’Union européenne a une opportunité
unique d’accompagner l’Afrique et de l’aider à cultiver le potentiel de sa
jeunesse en plein essor. Les deux continents pourraient ainsi ensemble
contribuer à un incroyable développement de la croissance économique mondiale.
C’est ce qu’on appelle un investissement gagnant-gagnant.
Les
investissements des années à venir, tant africains qu’européens, détermineront
la trajectoire du développement de l’Afrique pour les 50 prochaines années. Ils
pourront positionner le continent vers la réalisation de l’« Afrique que
nous voulons » (« Africa We Want »), un acteur et partenaire
mondial fort, uni et influent, tel qu’envisagé dans l’Agenda 2063, le
programme de l’Union africaine pour transformer le continent au cours des 50
prochaines années. Avec ses économies à croissance rapide, ses populations
urbaines en plein essor, ses industries culturelles et créatives florissantes
et son utilisation innovante des nouvelles technologies, l’Afrique inspire par
son énergie et son enthousiasme. Investir en Afrique maintenant, ce n’est pas
seulement la bonne chose à faire, c’est le meilleur investissement que l’Europe
puisse faire.