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Egypte: un journaliste condamné à dix ans de prison

Courrier International, 23.05.2018

Le
journaliste et chercheur spécialiste du mouvement jihadiste dans le Sinaï
Ismail Alexandrani a été condamné à dix ans de prison par une cour militaire
égyptienne, a affirmé mardi son avocat.
La carte
de l’Egypte – afp.com

Alexandrani,
arrêté en novembre 2015, est accusé de faire partie des Frères Musulmans, la
confrérie panislamique déclarée organisation terroriste par l’Egypte en 2013,
ainsi que d’avoir publié des secrets militaires, a expliqué Me Tarek Abdel Aal
à l’AFP.

Il a
également été accusé de diffuser des informations susceptibles de nuire à la
sécurité nationale dans ses entretiens et ses articles, a ajouté le conseil qui
a également assuré qu’il ferait appel.
Arrêté il
y a deux ans et demi à son retour de Berlin à l’aéroport d’Hurghada, station
balnéaire sur les bords de la mer Rouge, il était depuis maintenu en détention
provisoire.
Spécialiste
notamment de la question jihadiste dans le nord du Sinaï, où les forces de
sécurité luttent contre une insurrection menée par le groupe Etat islamique,
Alexandrani s’était rendu en Allemagne pour dispenser des cours sur la
situation en Egypte, à en croire sa femme Khadija Gaafar.
Il est
également connu pour ses écrits anti-régime et pour sa critique du rôle de
l’armée en politique.
La revue
française “Orient XXI”, à laquelle il contribue, a confirmé la
sentence. Fin 2017, Reporters sans frontières avait réclamé sa libération
“sans condition”.
Ce
verdict “illustre les représailles vicieuses du gouvernement contre les
journalistes qui traitent des questions sensibles”, a estimé la directrice
Moyen-Orient de Human Rights Watch Sarah Leah Whitson.
“C’est
également un rappel que le gouvernement entend garder les abus des militaires
sur les habitants du Sinaï loin des médias”, a-t-elle ajouté.
Les
associations de défense des droits de l’homme accusent le président égyptien
Abdel Fattah al-Sissi d’avoir installé un régime répressif non seulement contre
les Islamistes, mais élargies progressivement à toute forme de dissidence.
Al-Sissi,
a été élu en 2014, un an après avoir mené le coup d’état militaire contre le
président islamiste Mohamed Morsi. Il a été réélu à la tête du pays en mars
2018.