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Une initiative citoyenne appelle à la protection des minorités européennes

Euroactiv,
30 mar 2018

L’initiative
européenne pour la protection des minorités nationale « Minority
SafePack », a encore cinq jours pour collecter les 300
000 signatures manquantes pour
obtenir le droit d’être examinée par l’UE. Un article du
partenaire d’Euractiv Pologne, Gazeta Wyborcza.
Des
panneaux en polonais et en allemand à la gare du village de Suchy Bor,
dans le
sud-ouest de la Pologne, le 30 octobre 2012. [Epa/Krzysztof Swiderski]
L’initiative
citoyenne, baptisée «
Minority
SafePack
»
(paquet de protection pour les minorités nationales) a été lancée par l’Union
fédéraliste des communautés ethniques européennes (UFCE).
 
Cette ONG
internationale, créée en 1949 en collaboration avec le Conseil de l’Europe,
rassemble 99 minorités nationales de tout le continent européen. Dans le cas de
la Pologne, l’UFCE regroupe les communautés allemande, kachoube et lemko.
Les
initiatives citoyennes permettent aux citoyens de l’UE d’attirer l’attention de
la Commission et du Parlement sur une question importante. Pour ce faire, elles
doivent collecter un million de signatures.
L’objectif
de l’initiative « Minority SafePack » est de convaincre les États
membres d’adopter une législation protégeant l’identité, la culture et les
langues des minorités européennes. L’UFCE souhaite que l’UE crée un Office pour
la diversité linguistique promouvant les langues régionales et minoritaires,
telles que le kachoube, le gaélique, l’écossais et le lusitanien, les
protégeant ainsi de la disparition.
L’initiative
n’est pas anodine, car les communautés linguistiques minoritaires doivent faire
face à de nombreux défis dans la vie de tous les jours. Par exemple, il est
parfois difficile pour elles d’appeler une ambulance ou la police quand la
personne au bout du fil ne parle pas leur langue. Jusqu’à présent, le
Royaume-Uni est le seul pays à s’être attaqué au problème en s’assurant qu’il y
ait des locuteurs gallois dans chaque équipe.
Les
communautés ethniques déplorent le manque d’écoles dans lesquelles leurs
enfants peuvent étudier ainsi que la difficulté d’obtenir des fonds pour leurs
initiatives locales. En effet, la majorité a généralement la priorité pour
l’acquisition de fonds.
Un autre
problème est le géoblocage des plateformes numériques, c’est-à-dire le fait de
bloquer l’accès à un contenu en fonction de la provenance géographique. À titre
d’exemple, les résidents germanophones du Sud-Tyrol en Italie ne peuvent
pas regarder les programmes télévisés allemands ou autrichiens sur Internet.
Les Ukrainiens vivant en Pologne ou les Polonais en Lituanie ne peuvent pas
voir leurs émissions préférées dans leur langue maternelle. Pour l’UFCE, le
géoblocage doit donc être supprimé.
La
Commission s’est déjà attaquée à ces restrictions. À partir du 1er avril 2018,
les Européens auront accès dans n’importe quel pays de l’Union aux plateformes
en lignes auxquelles ils sont abonnés. Ces règles s’appliqueront aux services
payants, mais les fournisseurs de contenu gratuit pourront également les
appliquer.
En
Pologne, plusieurs associations ont pris part à la collecte de signatures pour
l’initiative « Minority SafePack » : l’Association des sociétés
socioculturelles allemandes, l’Association kachoube-poméranienne, l’Institut
kachoube de Gda
ńsk, l’Association du peuple kachoube, l’Union des
Ukrainiens ainsi que l’Association russe pour la culture et l’éducation.
L’initiative « Minority SafePack » est également soutenue par la
minorité biélorusse ainsi que les communautés karaïtes et roms dans le pays.
Jusqu’à
présent, près de 700.000 personnes à travers
l’UE ont soutenu l’initiative. Pour qu’elle soit examinée par la Commission et
le Parlement, elle doit encore collecter 300
000 signatures avant le 3 avril 2018. Si l’action
aboutit, le Parlement européen organisera une audition publique spéciale à
laquelle la Commission devra ensuite répondre par écrit.