General

Surprise et préoccupation au Swaziland, rebaptisé par son roi

LaPresse, 20 avril 2018

Les
habitants du Swaziland commentaient vendredi le changement du nom de leur pays,
rebaptisé la veille eSwatini par le roi Mswati III, dernier monarque absolu
d’Afrique.
Mswati
III (à gauche) a fait cette annonce, à la surprise générale, lors des
cérémonies ayant marqué jeudi le 50e anniversaire de l’indépendance de ce
petit État d’Afrique australe. Photo archives Reuters.
Mswati
III a fait cette annonce, à la surprise générale, lors des cérémonies ayant
marqué jeudi le 50e anniversaire de l’indépendance de ce petit État d’Afrique
australe, ancien protectorat britannique, enclavé entre l’Afrique du Sud et le
Mozambique.
ESwatini
signifie «le pays des Swazis», en langue swati. Le nom Swaziland est un mélange
des langues swati et anglaise.
Pour ses
adversaires, cette décision est révélatrice de l’autoritarisme du monarque, qui
gaspille les fonds de l’État alors que le pays souffre de la pauvreté.
«Nous
voyons bien ici le style autocratique du roi Mswati», a ainsi dénoncé Alvit
Dlamini, dirigeant du Congrès national de libération Ngwane, un parti politique
qui, comme tous les autres, n’est pas autorisé à participer aux élections.
«Il n’a
pas le droit de changer le nom du pays à sa guise. Il est censé consulter la
nation», a-t-il ajouté, en soulignant le coût d’une telle mesure, dans un pays
où 63% des 1,3 million d’habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté, selon
le Programme alimentaire mondial.
De son
côté, le Congrès des syndicats du Swaziland a prévenu que le changement ne
prendrait pas effet immédiatement et que lui-même n’envisageait pas de modifier
son nom de manière imminente.
«Le
Parlement doit maintenant entamer la procédure d’amendement de la Constitution.
Le changement ne peut pas se faire de manière hâtive», a expliqué à l’AFP son
secrétaire général par intérim, Mduduzi Gina.
Pour une
majorité de Swazis interrogés, le changement de nom entraîne la crainte de
dépenses inutiles et d’un accroissement de la bureaucratie.
«Nous ne
souffrons pas tous d’un complexe d’infériorité», a commenté Hynd Shongwe, un
habitant de Mbabane, dans une pique adressée au roi, qui avait justifié le
changement de nom pour se débarrasser d’une référence coloniale.
«Mon
souci, c’est le coût et le désagrément d’avoir à modifier tous les documents
officiels», a-t-il poursuivi.
Contrairement
à d’autres pays africains, le Swaziland n’avait pas changé de nom lorsqu’il
avait accédé à l’indépendance en 1968.
L’idée
d’un changement de nom était évoquée depuis plusieurs années et le roi Mswati
III avait déjà utilisé le terme de eSwatini dans des discours.