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Les nouveaux migrants du climat, un fléau prévisible

Par Marc
Epstein, L’Express, 31/03/2018

Dans les
trente années à venir, des dizaines de millions d’êtres humains se jetteront
sur les routes, obligés de quitter leur région d’origine pour raisons
climatiques.
Ici, au
Bangladesh, les déplacements sont dûs à la montée des eaux et au recul du
littoral. Mais la menace varie selon les pays. REUTERS/Mohammad Ponir Hossain

 

Comment
vivrons-nous, demain, quand la Terre comptera toujours plus d’habitants, que
les pluies y seront moins nombreuses et les récoltes, plus faibles? Dans les
trente années à venir, des dizaines de millions d’êtres humains se jetteront
sur les routes, obligés de quitter leur maison et leur région d’origine, comme
l’expliquent les auteurs d’un récent rapport de la Banque mondiale sur les
migrations climatiques internes dans le monde, d’ici à 2050. Les crises sont
déjà là. Et elles menacent de s’aggraver.  
L’Ethiopie
pourrait voir une grande part de ses habitants migrer en raison de sa
croissance démographique et de la multiplication
des sécheresses
. Au Bangladesh,
la montée des eaux marines provoque le recul inexorable d’un littoral fragile
et surpeuplé. Au Mexique, la hausse des températures et la baisse de la
production agricole pourraient pousser toujours plus de ruraux vers les zones
urbaines…  
143
millions de réfugiés climatiques attendus
La Banque
mondiale estime que trois zones continentales, en particulier, sont menacées:
les migrants environnementaux pourraient être 86 millions en Afrique
subsaharienne, 40 millions sur le sous-continent indien, 17 millions en
Amérique latine. Soit 143 millions de déplacés, au total, selon le “pire
scénario”. 
Elle fait
cependant valoir que l’on peut encore éviter qu’une centaine de millions de
personnes quittent leurs pays. D’abord, en réduisant les émissions de gaz à effet
de serre, accusées de provoquer une hausse
globale des températures
, la fonte des glaciers, la montée du niveau
des océans… Ensuite, en anticipant dès maintenant le déplacement inévitable
de quelque 40 millions de réfugiés
climatiques
“Les
mesures que les villes prennent pour faire face à l’arrivée grandissante de
migrants fuyant les zones rurales et faciliter leur accès aux études, à la
formation professionnelle et à l’emploi seront payantes à long terme, souligne
la directrice générale de la Banque, Kristalina Georgieva. Il faut aussi aider
les gens à faire le bon choix entre rester là où ils vivent, ou se déplacer là
où ils seront moins exposés aux dérèglements
du climat.
” L’annonce par Donald Trump
de la sortie des
Etats-Unis de l’accord de Paris
n’invite pas à l’optimisme.