General

La lutte contre l’excision avance en Guinée

Par Mohamed Siali, Euractiv, 13
apr 2018

En
Guinée, 97 % des femmes ont subi des mutilations génitales, une pratique
pourtant interdite par la loi. Pour lutter contre ce fléau, l’État et les ONG
ont mis en place plusieurs initiatives. Un article de
notre partenaire, Euroefe
.
L’excision
féminine sévit en Guinée, notamment à cause des traditions culturelles et de la
pression sociale. [Pierre Holtz UNICEF/Flickr]
Le 28
décembre 2015, Koumba Tonguino, une fillette guinéenne de cinq ans, est décédée
à la suite d’une excision. Les habitants du village de la préfecture de
Guéckédou ont fait croire aux parents qu’un mauvais sort jeté par les sorciers
du village avait causé la mort de leur fille. Pourtant, par les responsables de
la mort de la petite fille se trouvait son grand-père.
 
En
Guinée, la plupart des femmes subissent des mutilations génitales, une pratique
pourtant interdite par la loi depuis 2010. Selon le Fonds des Nations Unies
pour l’enfance (UNICEF) et pour la population (FNUAP), l’excision féminine
sévit en Guinée, notamment à cause des traditions culturelles et de la pression
sociale.
En effet,
les femmes dont le clitoris n’a pas été enlevé sont encore considérées comme «
sales» ou «impures». De plus, une autre fausse
croyance circule sur le fait que le prophète Mahomet aurait recommandé
l’excision féminine. Et lorsqu’il y a des complications, la population accuse
les mauvais esprits.
En 2008,
l’UNICEF et le FNUAP ont lancé un programme
commun contre la mutilation génitale féminine et l’excision
dans 17
pays, qui est actuellement évalué par une délégation de la commission du
développement
du Parlement européen, présidée par Norbert Neuser,
eurodéputé allemand du S&D.
Maria
Noichl, une eurodéputée allemande du S&D, et Adam Szejnfeld, un eurodéputé
polonais du PPE, font également partie de la délégation qui s’est rendue en
Guinée du 4 au 6 avril pour évaluer le programme commun et d’autres projets
financés par l’UE dans le secteur de la santé, notamment sur le virus Ebola qui
a touché le pays entre 2014 et 2016.
L’épidémie
d’Ebola, qui a tué plus de 11
000 personnes en Afrique de l’Ouest entre 2014 et 2016, a
permis aux experts de tirer des leçons afin d’améliorer les services de santé
en Guinée. Un article de
notre partenaire, Efe-Epa.
Les
eurodéputés ont rencontré les autorités sanitaires guinéennes et des responsables
d’organisations telles que l’UNICEF, le FNUAP ou l’Organisation mondiale de la
santé (OMS).
Un des
pays les plus touchés par les mutilations génitales féminines
Selon les
estimations de l’OMS, entre 100 et
140 millions de filles et de femmes dans le monde ont subi une mutilation
génitale
. En Afrique, on estime que trois millions de filles par an
risquent de subir ce type de mutilations.
La Guinée
reste l’un des pays les plus touchés par cette pratique : 97 % des
femmes entre 15 et 49 ans ont subi une excision entière ou partielle du
clitoris. Cependant, la donne est en train de changer  : les mutilations
génitales ont diminué de 46 % pour les filles de moins de 15 ans, selon
des données de 2015 de l’UNICEF.
Cette
même étude révèle que seulement 21 % des Guinéennes pensent qu’il faudrait
mettre fin à cette pratique qui met leur vie et santé sexuelle en danger.
Étonnamment, 38 % des hommes estiment qu’il faudrait y mettre fin.
Ces
données sont plus encourageantes chez les adolescents (de 15 à 19 ans) :
27 % des adolescentes et 41 % des adolescents sont d’avis que
l’excision devrait cesser.
Des
sermons contre l’excision
Pour
lutter contre les mutilations génitales féminines, les organisations en Guinée
ont eu l’idée d’impliquer le ministère des affaires religieuses, la plus haute
autorité islamique du pays, qui gère 3800 mosquées en Guinée.
Ainsi, la
quatrième conférence nationale des ulémas, les spécialistes du Coran, a émis
une fatwa [un avis sur une question d’ordre juridique ou théologique] statuant
que l’excision était contraire à l’islam. Par la suite, ils ont diffusé dans
toutes les mosquées deux sermons destinés à délégitimer cette pratique.
De plus,
les écoles coraniques ont commencé à sensibiliser autour des conséquences
catastrophiques de l’excision.
Le nombre
de personnes impliquées dans la lutte contre ce fléau est impressionnant :
1.
422 chefs
religieux, 3.
200 agents
de protection de l’enfance, 2.
556 enseignants des écoles primaires et 300 assistants
sociaux, selon les données de l’UNICEF et du FNUAP.
Une
campagne de sensibilisation a été menée : 20 femmes qui pratiquaient
auparavant l’excision ont fait part de leurs témoignages et ont sensibilisé la
population sur les conséquences désastreuses de cette tradition.
Dans les
pays en développement, les femmes livrent aussi bataille dans la rue et sur les
réseaux sociaux pour faire valoir leurs droits. Un article de
notre partenaire El País – Planeta futuro.
Enfin, 32
jeunes ont été engagés et formés pour mener des débats sur l’excision et la
violence de genre sur les réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter et
Instagram. Cependant, seulement 10 % de la population a un accès internet,
selon les statistiques de la Banque mondiale.
Des
campagnes de sensibilisation qui commencent à l’école
Thierno
Barry Maka, directeur adjoint de l’ONG Plan international,
participe aux campagnes de sensibilisation en Guinée, où l’ignorance et la
superstition règnent autour de cette question. Il a présenté aux eurodéputés de
la délégation les projets réalisés dans le sud de la Guinée avec les 3,1
millions d’euros d’aides de l’UE.
Pour Plan
international, les campagnes de sensibilisation doivent commencer à l’école. «
Nous y organisons des projets pour
la communauté, par exemple, nous intervenons en apportant un soutien
psychosocial et nous cherchons à impliquer les structures de base des
communautés
» dans la
prévention de la santé, a déclaré Therno Barry Maka.
L’année
dernière, Plan international a formé 9
.809 professionnels et volontaires sur des questions
de santé et a organisé des ateliers sur la protection de l’enfance où se sont
réunis 10.
695 membres
des communautés.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 
 Avertissement
légal

Ce projet
a été cofinancé par l’Union européenne dans le cadre d’un appel d’offres du
Parlement européen dans le domaine de la communication. Le Parlement européen
n’a pas participé à son élaboration et n’assume aucune responsabilité ou n’est
lié aux renseignements ou opinions exprimés dans le contexte de ce projet.
Conformément à la législation applicable, les auteurs ont interrogé des
citoyens, des éditeurs ou des médias, qui sont seuls responsables de leurs
propos. Le Parlement européen n’assume également pas la responsabilité des
préjudices, directs ou indirects, qui pourraient résulter de la mise en place
du projet.