General

Inde. Volte-face de Modi sur la lutte contre les “fake news”

Courrier International, 03/04/2018

Le
Premier ministre indien a demandé à sa ministre de l’Information de retirer une
circulaire, publiée le 2 avril, qui menaçait de radiation les journalistes
diffusant des informations considérées comme erronées.
Le Premier ministre indien
Narendra Modi lors d’une céremonie à Tripura, 
en Inde le 9 mars 2018. Photo
/ Arindam Dey / AFP

Pour avoir
eu souvent maille à partir avec la presse par le passé, la ministre indienne de
l’Information, Smriti Irani, n’a pas surpris grand monde lorsqu’elle a
diffusé, lundi 2 avril, une circulaire menaçant les journalistes de suspension,
voire de radiation, de leur accréditation en cas de diffusion d’informations
fallacieuses (“fake news” en anglais). Pour autant, lorsque le Premier
ministre, Narendra Modi, lui a demandé mardi 3 avril de renoncer à son projet,
il n’a “pas surpris” lui non plus, tant les nouvelles dispositions étaient “mauvaises
en droit”, estime le
site d’information Scroll
.
Le
retrait de la circulaire “moins de vingt quatre heures” après sa
publication est dû au fait que le texte “bafouait la présomption d’innocence” et
s’avérait “disproportionné”, explique Scroll. Il prévoyait pour les
journalistes considérés coupables une interdiction d’exercer allant “de six
mois à deux ans”, voire définitive, au mépris “de la liberté de la presse et de
la liberté d’expression”.
The Indian
Express souligne que cette affaire intervient
“à l’approche
d’importantes échéances électorales”, les législatives devant avoir lieu dans
un an. “Au nom des ‘fake news’, le gouvernement voulait définir des règles pour
mettre certains journalistes sur liste noire”, d’après le journal. Après
la volte-face du gouvernement, observe-t-il, Smriti Irani s’est déclarée “plus
qu’heureuse de travailler maintenant avec les organisations professionnelles
pour trouver ensemble une solution au problème des ‘fake news’”.
Narendra
Modi souhaite que ce soit le Conseil de la presse d’Inde (PCI), pour la presse
écrite, et l’Association des chaines d’information, pour les télévisions, qui
définissent les futures règles du jeu. Une mise au point qui ressemble fort à
un camouflet pour la ministre de l’Information.