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Eloignés de leurs proches en Allemagne, des réfugiés syriens préfèrent rentrer

Par Pascal
Thibaut, RFI, 13-04-2018

Une
enquête de médias allemands a mis à jour un phénomène inattendu : de
nombreux réfugiés syriens choisissent le retour dans leur pays. Et ce non pas
parce qu’ils ne disposent pas de titre de séjour en Allemagne, car ces
personnes ont des papiers leur permettant de rester en Europe. Ce sont les
difficultés pour permettre à leurs proches de les rejoindre, les entraves au
regroupement familial, qui les incitent à rentrer dans leur pays.
Des
réfugiés syriens arrivent au camp de Friedland, dans le nord de l’Allemagne, le
4 avril 2016. [Image d’illustration]REUTERS/Kai Pfaffenbach

C’est un
peu comme un film qu’on rembobinerait. Après avoir
fui leur pays
et gagné l’Europe parfois dans des conditions très
difficiles, ils refont dans l’autre sens le même voyage. Grâce à leur titre de
séjour en Allemagne,
ces migrants peuvent se rendre sans problèmes en avion en Grèce. La Turquie ne
leur accordant pas de visa, ils doivent gagner ce pays illégalement.

Des
passeurs déclarent dans l’enquête des médias allemands avoir parfois plus de
passage vers la Turquie que dans l’autre sens. Le coût pour traverser le fleuve
Évros qui sert de frontière serait de 200 euros. Ces ex-réfugiés qui ont choisi
de rentrer en Syrie doivent ensuite traverser la Turquie pour rejoindre leur
pays.
Sur des
réseaux sociaux comme Facebook, des groupes permettent d’échanger des
informations sur la meilleure façon de rentrer en Syrie et sur les prix. Bien
qu’ils aient obtenu un titre de séjour en Allemagne, les
difficultés rencontrées pour permettre à leurs proches
restés au
pays de les rejoindre poussent certains à quitter la sécurité de leur exil.
Les
autorités allemandes sont certes au courant de ce phénomène, mais sont
incapables de le quantifier. Des Syriens partis sans laisser d’adresse sont
certes recensés, mais comment savoir s’ils ont choisi de gagner un autre pays
européen ou opté pour un retour au pays ? Interrogées, les organisations
de défense des migrants critiquent les
restrictions faites au regroupement familial
.