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Double attentat suicide à Kaboul: au moins 25 morts dont un photographe de l’AFP

CourrierInternational, 30.04.2018

Au moins
25 personnes, dont un photographe de l’AFP et cinq autres journalistes, ont été
tuées dans un double attentat suicide lundi à Kaboul, dont le second a visé la
presse accourue sur le site.
Des
membres de forces de sécurité afghanes sur les lieux d’un attentat à Kaboul, le
29 janvier 2018 – AFP
L’attaque
a été rapidement revendiquée par le groupe Etat islamique (EI) qui s’en est
pris dnas un communiqué aux “apostats des forces de sécurité et des
médias”.
Selon un
nouveau bilan du ministère de l’Intérieur en milieu de journée à Kaboul, le
double attentat a fait au moins 25 morts et 49 blessés.
“Six
journalistes et quatre policiers figurent au nombre des tués dans ces deux
explosions”, a précisé à l’AFP le porte-parole du ministère Najib Danish.
Shah
Marai, chef photographe du bureau de l’AFP à Kaboul qui s’était rendu sur les
lieux de la première explosion, a été tué par la deuxième déflagration survenue
une trentaine de minutes plus tard.
Shah
Marai travaillait pour l’AFP depuis 1996. Ce quadragénaire a largement
contribué à la couverture de l’Afghanistan lorsque le pays était sous le régime
taliban et à celle de l’invasion américaine de 2001.
Cinq autres
journalistes présents ont été fauchés par cette explosion. Tous travaillaient
pour des télévisions afghanes dont un pour la chaîne Tolo News, déjà éprouvée
par un attentat revendiqué par les talibans en 2016 qui avait fait sept morts.
Selon une
source sécuritaire, le kamikaze qui a visé la presse s’était préalablement
glissé parmi les reporters, “muni d’une caméra”.
“Le
kamikaze s’est fait exploser parmi les journalistes, il a fait des
victimes”, a précisé le porte-parole de la police de Kaboul Hashmat
Stanikzai.
“Nous
sommes dévastés par la mort de notre photographe Shah Marai qui témoignait
depuis plus de quinze ans de la tragédie qui frappe son pays. La direction de
l?AFP salue le courage, le professionnalisme et la générosité de ce journaliste
qui avait couvert des dizaines d?attentats avant d?être lui-même victime de la
barbarie”, a déclaré Michèle Léridon, directrice de l’Information de
l’AFP.
De
nombreux messages de sympathie et de condoléances affluaient au bureau de
l’AFP-Kaboul dont un autre journaliste, Sardar Ahmad, a été tué en mars 2014
avec toute sa famille, à l’exception d’un enfant alors âgé de trois ans, dans
un attentat taliban.
Sardar
était un très proche ami de Shah Marai, qui lui même laisse six enfants dont le
dernier âgé d’à peine quelques semaines.
Le siège
du NDS avait été la cible d’un attentat suicide en mars: un kamikaze à pied
avait franchi le barrage de police et s’était fait exploser à l’entrée des
bureaux faisant trois morts et cinq blessés.
Kaboul est
devenue selon l’ONU l’endroit le plus dangereux d’Afghanistan pour les civils
avec une recrudescence des attentats, généralement perpétrés par des kamikazes
et tour à tour revendiqués par les talibans ou le groupe Etat islamique (EI).
Ainsi,
les attaques visant délibérément les civils ont fait deux fois plus de victimes
sur les trois premiers mois de 2018 – 763 tués, 1.495 blessés – que pour la
même période de 2017.
La
dernière en date dans la capitale, le dimanche 22 avril, a fait près de 60
morts et 20 blessés dans un quartier à majorité chiite: un kamikaze de l’EI
avait visé un centre de délivrance de cartes d’identité en vue des élections
législatives du 20 octobre.
L’une des
attaques les plus meurtrières, le 27 janvier, avait fait 103 morts et plus de
150 blessés dans l’explosion d’une ambulance piégée.