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Des blessures par balle inhabituelles et dévastatrices

Par
Médecins Sans Frontières. ISM, 20 avril 2018

Depuis le
1er avril, les équipes de à Gaza ont accueilli en soins postopératoires près de
500 personnes blessées par balles lors de la « Marche du retour ».
À
l’hôpital Al-Aqsa de Gaza, les équipes de Médecins Sans Frontières (chirurgiens,
anesthésistes et infirmiers) soutiennent les équipes locales pour répondre à
l’afflux massif de blessés par balle. ©Laurie Bonnaud/MSF

En trois
semaines, l’association a traité plus de patients que lors de toute l’année
2014, qui avait pourtant connu l’offensive israélienne « Bordure protectrice ».
Le personnel médical de MSF fait état de blessures dévastatrices d’une sévérité
inhabituelle, extrêmement complexes à soigner et qui laisseront de lourdes
séquelles à la majorité des patients.


Alors que les équipes médicales des hôpitaux de Gaza se préparent à faire face
à un possible nouvel afflux de blessés ce vendredi, les chirurgiens MSF
présents sur place font état de blessures par balle réelle dévastatrices parmi
les centaines de personnes atteintes lors des manifestations des dernières
semaines. Dans les cliniques prodiguant des soins postopératoires spécialisés,
l’énorme majorité des patients – des hommes pour la plupart, mais aussi
quelques femmes et des enfants – présente des blessures d’une sévérité
inhabituelle aux membres inférieurs.


Les
équipes médicales MSF constatent notamment un niveau extrême de destruction des
tissus et des os, et des orifices de sortie de balles démesurés, qui peuvent
avoir la taille d’un poing. « Chez la moitié des 500 victimes de tirs que nous
avons prises en charge, la balle a littéralement détruit les tissus après avoir
pulvérisé l’os, » explique Marie-Elisabeth Ingres, Cheffe de mission MSF en Palestine,
« les patients doivent subir des opérations chirurgicales extrêmement
complexes, et nombre d’entre eux auront des séquelles à vie. »



La prise
en charge de ces blessures est en effet très lourde. Au-delà des soins
infirmiers réguliers, les patients auront souvent besoin d’opérations
chirurgicales supplémentaires, et de très longues périodes de kinésithérapie et
de rééducation. De nombreux patients garderont des déficits fonctionnels à vie
et certains risquent encore l’amputation, faute de soins suffisants à Gaza,
s’ils ne parviennent pas à obtenir les autorisations nécessaires pour se faire
soigner en dehors de Gaza.


Jeunes récemment amputés à Gaza.
Pour
faire face à cet afflux massif de patients, MSF a renforcé son dispositif sur
place, augmenté le nombre de lits de ses trois cliniques et recruté et formé du
personnel médical supplémentaire. Une quatrième clinique ouvrira bientôt ses
portes dans le centre de la bande de Gaza afin d’accueillir les patients
originaires de cette zone.



Dans
l’urgence, MSF a également déployé une équipe de chirurgiens (vasculaire,
orthopédique et de chirurgie reconstructrice) et d’anesthésistes, pour opérer
ou réopérer les cas les plus sévères. Ces équipes travaillent actuellement aux
côtés des équipes des hôpitaux publics d’Al-Shifa et Al-Aqsa.