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Zimbabwe: Robert Mugabe de retour… dans les médias

Le Point Afrique, 16/03/2018

Les mois
passent et le président Mugabe ne change pas ses habitudes et ses déclarations
à l’emporte-pièce. Les dernières en date n’ont pas manqué de faire réagir au
sommet de l’État zimbabwéen.
Robert
Mugabe a accordé deux entretiens à la presse, des entretiens dans lesquels
il a
dénoncé le “coup d’État” dont il aurait été victime, le 21 novembre
2017.

«Je
dis que c’était un coup d’État, (même si) certains ont refusé de l’appeler un
coup d’État», a déclaré d’une voix fatiguée Robert
Mugabe, 94 ans, dans ce tout premier entretien télévisé diffusé par
la chaîne publique sud-africaine SABC. Jeudi, l’ex-président du Zimbabwe – assis
derrière un bureau sous son portrait et celui de son épouse – a donc mis fin au
silence qu’il respectait depuis sa démission,
le 21 novembre.

Sous la
pression de l’armée et de son parti le Zanu-PF, le chef d’État, à la tête du
pays depuis 37 ans, avait dû quitter son fauteuil présidentiel. Un
moment qu’il a d’ailleurs qualifié de «honte à effacer».
«C’était vraiment un renversement par l’armée. Il n’y a eu aucun
mouvement visible jusqu’à ce que l’opération soit autorisée par l’armée»,
a insisté Robert Mugabe durant l’entretien, qui s’exprimait depuis sa résidence
privée de la capitale zimbabwéenne.
Malgré
ces accusations, Robert Mugabe a affirmé ne pas en vouloir à son ancien
vice-président, Emmerson Mnangagwa, qui lui a succédé
. « Je
n’ai pas de haine pour Emmerson », a-t-il assuré, tout en affirmant
n’avoir jamais pensé « qu’il serait l’homme qui se retournerait contre
[lui] ». « Je ne veux pas travailler avec lui, mais il doit être
convenable. Il n’est pas convenable à sa place, il n’est pas légal », a
poursuivi le nonagénaire, « nous devons respecter la loi ».
Le
spectre d’un possible retour inquiète
Des
déclarations et une première sortie qui ont fait grand bruit. Son apparition
sur une photo aux côtés de l’ex-général Ambrose Mutinhir – qui vient de claquer
la porte de la Zanu-PF au pouvoir et a créé un nouveau parti, le Front national
patriotique (NFP) – a même nourri les plus folles rumeurs sur son éventuel
retour en politique. Le Zimbabwéen a même sous-entendu une possible entente
avec son successeur, affirmant qu’il était « d’accord pour discuter »
et pour « aider au processus » de la campagne présidentielle, prévue dans
l’année
. « Mais je dois être invité formellement à cette
discussion », a-t-il précisé.
Des
déclarations ambiguës toutefois balayées dans un autre entretien à la chaîne
britannique ITV News, dans lequel l’ancien chef de l’État affirme qu’il ne veut
pas revenir au pouvoir : « Je ne veux pas être président. Non bien
sûr », dit-il, ajoutant : « J’ai
maintenant 94 ans. » Dans ce même entretien, il affirme
également n’avoir jamais eu la volonté de porter sa femme Grace au pouvoir, une
stratégie pourtant révélée par la plupart des observateurs.
La
réponse sans langue de bois d’Emmerson Mnangagwa
Si
l’ancien président ne mâche pas ses mots, il en va de même pour son successeur
Emmerson Mnangagwa. Même s’il a reconnu que Robert Mugabe avait « le droit
de s’exprimer comme n’importe quel autre citoyen », il a déclaré en
réponse ce vendredi que « la nation a tourné la page de son règne.
Nous devons continuer à nous concentrer sur la préparation d’élections libres,
honnêtes et crédibles en 2018 », a-t-il poursuivi, avant de rappeler
par ailleurs que son gouvernement continuait à « verser ses
allocations » à Mugabe.