General

L’ONU veut réunir des preuves de «possibles crimes internationaux» en Birmanie

Par RFI , 07-03-2018

L’ONU
appelle à la mise en place d’un mécanisme indépendant destiné à examiner les
crimes commis contre les Rohingyas en Birmanie. L’appel est venu du
Haut-commissaire aux droits de l’homme qui demande la constitution d’une équipe
d’enquêteurs chargés de réunir les preuves des exactions.

Des
réfugiés Rohingyas attendent la distribution de nourriture au camp de
Balukhali, près de Cox’s Bazar, au Bangladesh, le 15 janvier
2018.REUTERS/Tyrone Siu
Depuis la campagne de
répression de l’armée dans l’Etat de l’Arakan, 700 000 Rohingyas ont fui
vers le Bangladesh. Un ministre bangladais accuse la Birmanie de faire
obstruction au retour des Rohingyas.
 
Le
Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme persiste et
signe. Le jordanien Zeid Ra’ad al Hussein estime qu’en Birmanie, des actes de
génocide ont été commis. Il accuse les autorités d’effacer toutes traces de
potentiels crimes contre l’humanité et souhaite que des preuves sur les
exactions soient réunies avec la mise en place d’une équipe d’enquêteurs.

Zeid
Ra’ad al Hussein qui s’exprimait devant devant le Conseil des droits de l’Homme
de l’ONU à Genève a recommandé à « l’Assemblée générale de créer un
nouveau mécanisme indépendant et impartial pour préparer et accélérer les
procédures pénales engagées devant les tribunaux contre les responsables
présumés de ces actes ». Ce mécanisme permet de dépasser le cadre d’une
simple mission d’enquête afin de trouver des éléments susceptibles d’être
utilisés à charge devant un tribunal.
Dacca
accuse la Birmanie d’obstruction
Par
ailleurs le ton monte entre Dacca et Rangoon. Un ministre bangladais a déclaré
devant la presse mercredi 7 mars que la Birmanie représentait le mal absolu.
Abul Maal Abdul Muhith reproche à la Birmanie son manque de coopération.
Le processus de rapatriement des Rohingyas a peu de chances d’aboutir, explique-t-il,
d’abord car la Birmanie n’accepterait que 15 réfugiés par jour alors qu’ils
sont un million au Bangladesh. Ensuite parce que les réfugiés ne voudront pas
rentrer dans l’Etat de l’Arakan tant qu’ils craindront d’y être persécutés.
Selon
l’accord signé en novembre les premier retours devaient avoir lieu fin janvier,
et Dacca a récemment remis aux autorités birmanes une liste de 8 000 noms
de réfugiés prêts à repartir en Birmanie, mais le processus est au point
mort. Les ONG, ainsi que l’ONU, avaient dénoncé l’accord de rapatriement
dès sa signature, estimant que la sécurité des réfugiés n’était pas garantie.
Mardi  6 mars, un envoyé spécial du Haut commissariat aux droits de
l’homme de l’ONU a confirmé que le nettoyage
ethnique se poursuivait dans l’Arakan
, et que les Rohingyas étaient
victimes d’une campagne de terreur et de privation de nourriture. Plus de
six mois après le début de l’exode des Rohingyas continuent en effet à quitter
la Birmanie.