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En Grèce, un évêque orthodoxe accusé d’homophobie relaxé

Malo
Tresca, La Croix, le 16/03/2018 à 14h37

Évêque
grec-orthodoxe de Kalavryta, dans le Péloponnèse, Mgr Amvrosios
comparaissait devant le tribunal d’Aigion pour avoir notamment qualifié les
homosexuels de «lie de la société», dans une lettre adressée en
2015 à ses fidèles.
Sergejs
Kuznecovs/Stock.adobe.com

Dans un
pays où l’Église, non séparée de l’État, jouit d’une forte influence, il a
finalement été relaxé, jeudi 15 mars, au terme d’un procès très médiatisé.

Le
verdict est tombé à l’issue de dix heures d’audience, au terme d’un procès très
médiatisé dans le pays. Accusé d’avoir qualifié, dans une lettre adressée en
2015 à ses fidèles, les homosexuels de «lie de la société» et
d’avoir appelé à «leur cracher dessus» ou encore à les
«noircir (de coups)», Mgr Amvrosios (de son vrai nom
Athanassios Lenis), évêque grec-orthodoxe du Kalavryta, dans le Péloponnèse,
comparaissait jeudi 15 mars pour «incitation publique à la
violence» et pour «abus des fonctions ecclésiastiques». Il a
finalement été relaxé.
 
Chargé de
l’instruction, le tribunal d’Aigion, au nord du Péloponnèse, a estimé que ses
propos, alors en réaction à un projet de loi étendant aux homosexuels le pacte
d’union civile, jusque-là explicitement réservé, dans le pays, aux
hétérosexuels (1), ne visaient pas les homosexuels, mais les responsables
politiques, et ne constituaient pas «un appel à la violence».
La «liberté
de parole»
«Le
tribunal a manifestement suivi la défense, qui a invoqué la liberté de parole,
et le fait que l’accusé s’exprimait en tant que représentant religieux»,
a précisé à l’AFP, à l’issue du procès, Lio Kalovirnas, l’un des neuf militants
homosexuels ayant porté plainte contre l’évêque, aujourd’hui âgé de
79 ans. Mais «le simple fait qu’il se soit retrouvé sur le banc des
accusés est une première victoire», estime le militant
Dans un
pays où l’Église, non séparée de l’État, jouit d’une forte influence, les
défenseurs de la cause homosexuelle se sont en effet félicités de la tenue de
ce procès, le premier intenté dans le pays contre un haut représentant de
l’institution, pour des accusations «d’homophobie».
Des «dérapages
discriminatoires»
Outre
Mgr Amvrosios, les évêques orthodoxes du Pirée et de Thessalonique
suscitent régulièrement dans le pays des polémiques alimentées par leurs «dérapages
discriminatoires». L’ancien archevêque d’Athènes, Mgr Christodoulos,
décédé en 2008, avait pour sa part qualifié l’homosexualité de «tare».