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En Albanie, l’école qui efface le souvenir de la dictature d’Enver Hoxha

Par Mimoza Dhima, Euroactiv, 21
feb 2018

En
Albanie, un complexe éducatif a été construit avec des fonds européens sur un
ancien terrain bétonné où le régime communiste du dictateur Enver Hoxha se
préparait à construire des bunkers pour se protéger de l’invasion capitaliste.
Un article d’Euroefe.

 
@Malton Dibra EFE/EPA

L’école
Ardian Klosi de Tirana, est la plus moderne de la capitale albanaise.
Construite grâce à des fonds européens et inaugurée en septembre 2017, elle fait
partie d’un complexe éducatif qui comprendra aussi une garderie, une école
maternelle et un centre socioculturel.
Elle se
situe dans une rue réaménagée, bien illuminée, comprenant des espaces verts et
a apporté un changement radical à « Bregu i Lumit », ce quartier
pauvre de Tirana. La plupart des élèves sont issus de familles pauvres, qui,
après la chute du communisme, ont occupé ce terrain pour y construire des
baraquements illégaux où s’affairaient autrefois les bétonnières. En effet, du
temps du dictateur Enver Hoxha, ce terrain s’apprêtaient à accueillir des
milliers de bunkers pour protéger l’Albanie d’une potentielle agression
capitaliste.

École
pilote

« La
particularité de notre école sont ses salles construites selon les normes
européennes. En outre, c’est une école pilote qui suit la nouvelle initiative
du ministère de l’éducation selon laquelle les élèves doivent faire leurs
devoirs à l’école, après avoir terminé leurs cours » et ne pas les ramener
chez eux, explique à EFE Gjergj Vangjeli, le directeur.
Les 380
élèves de l’école peuvent suivre, en plus des cours, des séances gratuites de
peinture, de littérature, de chant et de danse.
Ils
peuvent également jouer aux échecs, pratiquer différents sports dans le
gymnase, occuper la salle informatique, les laboratoires, utiliser les tableaux
blancs interactifs, le tout dans un environnement chauffé par de l’électricité
produite à partir de panneaux solaires.
« Pour
notre part, nous sommes déjà entrés dans l’UE », déclare le directeur en
faisant visiter l’école à une délégation du Parlement européen qui s’est rendue
en Albanie les 12 et 13 février, représentée par l’eurodéputé Eduard Kukan du
Parti populaire européen.
L’UE est
le principal bailleur de fonds de l’Albanie, où elle a prévu d’investir 1,24
milliard d’euros entre 2007 et 2020 dans des projets visant à renforcer la
démocratie, l’État de droit, la justice, la réforme de l’administration
publique, l’environnement et d’autres.
Candidate
à l’adhésion à l’UE depuis 2014, l’Albanie s’efforce de remplir les conditions
requises pour ouvrir les négociations d’adhésion avec Bruxelles cette année.
Une
délégation du Parlement européen s’est rendue en Albanie afin d’analyser les
progrès réalisés par le pays pour son adhésion à l’Union européenne. Un article
d’EuroEfe
Cinq
drapeaux
Eduard
Kukan est surpris que les enfants de l’école « Ardian Klosi »
communiquent avec lui en anglais, une des trois langues qu’ils apprennent en
plus de l’allemand et de l’italien. Les drapeaux de ces trois pays européens
flottent aux côtés du drapeau albanais et du drapeau européen à l’entrée de
l’école.
« Tous
les pédagogues et enseignants que j’ai rencontrés semblent compétents et
qualifiés […], j’aimerais être élève dans cette école », a commenté Eduard
Kukan avec le sourire.
En face à
l’école, le centre social fait ses premiers pas et espère à l’avenir consolider
ses services en faveur de la communauté défavorisée du quartier, où un bon
nombre d’habitants appartient aux minorités ethniques rom et égyptienne.
Actuellement,
30 enfants et une vingtaine de personnes âgées sont accueillis au centre. Ils y
reçoivent de la nourriture mais aussi des colis de vêtements et de chaussures
et peuvent assister à des ateliers sur les compétences sociales, la couture, le
crochet ou le tricot.
« Ici,
les enfants viennent passer leur temps libre avec différentes activités que
nous organisons, ils font leurs devoirs, nous leur organisons des jeux
psychosociaux pour ne pas qu’ils restent dans la rue », explique Arjola
Pciri, une employée du centre.
L’éducation
revêt une importance vitale dans un pays où un million des 2,8 millions
d’habitants ont moins de 19 ans et sont donc en âge d’aller à l’école.
Malgré
les progrès économiques du pays, de nombreux enfants albanais vivent dans la
pauvreté et subissent de mauvais traitements : comparé à la moyenne
nationale de 14,3 % de la population pauvre, le taux de pauvreté des enfants
s’élevait à 20,1 % en 2012, selon un rapport de l’Institut albanais des statistiques,
l’INSTAT et de la Banque mondiale.
Dialogue
politique
Eduard
Kukan faisait partie d’une délégation du Parlement européen qui a participé à
la douzième réunion de la commission parlementaire sur la stabilisation et
l’association (SAPC), dirigée par la députée européenne roumaine Monica
Macovei, du groupe des conservateurs et réformistes européens (CRE).
À la
suite des rencontres avec les autorités albanaises, les représentants de la
société civile et les partis politiques du pays, la SAPC a publié ses recommandations,
appelant notamment le gouvernement albanais à « prendre des mesures
efficaces pour lutter contre la violence domestique croissante et éradiquer
l’exclusion sociale, la discrimination et le discours de haine à l’égard des
roms et de la population égyptienne », des handicapés, des homosexuels et
d’autres groupes vulnérables.
Les
eurodéputés ont appelé à l’ouverture des négociations Albanie-UE, mais ont
appelé à des résultats concrets sur des questions clés telles que la réforme
judiciaire, ainsi qu’à un « dialogue politique véritable » et à une
« coopération durable entre les parties sur les réformes liées au
processus d’adhésion ».
« Il
y a des moments dans l’histoire des pays où les conflits politiques internes n’ont
pas de sens pour les gens et n’aident pas le pays », a déclaré Monica
Macovei lors de la réunion de la SAPC. « Ils doivent s’unir pour le bien
du pays et de l’adhésion à l’UE. »
Le 6
février, lorsqu’elle a annoncé sa stratégie d’élargissement vers les Balkans
occidentaux, la Commission européenne a invité l’Albanie à réformer son système
judiciaire, mais aussi l’administration publique, à lutter contre la
criminalité organisée et la corruption et pour le respect des droits de
l’homme. Ce sont les conditions pour entamer les négociations d’adhésion.
La
Commission a présenté sa stratégie pour l’intégration des Balkans occidentaux,
après une décennie d’attente. Et il est temps, l’enthousiasme des citoyens
s’érode.
Le
ministre albanais des Affaires étrangères, Ditmir Bushati, a demandé à la
Commission de « prévoir sérieusement le début des négociations
d’adhésion » avec l’Albanie dans son rapport d’avril et a assuré les
députés européens de la volonté de son gouvernement de faire avancer les
réformes nécessaires, en particulier les réformes judiciaires.