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Trudeau veut le respect des droits des Autochtones sans recours aux tribunaux

Mylène Crête 14/02/2018
Le premier ministre Justin Trudeau proposera mercredi une nouvelle approche légale pour garantir le respect des droits des Autochtones inscrits dans la Constitution canadienne.

Il doit livrer un discours à la Chambre des communes à ce sujet en après-midi.
“On reconnaît qu’il y a 35 ans, on a eu une Constitution qui a mis les droits des Autochtones au centre de ce qu’on fait ici au pays, mais on n’a pas toujours fait une très bonne job pour la reconnaissance de ces droits”, a révélé M. Trudeau avant la rencontre hebdomadaire du caucus libéral.
Les Premières Nations doivent fréquemment avoir recours aux tribunaux pour faire respecter leurs droits ancestraux et les traités qu’elles ont signés.
Le gouvernement veut que ces droits soient respectés d’emblée par ses ministères, comme le préconise la section 35 de la Loi constitutionnelle, au lieu qu’ils soient contraints de le faire après de longs recours judiciaires.
Le premier ministre n’a pas encore indiqué comment cette nouvelle politique pourrait affecter la gestion des réserves, l’autonomie gouvernementale des Autochtones et les projets énergétiques auxquels certaines communautés s’opposent comme l’oléoduc Trans Mountain en Colombie-Britannique.
La ministre des Services aux Autochtones, Jane Philpott, a promis du concret à sa sortie de caucus. “Absolument, ça va changer (quelque chose), a-t-elle dit. C’est beaucoup plus qu’un symbole.”
Le député néo-démocrate Roméo Saganash, qui a déposé un projet de loi pour qu’Ottawa respecte la Déclaration des droits des peuples autochtones des Nations unies, espère que les paroles du premier ministre seront accompagnées de gestes concrets pour réellement améliorer le sort des Autochtones.
“J’ai lu son discours hier qui était sous embargo, bien sûr, et je n’aurais pas dû. Je n’ai pas dormi”, a-t-il lâché à son entrée dans la Chambre des communes.
“Depuis deux ans, ils nous ont habitués à ces belles paroles et, cette fois-ci, il faut faire attention parce qu’on est dans un climat qui est très tendu. On sent la tension à travers le pays avec les Premières Nations et on devra s’assurer que cette fois-ci, c’est la bonne.”
L’acquittement de l’agriculteur saskatchewanais blanc Gerard Stanley vendredi dans la mort par balle de Colten Boushie, un Autochtone de 22 ans, a soulevé l’indignation. Sa famille était de passage à Ottawa cette semaine pour rencontrer le premier ministre Justin Trudeau.
Celui-ci a affirmé lors de la période des questions mercredi qu’il allait “réparer le système judiciaire et le système policier pour que tout le monde soit traité équitablement”.
L’annonce de la nouvelle approche du gouvernement en matière de relation avec les Premières Nations fera suite au projet de loi déposé la semaine dernière par la ministre de l’Environnement, Catherine McKenna, qui stipule que les communautés autochtones devront être consultées dès l’étape de la planification de ces projets.
Le discours du premier ministre fera mention de la Loi sur les Indiens, que M. Trudeau a déjà qualifiée de “loi coloniale” et “paternaliste” lors du remaniement ministériel en août. Il avait alors créé deux nouveaux ministères pour les Autochtones, soit celui des Relations Couronne-Autochtones et celui des Services aux Autochtones.
Il n’ouvrira pas la porte d’une éventuelle réforme constitutionnelle qui demeurera bien verrouillée.
Les libéraux avaient promis en campagne électorale de renouveler la relation de nation à nation avec les peuples autochtones.