General

Violences sexuelles au sein des Jeunesses communistes : la parole se libère

Sylvia Zappi 06.01.2018
C’était un soir de congrès, en juin 2016, après une fête entre militants.

Une centaine d’adhérents du Parti communiste français (PCF) boivent un verre et discutent motions et situation politique aux Docks d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), où la direction a invité les congressistes.


Aude [tous les prénoms ont été changés à la demande des intéressés] et deux de ses amis, tous trois militants du Mouvement jeunes communistes de France (MJCF, aussi écrit JC), font la connaissance de T. autour d’une bière.

L’ambiance de la soirée n’est pas folichonne mais le groupe s’amuse bien avec ce jeune responsable de section de Limoges.

Il est sympa, drôle, attentif à ces tout jeunes camarades.

Les verres s’enchaînent et la soirée est bientôt trop avancée pour rentrer chez soi. C’est naturellement qu’ils acceptent de se faire héberger dans la chambre payée au jeune cadre par le parti.


La suite, selon le récit de la jeune femme, se déroule à l’hôtel Ibis-Budget, une bâtisse blanc et bleu aux dizaines de chambres bon marché non loin du stade. Tandis que les deux plus jeunes garçons s’endorment, l’un dans la salle de bains, l’autre sur la moquette, T. continue sa discussion avec Aude : du haut de ses 25 ans, il impressionne la militante de 19 ans.

Au milieu de la nuit, ils se couchent sagement. Aucune équivoque jusqu’alors. Jusqu’à ce que le jeune homme commence son sordide manège.

Embrassée soudainement, Aude raconte qu’elle dit clairement qu’elle ne veut pas. « Il a continué, il glissait ses mains sous mon pull, me caressant. Je l’ai repoussé. Il a stoppé puis recommencé. » L’étudiante, toute menue, est tétanisée ; elle n’a eu que très peu de relations amoureuses. « J’ai essayé d’appeler mes copains couchés par terre mais ils étaient souls », relate la jeune femme.