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Pour une réelle égalité hommes-femmes, rendons le congé paternité obligatoire

Martine Filleul 28/01/2018
Malgré plusieurs avancées, notamment législatives, pour enrayer ce phénomène, les inégalités de salaire entre les femmes et les hommes, à poste égal, persistent en France en 2018.

L’une des raisons de cet écart tient dans le fait que les femmes, qui s’occupent davantage des enfants que les hommes, sont vues comme moins fiables et moins investies dans leur travail à cause de ces contraintes familiales. Elles sont notamment seules considérées par les employeurs comme portant un “risque”: celui du congé de maternité obligatoire de 16 semaines.
Le congé de paternité existe pourtant, lui aussi. Instauré sous le gouvernement de Lionel Jospin par Ségolène Royal en 2002, il vient compléter le congé de naissance obligatoire de 3 jours avec 11 jours consécutifs (c’est-à-dire week-end compris) pour une naissance simple et 18 jours pour une naissance multiple.
Néanmoins optionnel, il n’est pris que par environ sept pères sur dix et demeure court.
En février 2017, la Gauche s’est une nouvelle fois saisie de cet enjeu et a voulu aller plus loin dans ce progrès social en votant en première lecture à l’Assemblée nationale un allongement à 14 jours. Cependant, les élections ont interrompu le processus législatif.
Plusieurs personnalités masculines, allant du monde scientifique au milieu artistique, ont récemment lancé une pétition demandant d’allonger, voire de rendre obligatoire, le congé de paternité. Je ne peux que saluer et encourager cette initiative.
En effet, cela permettra de lutter plus efficacement contre les inégalités professionnelles femmes-hommes en supprimant notamment le sentiment de culpabilité qu’éprouvent certains salariés masculins envers leur employeur qui ne voient pas toujours cette décision d’un très bon œil.
Rendre le congé de paternité obligatoire et plus long favorisera aussi l’égalité sociale avec un meilleur partage des tâches parentales aujourd’hui très déséquilibré: 64% du travail domestique est géré par les femmes. Si les pères sont responsabilisés dès la naissance, les choses pourront évoluer pour les familles d’aujourd’hui mais aussi pour celles à venir car les enfants reproduisent – si ce n’est accentuent – le système dans lequel ils grandissent.
Enfin, ce droit nouveau pourra revaloriser la place du père qui, si, il est vrai, ne connaît pas de conséquences physiques ou médicales à la naissance d’un enfant, a un rôle tout aussi important pendant cette période d’accompagnement et de soutien auprès de la mère. Ce dernier aura également un temps plus long qui lui permettra de développer sa paternité, de prendre toute sa part dans l’accueil de l’enfant et de construire un lien avec lui.
Sous la pression des citoyens, le gouvernement a commandé à l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) un rapport sur le congé paternité qui devra notamment étudier les possibilités d’allonger ce dernier, de mieux le rémunérer (puisqu’il est aujourd’hui indemnisé en fonction du salaire) et de le rendre obligatoire.
L’IGAS devra notamment évaluer le coût de cette mesure.
Si, en ces temps de contrainte budgétaire, la question du financement est importante, je tiens à souligner que l’on ne peut se réduire à une vision comptable si nous voulons que la société de demain soit plus juste et plus égalitaire qu’aujourd’hui et nous devons continuer à faire progresser les droits sociaux.